Afrique de l’Ouest
Quelle stratégie contre les criquets ?
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Dakar
En août dernier les ministres de l'Agriculture du Maghreb et d'Afrique subsaharienne réunis à Dakar avaient lancé un appel à l'aide internationale face à l'une des plus graves invasions acridiennes de ces quinze dernières années. Et le président Wade avait alors lancé l’idée de réunir des spécialistes pour trouver les moyens d'en finir avec ce fléau.
Le rendez-vous a été tenu. Depuis mardi, une cinquantaine d’experts venus d’un peu partout dans le monde, ainsi qu’une dizaine de ministres d'Afrique du Nord et de l’Ouest sont réunis dans la capitale sénégalaise.
«Ce que nous attendons de cette rencontre, c’est la volonté de tous les chercheurs d’Afrique et du monde de se mettre ensemble, de coordonner leurs efforts et de se concentrer sur cette bataille par un échange d’informations permanent et ensuite de définir les meilleurs moyens de lutte contre les criquets», a déclaré le chef de l’Etat sénégalais à l’issue de la séance d’ouverture.
Seule la prévention est efficace mais les crédits manquentJusqu'à jeudi, les experts et les scientifiques vont passer en revue tous les aspects du criquet pèlerin. Du comportement de cet insecte, aux moyens de détecter la formation des essaims, en passant par les méthodes d’éradication, jusqu’à l’étude des conséquences des insecticides et des pesticides sur l’environnement.
Mais la rencontre de Dakar vise aussi à évaluer les stratégies employées jusqu'ici. Les spécialistes estiment que la dernière invasion aurait pu être évitée si les Etats concernés et la communauté internationale avaient réagi suffisamment tôt. «Lorsqu'il y a une invasion on voit la motivation renaître, on voit des crédits affluer et puis lorsqu'il n'y a plus de criquets les crédits disparaissent, déplore Michel Lecoq, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (France). Donc le défi principal est de savoir comment, même quand il n’y a plus de criquets, maintenir un dispositif de prévention.»
D'après les experts, en effet, la lutte anti-acridienne passe en priorité par une surveillance permanente et des actions préventives, qui ont le double avantage d’empêcher les grandes invasions et de coûter infiniment moins cher que les opérations d’urgences.
La question est d’autant plus d’actualité que les nuées de criquets qui ont envahi l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb l’année dernière ne sont pas encore entièrement maîtrisées. Depuis deux semaines, c’est le tour de la Casamance et surtout de la Guinée Bissau d’être atteintes par le fléau. Le Sénégal vient d’ailleurs d’y dépêcher une équipe pour prêter main forte à son voisin, alors que les autorités craignent sérieusement pour les récoltes de noix de cajou, qui sont la principale source de devises étrangères de ce pays.
par Christophe Champin
Article publié le 12/01/2005 Dernière mise à jour le 12/01/2005 à 11:32 TU