Soudan
Après l’accord de paix, craintes et attentes au Sud
(Photo: AFP)
Les chercheurs du National democratic institute ont rencontré 32 groupes d’habitants de 13 localités du Sud-Soudan, entre août et octobre 2004. Leur étude n’a pas valeur de sondage, mais permet un premier état des lieux.
Pour les différents groupes interrogés, le gouvernement du Sud-Soudan devra en priorité veiller à l’éducation de la population. C’est la première priorité exprimée, devant la nourriture, la santé, et l’eau potable. «Une paix durable n’arrivera que s’il y a l’éducation pour tous», a confié aux chercheurs un homme Kakwa. «La meilleure chose concernant le futur, c’est que les femmes auront une éducation et que les enfants auront une éducation», indique une jeune femme Agar Dinka de Rumbek.
Dans ces entretiens, les chercheurs ont également noté l’importance de la référence ethnique, et les craintes de la population sur une résurgence des conflits entre communautés. «Le gouvernement du Sud-Soudan devra résoudre la question du tribalisme, sinon, les gens vont se battre», estime par exemple un chef Nuer. Si John Garang reste le leader incontesté du Sud-Soudan, il est accusé par des représentants des autres ethnies de privilégier les siens, les Dinkas.
Autre problème anticipé par les habitants du Sud-Soudan: celui de la restitution des biens et des terres aux personnes qui reviendront au pays. Notamment quand ce sont des commandants de la SPLA qui se sont appropriés ces terres.
Cette étude montre enfin un véritable scepticisme sur la possibilité de conserver un Soudan uni. «Les accords appellent à l’unité, mais nous ne la voulons pas, explique un jeune Ngok Dinka. Nous n’accepterons pas le discours de John Garang sur l’unité. S’il va au Nord, nous ne le suivrons pas».
par Laurent Correau
Article publié le 11/01/2005 Dernière mise à jour le 11/01/2005 à 16:29 TU
Pour accéder au rapport du NDI, On the treshold of peace : perspectives from the people of New Sudan.