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Cameroun

Artur Jorge: dans la tanière des Lions indomptables

par Gérard Dreyfus

Article publié le 10/01/2005 Dernière mise à jour le 02/02/2005 à 15:50 TU

Arthur Jorge, le nouvel entraîneur de l'équipe de football du Cameroun.(Photo : AFP)

Arthur Jorge, le nouvel entraîneur de l'équipe de football du Cameroun.
(Photo : AFP)

Les Lions indomptables ont un nouvel entraîneur, le Portugais Artur Jorge. Technicien d’expérience il a été recruté pour conduire les Camerounais à la prochaine Coupe du monde, en Allemagne… si l’équipe se qualifie.

Les candidats étaient nombreux, très nombreux mêmes. Des Français, dont Pierre Lechantre, vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations en 2000 avec l’équipe, le Colombien Francisco Maturana, Artur Jorge et quelques autres. Depuis 1990 le Cameroun n’a manqué aucun rendez-vous quadriennal et, en dépit de performances en dents de scie, sa réputation a largement dépassé les frontières continentales. Qui ne rêverait de diriger cette équipe, fantasque, capable aussi bien du meilleur que du pire, régulièrement secouée par des problèmes de personnes et d’intendance, de rivalité intérieure au groupe, de création de petits clans. Ces dernières saisons, trois joueurs ont claqué la porte de l’équipe, Raymond Kalla et Lauren Etamé Mayer, au lendemain de la Coupe du monde 2002, plus récemment le milieu défensif Modeste M’Bami, devenu après son titre olympique à Sydney, un des atouts majeurs du onze vert, jaune et rouge. Une confirmation d’un climat parfois délétère. Sans parler des démêlés avec la Fifa à propos des maillots tout d’une pièce. Sans parler de toute une série de problèmes récurrents. Mais le Cameroun demeure un des géants du football africain au côté de son grand voisin, le Nigeria. Les deux seuls pays qui font vraiment recette en dehors de leur territoire. En partie grâce à leur cohorte de joueurs expatriés, souvent dans de grandes équipes européennes. Bref, le Cameroun pour un entraîneur ambitieux, est une destination qui ne se refuse pas.

Ancien champion d'Europe

Voilà donc après l’aventure allemande de Winfried Schäfer, limogé au mois de novembre au soir d’une sévère défaite en Allemagne (0-3), l’intronisation d’Artur Jorge à la veille de ses cinquante-neuf ans (il est né le 13 février 1946 à Porto). Ancien attaquant, deux fois meilleur buteur de son championnat, en 1971 et 1972) de Porto, Coimbra, Benfica et Belenenses, Artur Jorge, de son vrai nom Artur Jorge Braga de Melo Teixeira, a porté à vingt-huit reprises le maillot de la sélection portugaise. Après avoir passé ses diplômes d’entraîneur chez lui, mais aussi à Leipzig, en Allemagne, Artur Jorge dirige sa première équipe Vitoria Guimaraes cumulant sa responsabilité avec celle d’entraîneur-adjoint de l’équipe nationale. Depuis il n’a cessé de voyager, en France, en Suisse, aux Pays-Bas, dans les pays du Golfe et, pour terminer, en Russie où il a dirigé pendant une saison le CSKA Moscou. Son plus grand titre de gloire, c’est naturellement sa victoire en Coupe d’Europe des clubs champions avec Porto en 1987. Tout le monde a encore en mémoire la talonnade victorieuse de l’Algérien Rabah Madjer lors de la finale. Artur Jorge était alors son entraîneur. En France, il a conduit deux fois le Paris-Saint-Germain à la victoire en championnat (1993 et 1994 et gagné une Coupe en 1992. Avec cette même équipe, il a disputé deux finales de coupe de l’UEFA. Son retour à Paris quelques années plus tard fut un échec. Venu remplacer Alain Giresse au mois de novembre, il repartit sans avoir fait mieux que son prédécesseur au mois de mars, passant le relais à l’entraîneur des gardiens de but de l’équipe de France, Philippe Bergeroo.

Polyglotte (il parle portugais, anglais, français, espagnol et italien), Artur Jorge est considéré comme un intellectuel s’intéressant à d’autre chose que le football. Humainement c’est un homme exigeant qui, comme on le dit familièrement, ne laisse rien passer. Il a du caractère et sait faire entendre sa voix. Il en aura sûrement besoin pour ramener un peu de sérénité au sein d’un groupe en perte de repères. Ses nouveaux protégés sont prévenus: Artur Jorge n’en fait qu’à sa tête. Deux de ses anciens joueurs n’ont pas conservé un très bon souvenir de leur passage sous sa direction, Rabah Madjer à Porto et, plus près de nous, le Libérien George Weah. «Il est trop dur, trop rigide avec moi» se plaignait à l’époque celui qui n’était pas encore le Ballon d’or de France-Football. Pas de passe-droit pour les stars. Les Lions indomptables devront s’y faire.

Artur Jorge n’a pas choisi la facilité. Le Cameroun a mal entamé sa campagne de qualification pour la Coupe du monde 2006. Dans le groupe le plus difficile avec la Côte d’Ivoire, l’Egypte et la Libye en trouble-fête, les Lions indomptables, à mi-parcours occupent la troisième place derrière la Côte d’Ivoire et la Libye. Avec quatre points de retard sur les Eléphants, leur avenir ne dépend pas que d’eux. Il leur faudra gagner mais ce ne sera peut-être pas suffisant…si les Ivoiriens gagnent aussi leurs matches. Celui qui fut le plus célèbre moustachu des terrains de football français au début des années quatre-vingt dix n’aura pas trop l’occasion de se friser les moustaches…