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Gambie

Aucune piste après l’assassinat du journaliste Deida Hydara

Deida Hydara a été assassiné par balles dans la nuit du 16 au 17 décembre. 

		(Photo : AFP)
Deida Hydara a été assassiné par balles dans la nuit du 16 au 17 décembre.
(Photo : AFP)
La presse privée était absente des kiosques lundi, après l’appel lancé par le syndicat des journalistes gambiens. Les confrères des Deida Hydara entendent ainsi protester contre son assassinat par balles, dans la nuit du 16 au 17 décembre, alors qu’il raccompagnait des collaboratrices qui ont été blessées pendant l’attaque.

De notre envoyé spécial à Banjul.

A 58 ans, Deida Hydara était une figure du journalisme gambien. Correspondant en Gambie de l’agence France-presse et de l’organisation Reporters sans frontières, il était l’un des pionniers de la presse indépendante gambienne. En 1991, avec son ami d’enfance Pape Saine, il avait fondé The Point qui allait devenir le premier véritable journal privé. Jusque-là, en effet, les seules publications indépendantes étaient des feuilles de choux dactylographiée.

L’autre innovation de ce journal c’est que dans ce pays Anglophone Heida Hydara, qui était parfaitement francophone, avait introduit des pages en français à l’attention, notamment des nombreux sénégalais vivant en Gambie.

Au fil des années, Deida était devenu une sorte de référence a la fois pour son sérieux et pour sa modération. Mais tous les journalistes que nous avons rencontré, y compris ses concurrents, sont également unanimes sur la gentillesse et la confraternité d’Heida Hydara.

Aucune piste en perspective

Les enquêteurs ne disposent d’aucune piste pour l’instant. Juste après le meurtre, les tueurs se sont enfuis sans que personne ne puisse relever une quelconque immatriculation.

Maintenant, tout le monde s’interroge sur le mobile de ce meurtre. Il est vrai que Deida Hydara avait vivement critiqué une loi, votée la semaine dernière au parlement, qui restreint sévèrement la liberté de la presse notamment en transformant les amendes pour délit de presse en peines de prison et obligeant les journaux a déposer une caution faramineuse pour être autorisés à paraître. Mais il n’était ni le seul à critiquer cette loi, ni forcément le plus virulent.

Le contexte est assez paradoxal en Gambie. Il existe de nombreuses radios et journaux privés dans le pays. Mais dans le même temps une très forte pression s’exerce contre la presse. En avril dernier, par exemple, l’imprimerie du journal The Independent a été tout simplement brûlée. Et au mois d’août la maison du correspondant de la BBC a été incendiée. Par ailleurs un journaliste avait été tué en  2000 au cours d’une manifestation, mais par une balle perdue alors que cette fois-ci Deida Hydara a été assassiné. Personne en tout cas ne s’attendait à ce qu’on aille jusqu’à tuer un homme de presse.

La collaboration sénégalaise sollicitée

Du côté des autorités, le chef de la police a promis de tout faire pour retrouver les coupables et les amener devant la justice. Il assure même que des contacts ont été pris avec les autorités sénégalaises au cas ou les auteurs de ce meurtre tenteraient ou auraient déjà traversé la frontière.

Pour le syndicat de la presse gambienne, il faut prendre les autorités au mot. Les précédents cas d’agression contre des journalistes n’ont jusqu’ici entraîné aucune arrestation.



par Christophe  Champin

Article publié le 20/12/2004 Dernière mise à jour le 20/12/2004 à 15:12 TU

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Envoyé spécial de RFI à Banjul en Gambie

«Deida Hydara était l’un des pionniers de la presse indépendante gambienne.»

[20/12/2004]