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Tsunami et séisme en Asie

Urgence: acheminer les secours aux rescapés

Au Sri Lanka, dans le village de Vinayaga Moothy Kanagarayjah, cette femme vient de recevoir son maigre repas.(Photo: AFP)
Au Sri Lanka, dans le village de Vinayaga Moothy Kanagarayjah, cette femme vient de recevoir son maigre repas.
(Photo: AFP)
La mobilisation internationale ne faiblit pas pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre et du raz-de-marée qui a frappé les pays asiatiques de l’océan Indien. Mais l’acheminement de l’aide jusqu’aux victimes reste difficile. Un véritable «embouteillage logistique», une coordination encore embryonnaire et un manque d’hélicoptères notamment retardent l’arrivée de l’aide humanitaire. La course contre la montre pour sauver les rescapés est engagée.

La Jeanne d'Arc quitte la rade de Brest pour l'Asie du Sud.
(Photo: Marine nationale)
Une semaine après le passage du tsunami, des rescapés n’ont pas encore pu bénéficier de la moindre aide. Combien sont-ils dans ce cas ? Impossible de le dire. Mais dans le nord de l’île de Sumatra en Indonésie les témoignages de pilotes d’hélicoptères américains qui survolent la région depuis samedi font état de groupes de personnes totalement démunies et survivant dans des zones toujours inaccessibles par voie terrestre.

L’ampleur de la catastrophe défie encore la mesure. Avec 12 pays durement frappés, des pertes humaines (près de 130 000 morts selon les derniers chiffres provisoires) et un niveau de destruction rarement vus, «c’est la plus grande catastrophe que nous ayons eu à gérer», assure le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine ABC.
Pour l’heure, la mobilisation internationale ne faiblit pas. Les promesses de dons faites par les Etats s’élèvent à 2 milliards de dollars ce dimanche après le déblocage par le Japon de 500 millions de dollars. Quand aux individus, ils se mobilisent à travers la planète et multiplient les dons en faveur des organisations non gouvernementales.

Tout fait obstacle à l’arrivée de l’aide

Conséquence de cette mobilisation sans précédent, c’est un véritable pont aérien qui se met en place en direction des pays de la zone. Mais même si certains aéroports locaux tournent au maximum de leur capacité et si les entrepôts commencent à afficher complet, des dizaines de milliers de rescapés manquent encore de tout: d’eau potable, de vivres et d’abri pour se protéger des pluies diluviennes qui s’abattent sur la région.

Le défi que doivent maintenant relever les responsables des secours sur place, c’est celui de l’acheminement de l’aide jusqu’aux rescapés. Mais tout fait obstacle: les voies de communications terrestres sont impraticables en beaucoup d’endroits, le carburant manque, les camions ne sont pas en nombre suffisant.

Quand les routes ne permettent pas d’accéder aux victimes, seule la voie des airs offre des solutions. Mais dans ce cas, ce sont les moyens aériens qui ne sont pas assez nombreux. En Indonésie, dans le nord de l’île de Sumatra, seuls les hélicoptères militaires américains envoyés sur zone permettent de ravitailler les rescapés de la partie ouest de la province d’Aceh (l’une des zones les plus dévastées par le séisme et le tsunami).

«L’aide des militaires étrangers vaut de l’or»

Il faut faire vite. Le temps presse une semaine après la catastrophe. Pour le coordonnateur de l’aide à l’ONU, Jan Egeland, des porte-hélicoptères sont nécessaires «parce qu’ils peuvent mouiller au large sans encombrer les aéroports». La France a d’ailleurs annoncé l’envoi sur zone du porte-hélicoptères Jeanne d’Arc. Mais pour être efficace rapidement les sauveteurs ont également besoin de techniciens du contrôle aérien, de barges de débarquement, d’unités autonomes de traitement de l’eau, de générateurs électriques, d’équipements de stockage, de fuel et d’avions de transport de toutes tailles. En résumé, selon Jan Egeland, «l’aide de l’armée et des services de sécurité civile venant de plusieurs pays a autant de valeur que de l’or aujourd’hui».

Pour assurer cette coordination le rôle de l’ONU ne semble plus contesté. Kofi Annan se dit confiant dans le fait que tous les pays «veulent accepter le leadership de l’ONU». Le secrétaire général de l’ONU s’est entretenu vendredi soir avec le chef de la diplomatie américaine Colin Powell et la tension entre Washington et les Nations unies semble avoir sérieusement baissé.

Reconstruction: «des milliards de dollars sur 5 à 10 ans»

Au delà de l’urgence, c’est à la réhabilitation et à la reconstruction qu’il faut déjà penser. La reconstruction va demander «des milliards de dollars et prendre de 5 à 10 ans», estime le secrétaire général de l’ONU. Les deux questions (urgence et reconstruction) seront abordées lors du sommet de l’Asean (Association des pays de l’Asie du Sud-Est) élargi à d’autres pays qui se tiendra jeudi à Djakarta en Indonésie. Kofi Annan fera le déplacement ainsi que le premier ministre chinois, le chef du gouvernement japonais, de représentants de l’Union européenne et du secrétaire d’Etat américain qui entame dès ce dimanche une tournée dans la zone dévastée en compagnie de Jeb Bush, gouverneur de Californie et frère du président américain.

Dans les heures qui viennent, les jours prochains tout au plus, c’est la survie des quelques 5 millions de rescapés de la catastrophe qui est en jeu. D’ores et déjà «de plus en plus d’informations font état d’épidémies de diarrhée touchant des camps de réfugiés au Sri Lanka et en Inde», indique David Nabarro de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Ce n’est qu’une fois que les problèmes de l’extrême urgence auront été réglés que se posera véritablement la question de la reconstruction qui fera l’objet d’une conférence internationale le 11 janvier à Genève.


par Philippe  Couve

Article publié le 02/01/2005 Dernière mise à jour le 02/01/2005 à 17:43 TU