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Elections palestiniennes

Compromis délicat sur Jérusalem

Les Palestiniens de Jérusalem-Est ont été autorisés par Israël à participer à leur élection présidentielle.(Photo : AFP)
Les Palestiniens de Jérusalem-Est ont été autorisés par Israël à participer à leur élection présidentielle.
(Photo : AFP)
Bien qu’il considère Jérusalem comme sa capitale indivisible, Israël a autorisé les Palestiniens de la partie orientale de la ville sainte à participer à leur élection présidentielle du 9 janvier, cédant ainsi à une forte pression internationale et notamment à celle de son traditionnel allié américain. Les Hiérosolymitains –habitants de Jérusalem– ne seront toutefois autorisés à voter que sous certaines conditions et la campagne électorale qui bat son plein en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ne peut se tenir que dans des lieux privés de Jérusalem-Est et avec l’accord des autorités israéliennes qui délivrent aux candidats le laissez-passer pour se rendre dans la cité.

Ville sainte pour chacune des trois religions monothéistes, Jérusalem est au cœur du conflit israélo-palestinien. Capitale indivisible pour les uns, capitale du futur Etat palestinien pour les autres, elle représente un enjeu fondamental sur lequel toutes les négociations de paix sont jusqu’à présent venus se briser. A l’heure où la succession de Yasser Arafat commence à se mettre en place, les autorités israéliennes, visiblement peu désireuses d’être rendues responsables d’un éventuel échec de cette transition, n’ont opposé aucune résistance à l’exigence palestinienne de faire participer au scrutin du 9 janvier les résidents de la partie orientale de la ville sainte. Et cela même si en accédant, contraintes et forcées, à cette volonté, elles légitimaient implicitement les revendications territoriales palestiniennes sur un secteur qu’Israël a annexé en 1967, après la guerre des six jours.  

Mais si le cabinet d’Ariel Sharon a cédé ainsi aux pressions de la communauté internationale, il s'est cependant bien appliqué à rendre les conditions de vote à Jérusalem-Est extrêmement restrictives pour mieux minimiser, aux yeux des Israéliens, l’entorse faite à la souveraineté qu’il revendique sur l’ensemble de la ville. A l’instar de ce qui s’était produit en 1996, à l'occasion des seules élections jamais organisées par l’Autorité palestinienne, aucune affiche électorale n’a cette fois-ci encore pu être placardée sur les murs de la cité. Les manifestations de soutien aux candidats ont été strictement interdites et les prétendants à la succession de Yasser Arafat n’ont eu l’autorisation de faire campagne que dans des lieux privés, par définition peu susceptibles d’accueillir les foules. Le candidat de la société civile, Moustapha Barghouti, en a fait les frais puisqu’il a été interpellé plusieurs heures par la police israélienne sous le prétexte qu’il ne pouvait que transiter dans la ville et non y séjourner. Plus symbolique encore, tous les attributs légaux d’une élection –bureaux de vote, assesseurs, urnes, isoloirs– ont été déplacés hors de l’enceinte de la cité. Les Hiérosolymitains ne sont ainsi autorisés à voter que par courrier, dans cinq bureaux de poste de la ville, et leurs bulletins seront dépouillés à l’extérieur de Jérusalem-Est.

Voter à Jérusalem-Est n’est pas sans risque

L’engagement du gouvernement d’Ariel Sharon à faciliter le vote des quelque 220 000 Palestiniens résidant dans la partie orientale de la ville sainte ne garantit toutefois pas leur participation massive à la présidentielle de dimanche. Car voter à Jérusalem-Est n’est en effet pas sans risque comme l’ont démontré les élections générales de 1996 où moins de 35% des votants s’étaient rendus aux urnes, victimes d’une campagne d’intimidation orchestrée par la police israélienne et dont les observateurs internationaux s’étaient largement fait l’écho. Considérés comme des résidants étrangers, les Palestiniens de la ville sainte possèdent en effet un permis de résidence –la fameuse carte bleue qui leur garantit notamment une couverture sociale– délivré par les autorités israéliennes qui peuvent le leur retirer à tout moment. Un risque que nombre d’entre eux refusent de prendre.

Depuis l’annexion en 1967 de la partie orientale de la ville sainte, on estime entre 50 000 et 100 000 le nombre de Palestiniens ayant perdu le droit de résidence dans la cité. Et rien ne garantit que les autorités israéliennes, qui mènent une guerre démographique à Jérusalem, ne poursuivront pas leur politique d’intimidation. N’ont-elles pas en effet fermé en septembre dernier –bien avant le décès de Yasser Arafat– six bureaux d’enregistrement d’électeurs ouverts dans la ville en prévision des élections municipales et législatives initialement prévues au printemps prochain ?


par Mounia  Daoudi

Article publié le 05/01/2005 Dernière mise à jour le 05/01/2005 à 17:51 TU