Sri Lanka
Carnet de route sur le littoral dévasté
Mardi 28 décembre
Arrivée à Colombo, capitale d’un pays sinistré
Dans la capitale sri-lankaise, Colombo, pas de catastrophe majeure, mais certains points stratégiques témoignent du désastre qui frappe le pays, sur son littoral. L’aéroport est l’un de ces points sensibles, au lieu du va-et-vient des touristes, ceux qui arrivent sont des équipes de grandes organisations humanitaires, Croix Rouge, UNHCR, et responsable d’ONG allemandes, suisses, françaises, canadiennes, nipponnes, etc.
Colombo, côté plage. Les amas de gravats aux abords de la guest house du bord de mer sont sans commune mesure avec ce qui nous attend au sud et à l’est du pays.
Udeni Dias. |
Mais il faudra très vite envisager de rejoindre l’Est, où les secours ont beaucoup plus de mal à accéder. C’est là que le coût humain sera le plus élevé, assure Udeni. Son organisation habituellement mobilisée sur les projets de développement à long terme apporte une aide d’urgence non négligeable. Ses véhicules sont réquisitionnés pour des missions de première urgence, transport demédecins, de médicaments et autre.
L’approvisionnement, avant le départ
En ville, les rayons de certains magasins sont vides. Manifestement, l’eau en bouteille a fait l’objet d’une véritable razzia. Mais les boutiques en général sont normalement achalandées. Les gens ont le sourire, comme ce marchand de bananes ravi de rencontrer des étrangers. Faute de touristes…les journalistes feront l’affaire. A Colombo, les rues, les restaurants, les stations d’essence ont un aspect normal. Dès les premiers kilomètres en direction du sud, il faut s’attendre à de longues files d’attentes aux stations services.
Mercredi 29 décembre
Colombo-Galle, par le littoral
Avant de prendre la route, nous obtenons des nouvelles de notre consœur Camille. Evacuée de Galle où elle était en vacances, par l’ambassade du Canada, elle nous décrit l’indescriptible chaos qui s’est emparé de la ville. Depuis deux jours, nous ne parvenons pas à joindre l’ambassade de France pour en savoir plus sur les éventuelles victimes françaises. A une dizaine de kilomètres à peine de la capitale, les débris commencent à s’accumuler des deux côtés de la route. Les constructions en dur ont résisté, mais la vague à traversé la route et transformé en un amas de planche, les boutiques, les petits entrepôts, et tout un habitat précaire.
Plus on avance vers le Sud, plus les dégâts prennent de l’ampleur. A mi-chemin de Galle en venant de Colombo, les constructions en dur aussi ont cédé. Des murs épais sont abattus, des porches renversés, des grilles tordues par la violence de la vague, et des objets qu’elle a
Comme la route, la ligne de chemin de fer suit le littoral. Les rails ont décollé du sol. Ils ont été soulevés, tordus, retournés. Sur la plus grande partie du trajet, ils ne reposent plus sur rien, le sable s’est dérobé sous la voie.
A Ambalangoda, une vingtaine de kilomètres nous séparent de Galle. Une déviation nous oblige à rentrer dans les terres. Sur la route, le trafic s’est intensifié, c’est un convoi sans fin qui progresse à une allure d’escargot, pendant que les services de la voierie s’activent à déblayer l’accès à Galles par le littoral.
En s’éloignant des côtes, on retrouve de jolies habitations, avec des toits entiers, et des murs droits. On croit sortir du chaos. Mais on le retrouve aussitôt, dans les temples, les écoles, où s’organisent avec les moyens du bord, l’hébergement des rescapés.
Journaliste à RFI [30/12/2004] 4 min 05 sec
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Jeudi 30 décembre
Sur la route d’Ampara, en passant par Kandy
Nous allons traverser le Sri Lanka d’ouest en est. Warakapola, Kegalie, Kandy sont nos prochaines étapes.
Saisissant contraste avec la journée précédente : tout fonctionne normalement. Les singes nous saluent au passage. Les petites aglomérations sont animées par la fièvre commerciale. Kegalie est gaie, mais au carrefour, des drapeaux blancs indiquent que le pays tout entier est solidaire des victimes.
Vendredi 31 décembre
Ampara, au cœur du désastre
Arrivée de nuit à Ampara. Nous visitons les abris ouverts aux rescapés à l’heure du coucher. Nous rencontrons le moine Kirindiwala Somarathna, vice-directeur de l’éducation dans la province du nord-est, une sommité à en croire les gestes de déférence qu’il déclenche
Il se dit prêt à tenir trois mois s’il le faut, le temps que ces gens complètement démunis retrouvent des moyens de subsistance. Il nous présente aussi l’un de ses aides, un jeune moine qui a échappé en 1998 à une attaque meurtrière des Tigres tamouls. Les victimes qu’ils nous présente sont au garde à vous, intimidées par sa présence, pleines de reconnaissance. En guise d’interview, c’est plutôt un discours qu’il nous livre : dans l’adversité, Tamouls et Cinghalais vont se tenir la main, reconstruire la paix après des décennies d’un conflit sanglant. Discours en forme de méthode Coué.
L’église Saint-Ignace de Loyola, elle aussi, accueille des sans-abri. Le prêtre nous reçoit au presbytère transformé en lieu de stockage de colis alimentaires et vêtements pour le millier de réfugiés qu’il abrite. Dans une des salles où se couchent les victimes épuisées, nous rencontrons des femmes, prostrées dans la douleur d’avoir tout perdu. Une très jeune fille se précipite sur le micro pour crier sa détresse. L’amertume déforme son visage : « nous n’avons plus de futur, tout est par terre, je n’ai plus rien, plus rien pour étudier. Cahiers, livres et certificats d’étude, tout est à l’eau ».
Dans la province d'Ampara dans l'est du Sri Lanka, on estime que les organisations non gouvernementales du pays fournissent 90% de l'aide actuellement distribuée aux rescapés. Mais les inondations qui sévissent notamment dans l'est du pays, entravent les déplacements et viennent ajouter à la dévastation provoquée par le tsunami. | ||||||
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Vendredi 31 décembre
Une catastrophe suit l’autre, sur la route de Pottuvil.
Une religieuse espagnole arpente les routes dévastées de l'est du Sri Lanka à la recherche de ses "protégés", les lépreux et les orphelins dont elle s'occupe depuis 50 ans. | ||||||
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Dans l'est du Sri Lanka, les rescapés du tsunami doivent maintenant faire face aux conséquences des pluies dilluviennes qui s'abattent sur l'île et provoquent des inondations. | ||||||
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Le tsunami est la cause récente des malheurs du peuple, mais les autorités ont toujours négligé ces populations. La vague ne balayera pas d’un coup des années de « résistance » au gouvernement de Colombo. Les forces de l’ordre et les tamouls, dans cette région, tentent de vivre en bonne intelligence mais s’observent mutuellement, avec la plus grande défiance.
La population tamoul de l’ouest de Sri Lanka, déjà très pauvre, compte sur l’aide de toute la nation dans une situation où les inondations compliquent de plus en plus l’acheminement des secours. | ||||||
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Samedi 1er janvier 2005
En route pour Batticaloa
Arrivée à Batticaloa
Dimanche 2 janvier
Retour de Batticaloa sur Colombo
par Sophie Malibeaux
Article publié le 07/01/2005 Dernière mise à jour le 07/01/2005 à 18:29 TU