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Démographie

La Chine compte 1,3 milliard d’habitants

Un milliard 300 millions de chinois, et moi, et moi...(Photo : AFP)
Un milliard 300 millions de chinois, et moi, et moi...
(Photo : AFP)
Un petit garçon, né jeudi à Pékin, porte la population chinoise à 1,3 milliard d’habitants. Après des décennies de contrôle draconien des naissances, la Chine change légèrement sa stratégie en matière de démographie pour répondre au vieillissement de la population.

Ce bébé né à 00 heure 02 jeudi à la maternité d’un hôpital de Pékin permet à la Chine de passer le cap du 1,3 milliard d’habitants. Le choix de ce bébé pour passer ce cap représente tout un symbole. C’est un garçon, et pas une fille, et il est né en ville et pas à la campagne.

Le pays le plus peuplé du monde

S’il n’y avait pas eu un contrôle rigoureux des naissances depuis une trentaine d’années, ce tournant démographique aurait été atteint quatre ans plus tôt. C’est ce qu’affirment les autorités chinoises à l’occasion de la célébration de cette naissance. Dans les années 70, un couple chinois avait en moyenne 5,8 enfants. Aujourd’hui, avec les consignes obligatoires du planning familial, le nombre d’enfants est descendu à 1,8 enfants en moyenne par famille. La Chine a réussi à maîtriser le développement de sa population, ce qui la situe au niveau mondial dans les pays à basse natalité. Malgré ce strict contrôle des naissances, la Chine reste le pays le plus peuplé du monde. Et si les autorités ont l’intention de poursuivre la même politique, elles viennent tout de même de l’assouplir en ville comme cela a été décidé il y a plusieurs années déjà à la campagne. Pour 800 millions de ruraux,  la politique de l’enfant unique a été abolie. Et l’année dernière, les règles en vigueur concernant le nombre d’enfants ont changé pour les citadins. Ils peuvent désormais avoir un deuxième enfant s’il naît cinq ans au moins après le premier.

A l’occasion du passage du cap du milliard trois cent millions d'habitants, la presse chinoise s’est félicitée des résultats du contrôle des naissances en vigueur dans le pays depuis plus de 25 ans. Cette politique a souvent été critiquée par les Occidentaux qui la trouvaient trop dure. Pendant longtemps, les couples n’ont pas eu le droit d’avoir plus d’un enfant. Résultat, ils sacrifiaient souvent les filles à naître jusqu’à obtenir un garçon. Des bébés de sexe féminin étaient souvent tués et les femmes n’hésitaient pas à avorter plusieurs fois jusqu’à mettre au monde un mâle. Dans les années 80, l’échographie a fait reculer le nombre d’infanticides. L’imagerie médicale permet de voir le sexe du fœtus et de choisir l’avortement pour les parents qui veulent absolument un garçon.

Plus de garçons que de filles

Ce desserrement de la politique chinoise de natalité donne actuellement 117 naissances masculines en moyenne pour 100 naissances féminines. Conséquence, un grand nombre d’hommes ne trouveront jamais de femme pour créer une famille. L’Inde est presque aussi peuplée que la Chine et a les mêmes préférences pour les garçons. Malgré le poids démographique de ces deux pays, le déséquilibre homme-femme est moins marqué au niveau mondial : 105 garçons naissent, en moyenne, pour 100 filles. En 2004, la population mondiale était estimée à 6,4 milliards d’habitants. Selon le dernier rapport de l’ONU, la croissance démographique a ralenti après avoir atteint son plafond le plus élevé au milieu des années 90 avec, chaque année, 82 millions de personnes supplémentaires par an. Ce chiffre est passé à 76 millions. D’après les prévisions, la population mondiale va continuer d’augmenter pour atteindre un plateau au milieu du siècle. Puis la fécondité baissera à un niveau de simple remplacement des générations humains par d’autres, ou encore moins.

Des enfants pour de futurs retraités

Si les autorités laissent la population chinoise faire plus d’enfants, c’est parce que la stratégie démographique du pays n’est plus uniquement basée sur le taux de fécondité des familles. Bien sûr si la population urbaine augmente, de plus en plus de terres cultivables à la périphérie des villes vont devenir des zones d’habitation, ce qui compliquera l’approvisionnement en denrées agricoles. Mais en Chine, l’espérance de vie a beaucoup augmenté et il faut que des jeunes entrent sur le marché du travail pour qu’ils paient les retraites des gens âgés. En 2020, les plus de 65 ans représenteront 12 % de la population totale. Siri Tellier, représentante à Pékin du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), fait remarquer que l’âge de la retraite est plus précoce en Chine que dans d’autres pays. Il est de 55 ans pour les femmes et de 60 ans pour les hommes. « La Chine a une quinzaine d’années devant elle pour mettre en place un système de sécurité sociale pour les plus âgés, ce n’est pas beaucoup », souligne encore la responsable du Fnuap.

L’économie chinoise est en pleine expansion et le relâchement de la politique de planning familial a aussi pour but de fournir des bras, notamment dans les villes, qui risquent de manquer de main-d’œuvre si la Chine continue sur le même rythme de croissance.  

  


par Colette  Thomas

Article publié le 07/01/2005 Dernière mise à jour le 07/01/2005 à 16:32 TU

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Jean-Claude Chesnais

Démographe, directeur de recherche à l'Ined

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