Tsunami et séisme en Asie
Prévenir pour protéger
Panneau de prévention du National weather service, USA.
(Source : NSW)
C’est dans le golfe du Bengale, au large de l’île de Sumatra, que s’est produit dimanche l’un des tremblements de terre les plus dévastateurs du siècle, tremblement de terre qui a engendré ensuite plusieurs tsunamis. Contrairement à ce qui existe dans l’océan Pacifique, l’océan Indien n’est pas équipé d’un système d’alerte aux tsunamis. Depuis 40 ans, les Américains et les Japonais, fortement soumis au risque de tremblements de terre et de vagues géantes, ont financé un réseau qui effectue des mesures aussi bien sous-marines que sur la surface de la mer. Ces informations sont rassemblées dans un centre de recherches, à Hawaï, en plein océan Pacifique. Une fois compilées, analysées, les données sont transmises par satellite ou par d’autres moyens de télécommunications aux pays qui forment la bordure terrestre de l’océan Pacifique. Ces pays ayant au départ commencé par recueillir les premières informations dans leur zone.
Aujourd’hui, même la technologie la plus sophistiquée n’est pas capable de prévoir les séismes. En revanche, si ce Centre américain d’alerte des tsunamis (Pacific Tsunami Warning Center) mesure un tremblement de terre sous-marin avec une intensité dépassant la magnitude de 6,5 sur l’échelle de Richter, l’alerte au tsunami est donnée. Les géophysiciens savent que les fissures brutales de la croûte terrestre peuvent déplacer de gigantesques masses d’eau. Dans un mouvement à l’échelle de la taille de l’océan, ces masses d’eau finissent par s’échouer sur les littoraux. La vitesse à laquelle ces vagues déferlent dépend de la profondeur à laquelle s’est produit le tremblement de terre. En fonction de ces paramètres, les scientifiques calculent alors combien de temps les vagues géantes vont mettre pour s’échouer et quelle direction elles vont prendre. Les gouvernements concernés sont alors avertis, ils ont parfois quelques heures pour dire à la population de quitter le littoral, parfois un quart d’heure.
Les autorités n’auraient eu que quelques minutes
Dans le séisme sous-marin de dimanche, l’épicentre était à 250 kilomètres seulement des côtes de Sumatra, à 1 500 kilomètres des côtes du Sri Lanka et de l’Inde du Sud. A Sumatra, même à l’aide des équipements les plus perfectionnés, les autorités n’auraient eu que quelques minutes pour alerter la population du danger. En revanche pour les victimes en Inde et au Sri Lanka, les trois heures entre le moment où la terre a tremblé et l’arrivée de la première vague géante auraient certainement pu permettre de prévenir les gens nombreux sur les plages un dimanche, sans parler de toutes les activités liées à la mer (comme la pêche) dans des pays où une bonne partie de la population vit d’une économie de subsistance. Des personnes ont cependant témoigné avoir vu un retrait inhabituel de l’eau de mer sur la plage et ont compris qu’il allait se passer quelque chose.
Au Japon, radios et télévisions réagissent immédiatement
Habitué des cyclones, des tremblements de terre et des tsunamis, le Japon aurait sans doute mis à profit ce laps de temps de trois heures pour organiser l’évacuation de la population sur les côtes après le déclenchement de l’alerte par le centre de Hawaï. Dans ce pays très exposé aux catastrophes naturelles, traversé par des failles géologiques, situé sur la ceinture des volcans du Pacifique, la culture du risque est inculquée à la population. Pour entretenir cette culture, chaque année, le 1er septembre, le Japon célèbre la Journée de prévention des catastrophes. Cette journée permet à la population et aux sauveteurs de faire des exercices de simulation d’une catastrophe. En cas de tsunami, l’Agence météorologique nippone fait passer le message. Le pays est divisé en six centres régionaux de secours, et dans chaque centre, les municipalités, la police, les pompiers, les hôpitaux et même l’armée ont appris à travailler en cellule de crise de manière coordonnée. Toutes les communes sont équipées de sirènes et de hauts-parleurs. Et surtout, les radios et les télévisions réagissent immédiatement. Elles informent la population et lui donnent si nécessaire les consignes d’évacuation.
Financé par des pays industrialisés, le centre d’Hawaï n’a pas d’équivalent dans l’océan Indien et encore moins dans le golfe du Bengale. Comme dans cette zone les tsunamis sont beaucoup plus rares que dans le Pacifique, la mémoire ne joue pas son rôle protecteur. En plus, le niveau de vie des pays concernés n’est pas assez élevé pour que la culture du risque et la prévention soient entrées dans les mœurs.
par Colette Thomas
Article publié le 28/12/2004 Dernière mise à jour le 22/08/2008 à 11:15 TU