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Soudan

La paix au sud

Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell, le vice-président Ali Osman Taha (gauche) et John Garang, le leader du SPLA,  pour la signature de l'accord de paix à Nairobi le 9 janvier 2005.(Photo : AFP)
Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell, le vice-président Ali Osman Taha (gauche) et John Garang, le leader du SPLA, pour la signature de l'accord de paix à Nairobi le 9 janvier 2005.
(Photo : AFP)
Un accord final signé le 9 janvier à Nairobi au Kenya par le vice-président soudanais, Ali Osman Taha, le chef de la rébellion sudiste de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), John Garang, et le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell met fin au plus long conflit civil africain, de plus de vingt et un an et qui a fait plus d’un million de morts. De nombreux chefs d’Etat et de gouvernements africains assistaient à la cérémonie.

Le principal point de cet accord est l’organisation dans six ans et demi d’un référendum par lequel le sud du Soudan pourra dire s’il veut ou non son indépendance… D’ici là, une période de transition (qui est appelée période intérimaire) accordera au sud un statut de large autonomie.

Un gouvernement du Sud Soudan doit être constitué qui sera doté d’une constitution, d’un président (le poste revient de droit au chef du SPLA, en l’occurrence John Garang)… mais aussi d’une assemblée, d’un conseil des ministres… etc. Le président du gouvernement du Sud Soudan sera dans le même temps premier vice-président dans les institutions nationales. Le gouvernement  du Sud Soudan pour  fonctionner, va recevoir 50% des recettes pétrolières du sud, après prélèvement d’une part de 2% pour l’Etat producteur. Il doit bénéficier d’une allocation du gouvernement national, pourra établir certaines taxes et bénéficier de l’aide internationale.

Les deux anciens belligérants ont convenu d’un cessez-le-feu qui démarre officiellement dans 72 heures… et d’un calendrier de retrait qui fait que l’armée soudanaise devra avoir quitté le Sud Soudan 30 mois après la signature de l’accord. La SPLA a un an pour quitter l’Est du Soudan, six mois pour réduire sa présence dans le Nil bleu méridional et les monts Nuba. Des unités conjointes formées par des éléments des deux armées vont être déployées. Les « autres groupes armés », ceux qui ne sont pas signataires de l’accord ont un an pour choisir d’intégrer la SPLA, les forces armées soudanaises, ou les services de l’administration pénitentiaire, de police ou de protection de la faune.

Enfin la région pétrolifère d’Abyei pourra choisir à la fin de la transition si elle souhaite rester au Nord, ou rejoindre le Sud Soudan. Ce droit n’a pas été accordé aux monts Nuba, qui eux sont censés rester au Nord.

Une solution pour tout le Soudan ?

Pour les rebelles du Darfour, ceux de l’Est, ou pour les hommes politiques de l’opposition du Nord, l’accord qui vient d’être signé est bilatéral. Il a été négocié par le gouvernement et le SPLA/M dans un tête-à-tête, et ne peut donc pas être pris tel quel. Cependant, pour ses défenseurs, cet accord permettra plus de démocratie au Soudan et devrait donc profiter à tous.

Le texte prévoit effectivement une redistribution des cartes politiques à Khartoum. Des élections générales devront avoir lieu avant la fin de la quatrième année de la transition. Bien plus proche de nous, une constitution nationale intérimaire devra être rédigée et adoptée en huit semaines… C’est la prochaine échéance importante dans l’application de l’accord, car c’est cette adoption qui doit déclencher la mise en place d’une série d’autres structures. L’accord prévoit également un attachement à plus de décentralisation.

Y aura-t-il pour autant plus de démocratie ? En attendant les élections, les ex-rebelles du sud et le gouvernement se sont d’ores et déjà accordés la part du lion à tous les niveaux de l’appareil d’Etat. Ce sont eux qui choisiront les partis susceptibles d’être représentés à l’Assemblée, ou qui désigneront les 60 membres de la commission de revue de la constitution. Ils s’octroient 80% des sièges du gouvernement et du parlement national, 80% au niveau des Etats et 85% dans le Gouvernement du Sud Soudan. Cela fait craindre à certains hommes politiques que le système soit rapidement verrouillé par les deux nouvelles forces qui dirigeront le pays.


par Laurent  Correau

Article publié le 09/01/2005 Dernière mise à jour le 10/01/2005 à 08:58 TU

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John Garang

Chef de la rébellion sudiste de l'armée populaire de libération du Soudan (SPLA)

«Si cet accord est appliqué comme il a été négocié, il y a de bonnes chances pour que le Soudan demeure uni.»

Ali Osman Taha

Vice-Président soudanais

«Nous avons reçu l'assurance du gouvernement américain qu'il soutiendra l'ère de la paix.»

Colin Powell

Secrétaire d'Etat américain

«Il ne faut pas oublier qu'à l'heure où nous célébrons le succès du dialogue Nord-sud, une guerre terrible se poursuit au Darfour.»

John Garang

Chef de la rébellion sudiste de l'armée populaire de libération du Soudan (SPLA)

«Concernant le Darfour, il ne peut pas y avoir la guerre dans une région et la paix dans une autre.»