Turquie-Union européenne
Chronologie d'une si longue attente
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12 septembre 1963
Accord d’association entre la Turquie et la Communauté économique européenne. Dans le préambule de cet accord, il est indiqué que « l’appui apporté par la Communauté économique européenne aux efforts du peuple turc pour améliorer son niveau de vie facilitera ultérieurement l’adhésion de la Turquie à la Communauté ».
Cet accord d’association prévoit déjà un renforcement des relations économiques et commerciales entre les deux partenaires, avec pour objectif d’instaurer une union douanière.
1974
A la suite du coup d’Etat des colonels en Grèce, le gouvernement Makarios est renversé à Chypre par des Chypriote grecs qui veulent le rattachement de l’île à la Grèce. Intervention militaire de la Turquie et partition de l’île.
1980-1981
L’accord d’association Turquie-CEE est gelé à la suite du coup d’Etat militaire du général Kenan Evren de 1980. Le parlement est dissous, la Constitution de 1961 est abolie.
1982
Approbation par référendum d’une nouvelle Constitution. Election du général Evren à la présidence de la République. Interdiction provisoire de toute activité politique pour les anciens dirigeants des partis politiques. La Communauté européenne suspend ses relations avec Ankara.
1983
De nouveaux partis politiques sont autorisés, des élections législatives suivent, remportées par Turgut Özal et son parti libéral, l’ANAP, ou le Parti de la Mère Patrie. Turgut Özal devient Premier ministre.
Proclamation de la République Turque de Chypre du Nord (RTCN), immédiatement reconnue par Ankara.
1984
Levée partielle de l’état de siège. Le Parti des Travailleurs du Kurdistan radicalise ses actions de guérilla et de terrorisme.
1986
Elections remportées par l’ANAP au pouvoir. Retour sur la scène politique de Süleyman Demirel à la tête du Parti de la Juste Voie.
Avril 1987
La Turquie pose officiellement sa candidature d’adhésion à la CEE. La même année, élections législatives anticipées et victoire des libéraux de l’ANAP, le Parti de la Mère Patrie dirigé par Turgut Özal.
1988
Visite de Turgut Özal en Grèce, attentat contre lui en Turquie.
120 000 Kurdes d’Irak se réfugient en Turquie pour échapper au bombardement chimique sur le Kurdistan irakien, décidé par Saddam Hussein.
Décembre 1989
La Commission européenne rejette la candidature de la Turquie. Bruxelles considère que cette candidature pose des problèmes économiques et politiques mais propose une réalisation rapide de l’Union douanière.
Plusieurs élections, Turgut Özal devient Président de la République.
1991
La Turquie refuse de participer à la coalition qui mène la guerre du Golfe mais donne l’autorisation d’utiliser ses bases aériennes.
Radicalisation de la guérilla du PKK.
Afflux de centaines de milliers de réfugiés Kurdes d’Irak.
1992
Déclaration d’Istanbul instituant la Coopération Economique Régionale de la Mer Noire qui réunit les pays riverains de cette mer.
Inauguration du barrage Atatürk sur l’Euphrate dans sud-est anatolien pour développer cette région kurde mais aussi, en contrôlant l’eau, mettre fin au soutien de la Syrie au PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan.
1993
Mort du Président de la République en exercice Turgut Özal.
La Turquie obtient de la France et de l’Allemagne l’interdiction des activités du PKK.
1994
Un contingent de l’armée turque participe aux activités de la FORPRONU en Bosnie-Herzégovine.
Crise monétaire, élections municipales. Le parti de la Prospérité (pro-religieux) de Necmettin Erbakan l’emporte dans six grandes villes dont Istanbul et Ankara et dans 22 villes moyennes. Inquiétude dans les capitales européennes.
1995
Dans la perspective de la réalisation de l’Union douanière, la Constitution de 1982 est assouplie. Le Parlement européen a souhaité que la Turquie soit plus démocratique.
Le 6 mars, signature de l’accord d’Union douanière. Il entre en vigueur le 1er janvier 1996.
Cet accord prévoit la libre circulation des marchandises et une politique de préférences tarifaires. De nouvelles dispositions douanières et réglementaires entrent en vigueur.
Une opération militaire contre les camps du PKK en Irak suscite la protestation des capitales occidentales.
Retrait du contingent turc de l’opération « Restore Hope » en Somalie.
La coalition au pouvoir éclate, et au cours de l’élection législative, le Parti de la Prospérité de Necmettin Erbakan confirme sa progression.
Bill Clinton est favorable à la construction d’un double oléoduc traversant la Russie et la Turquie pour acheminer les hydrocarbures en provenance des ex-républiques soviétiques turcophones.
1996
Paralysie gouvernementale. Le vide politique profite à la coalition PJV-PP (Parti de la juste voie et Parti populiste). Erbakan devient Premier ministre. Demi-succès dans la tentative de rapprochement avec les pays arabo-musulmans.
Coopération militaire avec l’Etat d’Israël.
Le PKK a recours à des attentats-suicides.
1997
A Luxembourg, les quinze chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Européenne confirment leur décision d’ouvrir l’Union à plusieurs pays d’Europe de l’Est, à Chypre et à Malte. La Turquie est officiellement écartée. Elle est invitée sous certaines conditions à participer à une conférence européenne.
Décembre 1999
A l’occasion du Conseil européen d’Helsinki, la Turquie obtient le statut de candidat « qui a vocation à rejoindre l’Union sur la base des mêmes critères que ceux qui s’appliquent aux autres candidats ».
Novembre 2002
Elections législatives anticipées. Le parti de la Justice et du Développement (AKP), issu de mouvances islamiques mais se présentant comme un parti conservateur, obtient la majorité absolue au Parlement. Recep Tayyp Erdogan devient Premier ministre (mars 2003)
Décembre 2002
Le Conseil européen de Copenhague fixe une clause de rendez-vous : « si en décembre 2004, le Conseil européen décide, sur la base d’un rapport et d’une recommandation de la Commission, que la Turquie satisfait aux critères politiques de Copenhague,l’Union européenne ouvrira sans délai des négociations d’adhésion ».
Juin 2003
Avec un statut d’observateur, la Turquie assiste à la Convention sur l’avenir de l’Europe et à la conférence intergouvernementale sur les Institutions.
Le 12 décembre, le Conseil européen souligne que si les progrès accomplis «ont rapproché la Turquie de l’Union, de nouveaux efforts soutenus doivent cependant être consentis» par les autorités turques, notamment pour respecter les critères politiques de Copenhague.
Encadré les critères de Copenhague
Tout pays de l’Europe peut adhérer à l’Union européenne, s’il remplit les critères suivants :
- des institutions stables garantissant la démocratie, la primauté du droit, le respect des minorités et leur protection,
- une économie de marché viable et capable de faire face à la pression concurrentielle à l’intérieur de l’Union européenne,
- des institutions susceptibles d’assumer les obligations de l’adhésion à l’Union, et notamment de souscrire aux objectifs de l’Union politique, économique et monétaire.
12 décembre 2004
La Commission dit oui à l’ouverture des négociations sur l’adhésion de la Turquie. En rendant son rapport sur la situation turque, la Commission européenne a apporté une «réponse positive » sur le respect des critères de Copenhague et une recommandation positive sur l’ouverture des négociations avec la Turquie.
17 décembre 2004
Le Conseil européen doit se prononcer sur l’opportunité d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la Turquie, prenant en considération l’avis positif de la Commission. Les chefs d’Etat et de gouvernement donnent un avis à l’unanimité.
par Colette Thomas
Article publié le 14/12/2004 Dernière mise à jour le 14/12/2004 à 17:39 TU