Otages français en Irak
Chesnot et Malbrunot sont libres
(Photo: AFP)
Christian Chesnot et Georges Malbrunot sont partis mercredi de Bagdad et feront une escale à Chypre avant de regagner Paris en fin de journée dans un avion spécial affrété par la France. Ils ont quitté la capitale irakienne à bord d'un C-130 Hercules de l'Armée de l'air française à destination de Chypre et poursuivront ensuite leur voyage vers Paris dans un avion Falcon 900 gouvernemental parti de France mercredi avec à son bord Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères. Ils sont attendus sur la base aérienne en fin d'après-midi, vers 18h00 heure de Paris (17h00 TU), où ils seront accueillis par le président Jacques Chirac.
Rentré du Maroc où il était en vacances, le président Jacques Chirac s’est exprimé dans une allocution télévisée au lendemain de la libération des deux otages français en Irak. «Leur libération, nous la devons à la mobilisation et à l'unité de tous les Français auxquels je veux rendre hommage», a déclaré mercredi le chef de l'Etat. «Nous la devons à la force avec laquelle la Nation s'est rassemblée, dans sa diversité, pour affirmer sa cohésion, sa solidarité et ses valeurs. Nous la devons à l'action responsable et tenace du gouvernement et de l'ensemble des services qui se sont mobilisés avec dévouement et efficacité», a-t-il ajouté.
«Rassemblée autour de ses valeurs et forte de son unité, la France continuera à opposer une détermination sans faille à toutes les formes de terrorisme. Partout, elle continuera à défendre les droits de l'homme, à soutenir la liberté des peuples, à oeuvrer inlassablement pour la paix, la démocratie et la solidarité», a ajouté Jacques Chirac. Il a remercié «toutes les autorités publiques, tous les responsables politiques, tous les responsables religieux qui, en France et dans le monde, dans un exceptionnel élan de solidarité, ont apporté leur coopération et leur soutien» pour obtenir la libération des deux journalistes français.
Joie et soulagement«C’est un magnifique cadeau de Noël», a déclaré Thierry Chesnot, le frère de Christian Chesnot. Une expression également reprise par la mère de Georges Malbrunot, Andrée Malbrunot, qui a expliqué qu’il s’agissait du «plus beau cadeau de Noël». Leur libération a été annoncée par la chaîne de télévision qatarienne Al-Jazira qui a reçu un communiqué du groupe de l'Armée islamique en Irak dans lequel il déclarait avoir remis les otages français à l’ambassade de France à Bagdad, en expliquant «qu’il était prouvé qu’ils n’étaient pas des espions à la solde des forces américaines».
Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a réagi à leur libération en saluant «l’ensemble de notre diplomatie sous l’autorité de Michel Barnier (ministre des Affaires étrangères)». Secrétaire général de Reporters sans frontières, Robert Ménard a qualifié cette nouvelle de «fantastique». «On est fou de joie. On était tellement triste de penser qu’ils pouvaient passer Noël dans ces conditions. (…) On était défait. On pensait que rien n’avançait. C’est le plus beau cadeau de Noël qu’on puisse avoir», a-t-il ajouté.
Les médias pour lesquels travaillent les deux journalistes français ont immédiatement exprimé leur joie et leur soulagement. «La libération des deux journalistes, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, apporte un immense soulagement à l’ensemble des collaborateurs de Radio France Internationale. Soulagement que nous partageons avec leurs familles comme nous avons partagé leur angoisse durant quatre longs mois», a déclaré mardi dans un communiqué Antoine Schwarz, président de Radio France Internationale (RFI). «Nous adressons nos remerciements et nous assurons de notre gratitude tous ceux qui se sont mobilisés pour aider à cette libération : les autorités politiques, religieuses, diplomatiques, les responsables d’associations et aussi tous nos concitoyens qui ont exprimé massivement leur solidarité et rappelé ainsi leur attachement à nos valeurs de liberté», ajoute M. Schwarz dans ce communiqué.
«On nous avait laissé entendre un certain nombre de choses», a déclaré Charles Lambroschini, directeur adjoint de la rédaction du quotidien Le Figaro avec lequel Georges Malbrunot collabore. «Mais il y a eu tellement d'espoirs déçus, on était tellement échaudés qu'on n’osait pas croire que cette fois l'optimisme avait des raisons réelles de se réaliser», a-t-il ajouté. Jérôme Godefroy, directeur adjoint de la rédaction de RTL, a également souligné «l'immense soulagement» de la radio privée. «Nous sommes très heureux pour Christian Chesnot et Georges Malbrunot et leurs proches», a-t-il dit. «Toute la rédaction de RTL a une pensée particulière pour Georges Malbrunot qui a été pendant de longues semaines la voix de RTL en Irak avant de se faire enlever». France Info, pour laquelle travaille Christian Chesnot, «imagine le bonheur (des deux otages) et celui de leurs familles et veut le partager», a indiqué la radio dans un communiqué.
Un «grand jour pour la communauté musulmane»Les deux journalistes français avaient été capturés le 20 août alors qu’ils se rendaient à Najaf. Ils avaient été enlevés en compagnie de leur chauffeur, le Syrien Mohammed al-Joundi. Ce dernier avait été retrouvé le 12 novembre à Falloujah, à l’ouest de Bagdad.
Leur enlèvement avait provoqué une importante mobilisation dans le monde arabe et en France où les manifestations de soutien se sont multipliées. La dernière en date, qui coïncidait avec la fin du quatrième mois de captivité, a eu lieu lundi à Paris à l’initiative de Reporters sans frontières, une organisation qui n’a eu de cesse de sensibiliser l’opinion publique sur le sort des trois otages. Elle a d’ailleurs prévu d’organiser une nouvelle manifestation mercredi à Paris en décrochant les portraits des deux journalistes installés sur la façade de l’Hôtel de Ville.
Vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Bechari avait fait partie d’une mission qui s’était rendue début septembre à Bagdad pour appeler à la libération des journalistes français. «C'est un grand jour pour les communautés musulmanes, nationales, et les familles. C'est un résultat collectif de la diplomatie française, du quai d'Orsay et de notre ambassade à Bagdad», a-t-il déclaré. De son côté, Dalil Boubakeur, recteur de la grande Mosquée de Paris et président du CFCM a fait part de son «émotion» et de son «bonheur» après la libération des deux otages. «Un seul mot me vient à l'esprit: Hamdullilah ! (Louange à Dieu)», a déclaré M. Boubakeur, qui a qualifié ces libérations d'«inattendues».
par Olivier Bras
Article publié le 21/12/2004 Dernière mise à jour le 22/12/2004 à 10:23 TU