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Sida

Les femmes, cibles vulnérables

60% des adultes touchés par le VIH-sida en Afrique sont des femmes. 

		(Photo : Sidaction)
60% des adultes touchés par le VIH-sida en Afrique sont des femmes.
(Photo : Sidaction)
Les femmes sont la catégorie la plus vulnérable et la plus touchée par le VIH-Sida. A l’occasion de la journée mondiale contre le Sida, le 1er décembre, le rapport annuel du programme commun des Nations unies sur le VIH-Sida (Onusida) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) fait « le point sur l’épidémie de SIDA ». Evolution de la maladie, étude par régions du monde touchées, populations concernées, accès aux soins sont autant de thèmes abordés qui révèlent que les femmes sont particulièrement fragiles face au virus.
Les femmes et le Sida

Les organisations internationales qui surveillent l’évolution de la maladie sont toutes arrivées à une conclusion : celle de l’augmentation dans toutes les régions du monde du nombre de femmes infectées par le virus. Cette évolution est plus sensible en Asie de l’Est et Centrale et en Europe Orientale. En Asie de l’Est, au cours de ces deux dernières années, les femmes ont représenté 56% du total de la population infectée, contre 48% en Asie centrale et en Europe orientale. Par ailleurs, en Afrique, 76% de la tranche d’âge 14-25 ans des personnes infectées sont des jeunes filles. Par ailleurs, 60% des adultes touchés par le VIH-Sida en Afrique sont des femmes.

Quelques constats, sur les plans physiques et sociologiques, expliquent la persistance de cette évolution. « Les femmes sont, sur le plan physique, plus sensibles à l’infection par le VIH que les hommes et la transmission d’un homme à une femme pendant les rapports sexuels a deux fois plus de risque de se produire que la transmission d’une femme à un homme », remarquent les experts de l’Onusida et de l’OMS. Abstinence, fidélité, réduction du nombre des partenaires sexuels, utilisation des préservatifs : les messages de l’ABC de la prévention ont peu d’impact. Selon les organisations internationales, l’inégalité des sexes et la place réservée à la femme dans la société sont un facteur aggravant du phénomène. Aussi ont-elles décidé de participer davantage aux différents programmes d’éducation de base des jeunes filles. Le positionnement de la femme dans la société, le droit à disposer d’elle-même, le droit à la succession, la lutte contre la violence faite aux femmes deviennent aussi des axes de travail pour protéger les femmes contre la pandémie.

Prévention et accès aux soins

Le déséquilibre entre les priorités des dépenses de prévention et l’évolution de l’épidémie est manifeste et constitue le point de départ des réflexions de l’Onusida et de l’OMS qui notent que cette tendance entretient une certaine exclusion des groupes dits marginaux, tels que les homosexuels et consommateurs de drogues injectables. Par ailleurs dans les pays du tiers monde, à faibles revenus, une personne sur cinq a accès aux services de préventions du VIH.

En revanche, une nette évolution est notée dans l’accès aux traitements antirétroviraux dans les mêmes régions. De 2002 à 2004, le nombre de personnes bénéficiant de ces soins a été multiplié par deux pour atteindre 400 000 personnes. Mais, environ six millions de personnes ont en réalité besoin de ces traitements. L’Afrique sub-saharienne est la zone dans laquelle ces besoins sont les plus forts. Dans ce rapport, il est également question des choix politiques et des priorités dans les différents pays. Selon un expert de l’Onusida, le Kenya, par exemple, consacre à peine 50 centimes d’euros par habitant dans l’investissement dans les programmes de santé, « alors qu’au même moment ce sont 12 euros par habitant qui sont consacrés au remboursement de la dette extérieure de ce pays ».

Malgré ces chiffres alarmants, les organisations internationales relèvent que les dépenses mondiales consacrées au Sida sont passées de 2,1 milliards de dollars en 2001 à plus de 6 milliards de dollars en 2004.

Les jeunes sont la cible privilégiée et la fréquentation des centres de conseil et les demandes de tests volontaires sont en nette progression dans tous les pays. Un autre signe encourageant est l’intérêt croissant des femmes qui y trouvent des conseils sur la transmission mère-enfant. Selon Michel Sidibé de l’Onusida, un autre problème contrarie les programmes de prévention et d’accès au soin : « au Malawi, on répertorie 1 médecin pour 65 000 personnes et 1 infirmière pour plus de 3 500 personnes. (…) La fuite des cerveaux handicape aussi les programmes de lutte contre le SIDA », déplore Michel Sidibé. En janvier 2005, l’OMS publiera un nouveau rapport « 3 millions d’ici 2005 » qui présente un programme dont les intentions sont d’atteindre trois millions de personnes sous traitement d’ici à fin 2005, un prélude à un accès universel aux traitements.

Le Sida dans le monde

Le rapport de l’Onusida et de l’OMS souligne la diversité de l’épidémie selon les parties du monde. Sur le continent africain plusieurs sortes d’épidémies sont identifiées. L’Afrique australe reste la région la plus touchée avec un taux de prévalence de 25%. En Afrique orientale où des progrès sont notés en faveur de l’accès au soin, « on n’arrive cependant pas à inverser la tendance », souligne Michel Sidibé. C’est le cas de l’Ouganda, du Kenya ou de l’Ethiopie. Dans les Caraïbes, le Sida est devenu la principale cause de décès parmi les adultes. Les Caraïbes sont également la deuxième zone la plus touchée au monde, derrière l’Afrique.

En Amérique du Nord et en Europe, le rapport note une croissance du nombre de personnes infectées « par des rapports hétérosexuels non protégés ». Aux Etats-Unis, les populations hispaniques et afro-américaines sont les plus touchées et le VIH-Sida constitue une des principales causes de mortalité parmi les femmes de ces communautés. Le comportement à risques des partenaires masculins serait un important facteur de contamination.

En Europe occidentale, les rapports hétérosexuels entraînant une infection au VIH ont multiplié par deux le nombre de personnes infectées entre 1997 et 2002. Selon le rapport « le point de l’épidémie de SIDA en 2004 » les zones de fortes augmentations des infections sont les pays de l’Asie centrale et de l’est et ceux de l’Europe de l’Est. La Chine, l’Indonésie et le Vietnam ont enregistré une augmentation de 50% des infections au VIH entre 2002 et 2004. En Europe de l’Est ce sont l’Ukraine et la fédération de Russie qui ont connu les plus forts taux d’infection, soit 40% pendant la même période.

Tous ces chiffres montrent bien, selon les experts de l’Onusida et de l’OMS, un échec des politiques conduites depuis quelques années. Ils confessent la négligence de la prise en compte des contraintes sociales et culturelles différentes selon les régions et les pays du monde. Une réorientation des politiques « implique une obligation de résultat pour chaque initiative éprouvée », précise Michel Sidibé qui souligne également la volonté des organisations internationales compétentes et des bailleurs de fonds « de réaliser une harmonisation des initiatives : un seul cadre stratégique, un seul système de suivi et une coordination nationale unique pour qu’on ne tombe plus dans les aberrations du genre, 10 000 rapports ces dernières années sur l’évolution de VIH-Sida en Tanzanie ».



par Didier  Samson

Article publié le 30/11/2004 Dernière mise à jour le 30/11/2004 à 14:02 TU