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Tourisme

Le tourisme en Asie se déplace

Le premier groupe de tourisme européen recommencera en février prochain à emmener des touristes au Sri Lanka.(Photo : AFP)
Le premier groupe de tourisme européen recommencera en février prochain à emmener des touristes au Sri Lanka.
(Photo : AFP)
L’océan Indien panse ses plaies tandis que les touristes envisagent de partir en vacances dans d’autres régions du monde. Bangkok demande aux touristes de revenir tandis que le littoral le long du golfe de Thaïlande fait le plein.

Après le passage du tsunami, l’industrie thaïlandaise du tourisme va perdre environ 10 milliards de bath (200 millions d’euros) par mois. Les six provinces situées sur la mer d’Andaman et frappées par les raz-de-marée sont sinistrées. Elles ont besoin d’être reconstruites. Douze mille chambres d’hôtel ont été ravagées par le passage des vagues géantes. Le coût du désastre dans cette zone est estimé de 240 millions d’euros. En Asie du Sud-Est, le royaume de Thaïlande est la première destination touristique. Les rentrées économiques de ce secteur représentent 6% du Produit intérieur brut. A elle seule,  l’île de Phuket a attiré l’an dernier 2,75 millions de touristes. Les autorités ont lancé un appel aux visiteurs pour qu’ils reviennent.

Des étrangers dorment sur la plage

« Les gens sont à la recherche de nouvelles destinations. Beaucoup sont en Thaïlande actuellement mais ils ne veulent pas aller à Phuket, Krabi ou Phang Nga », a déclaré Chidchai Sakornbodee, numéro un de l’Association des agents de voyage thaïlandais. Conséquence immédiate du tsunami : les touristes viennent sur la côte sud-est du pays. Sur l’île de Koh Samui par exemple, des étrangers dorment sur la plage en attendant que des chambres se libèrent. Certains établissements ont même monté des tentes pour héberger les visiteurs en trop. Comme le sud du pays dévasté, ce littoral offre, à cette époque de l’année, le climat sec, chaud, et très ensoleillé recherché par les visiteurs.

Les touristes qui ont échappé aux tsunamis sont venus finir leurs vacances ici. D’autres sont arrivés comme prévu plusieurs jours après la catastrophe dans des zones épargnées. D’autres enfin sont attendus en Inde, en Chine, au Vietnam où les séjours se déroulent normalement. Les tour-opérateurs français et européens ont proposé de changer de destination de vacances, en Asie ou ailleurs. En principe, les voyages au départ de la France devraient reprendre normalement vers cette région du monde le 16 janvier. D’ici là, les professionnels du voyage y verront plus clair. Ils ont pris cette décision collégiale. Certains, comme Asia par exemple, estiment cependant qu’il faudra peut-être attendre plus longtemps pour recommencer à programmer des voyages dans le golfe du Bengale. Jusqu’à la fin du mois en tout cas, les vacanciers français pourront annuler sans pénalités leur voyage dans les pays dévastés par la catastrophe. En principe, le Sri Lanka, les Maldives et la Thaïlande, devraient donc très rapidement réapparaître dans les brochures touristiques. Pour tous ces pays, le tourisme est une activité économique importante même si elle n’est pas décisive. L’Indonésie est un cas à part : elle est la plus touchée par la catastrophe mais les touristes n’allaient pas dans cette zone du nord de Sumatra.

Pour sa part l’Allemand TUI, le premier groupe de tourisme européen, recommencera en février prochain à emmener les touristes au Sri Lanka et sur l’île de Phuket où 40% de sa capacité hôtelière est intacte. Les voyages de touristes allemands vers les Maldives ont déjà repris. Les voyagistes danois ont décidé de renoncer au Sri Lanka cet hiver et comptent bientôt reprendre leurs voyages vers la Thaïlande.

« Nous ne gagnerons pas une part de marché permanente »

L’industrie sud-africaine du tourisme pourrait bénéficier de la neutralisation provisoires de plusieurs destinations asiatiques. « L’Asie du Sud-Est est un concurrent sérieux de l’Afrique du Sud en termes de tourisme. Nous sommes persuadés que nous allons assister à une forme de hausse », a expliqué Ian Hay, directeur financier de Tourvest, le plus important groupe touristique sud-africain

. Liz Sheridan, porte-parole de l’Office sud-africain du tourisme, s’est refusée à spéculer « sur le malheur des autres » mais a souligné que par le passé, l’Afrique du Sud avait bénéficié de catastrophes affectant d’autres régions du monde. Elle a notamment souligné qu’après les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis, l’Afrique du Sud avait été l’un des rares pays à connaître une croissance à deux chiffres de son industrie touristique. « Nous ne gagnerons pas une part de marché permanente. Lorsqu’ils se seront remis, ils se battront de nouveau avec force. Je pense que nous verrons des offres très attrayantes en terme de prix d’ici environ six mois » (en provenance de pays asiatiques). Le tourisme est l’un des secteurs les plus créateurs d’emplois en Afrique du Sud. Ce secteur contribue à hauteur de 7% au Produit intérieur brut.  

Si les touristes délaissent l’Asie et son image dramatique, les spécialistes estiment qu’en dehors de l’Afrique, l’Amérique du Sud et les Caraïbes pourraient connaître un regain d’intérêt. Seule consolation pour les pays touchés par la catastrophe : si les touristes désertent, « les efforts de reconstruction pourraient être bénéfiques pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics », estime une économiste de BT Financial group, Tracey McNaughton.  


par Colette  Thomas

Article publié le 04/01/2005 Dernière mise à jour le 04/01/2005 à 16:09 TU

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Claude Malhuret

Ancien président de Médecins sans frontières

«Quelle que soit la catastrophe, il y aura toujours des profiteurs.»

Elizabeth Byrs

Porte-parole du bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU

«Nous avons reçu à l'ONU plus de 1,5 millions de dollars de promesses de dons pour l'Asie du Sud.»