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Trafic d’armes

Le dispositif de Jacques Monsieur

Selon Jacques Monsieur, la plupart du temps les armes étaient fournies à des pays qui n’étaient pas en guerre. 

		(Photo : AFP)
Selon Jacques Monsieur, la plupart du temps les armes étaient fournies à des pays qui n’étaient pas en guerre.
(Photo : AFP)
Gros plan sur l’organisation mise en place par le trafiquant d’armes Jacques Monsieur.
Ses marchés

C’est une lapalissade : ils évoluent au rythme de la tectonique géopolitique. Dans les années 80, Jacques Monsieur affirme avoir effectué de nombreux voyages dans les pays de l’Est. Puis, en 1985, au cœur de l’Irangate, il se consacre à l’Iran, dont il assurera l’approvisionnement en pièces détachées durant plus d’une décennie, tout en écoulant des stocks iraniens de munitions et d’armes (artillerie et armes légères) au profit de différents clients en guerre (Equateur, Bosnie, Congo-Brazzaville).

Au moment du conflit en ex-Yougoslavie, de 1992 à 1995, il est à nouveau celui qui met en oeuvre le double jeu de la politique des alliés occidentaux, en équipant des belligérants normalement soumis à un embargo de l’ONU. Après sa mise en examen, en 1998, il semble ne plus avoir de véritables orientations de travail. Il tente de se reconvertir dans d’autres secteurs (téléphonie mobile) et vers d’autres clients prêts à débourser le prix fort pour ses services (Côte d’Ivoire).

Son équipe

Andreï Izdebtsky : gérant de la firme slovaque Joy Slovakia, apparaît comme l’un des principaux associés de Jacques Monsieur pour les pays de l’Est.

Jean-Bernard Lasnaud : correspondant de Jacques Monsieur installé près de Miami en Floride. Ce Français, très connu sur le marché de l’armement, semble bénéficier d’une protection directe de la CIA.

Jean-Claude Uthurry-Borde : le vrai bras droit de Jacques Monsieur, présent dans la plupart des opérations du marchand d’armes.

Pierre Ferrario : ex-gérant d’une armurerie à Paris, se dit très proche de la DST, la Direction de la surveillance du territoire. Il travaille ponctuellement avec Jacques Monsieur.

James Marty Cappiau : ancien parachutiste belge, reconverti dans la sécurité privée, après avoir servi dans les rangs de l’armée croate. Engagé comme mercenaire par le Congolais Lissouba, il supervise les livraisons d’armes de Jacques Monsieur. Il a été tué dans un règlement de compte entre mafieux à Zagreb.

Claudine Fraiture : ingénieur en aéronautique, gérante de la North Atlantic Consultant, cabinet de lobbying installé à Bruxelles puis près de Tours, cette société s’occupait de la comptabilité des activités de Jacques Monsieur.

Patrice Bourges : fils d’Yvon Bourges, ancien ministre de la Défense (1975-1980), cet ingénieur a beaucoup voyagé pour le compte de Jacques Monsieur qui cherchait à se prévaloir d’appuis politiques en France.

Ses circuits

Comme tous les intermédiaires évoluant sur le marché gris des armes, Jacques Monsieur a d’abord un très bon carnet d’adresses dans le monde entier. En particulier des correspondants dans la plupart des sociétés publiques ou semi-publiques qui gèrent les approvisionnements de l’Etat, comme la Kintex bulgare ou la Norinco chinoise.

Lorsqu’il le faut, il s’adresse directement aux acheteurs des MOD (Minister of Defense), comme en Iran ou dans les divers pays africains avec lesquels il commerce.

En cas de nécessité, il est capable de trouver des vrais-faux EUC (End-User Certificate ou Certificat de destination finale), autrement dit un Etat qui accepte de produire un certificat justifiant l’autorisation d’exportation, comme le prévoient les règlements internationaux. Un faux EUC coûte environ 5% du marché.

Enfin, il dispose d’un réseau de comptes bancaires dans le monde entier, les principaux étant situé au Luxembourg (Banque Handlowy International de Luxembourg) et en Suisse (BNP Genève). Il s’agit de comptes dont l’identifiant est souvent une société-écran située dans un paradis fiscal (île Maurice ou Panama). La plupart des transactions sont effectuées par lettre de crédit, garantissant ainsi au vendeur le paiement du matériel livré.

par David  Servenay

Article publié le 06/12/2004 Dernière mise à jour le 31/03/2009 à 10:37 TU