Asie du Sud
Moratoire sur la dette de 3 pays victimes du tsunami
(Photo: min. de l'Agr.)
Le Club de Paris (qui regroupe les créanciers publics) doit entériner ce mercredi un moratoire sur la dette de trois pays frappés par le séisme et le raz-de-marée du 26 décembre en Asie du Sud. Hervé Gaymard, ministre français de l’Economie, en a fait l’annonce mercredi sur l’antenne de RFI .
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Ce moratoire sur la dette des pays touchés par le tsunami ne règlera pas pour autant tous les problèmes. Comme l’a clairement laissé entendre hier à Jacques Chirac le ministre des Affaires étrangères indonésien, Hassan Wijaruda, son pays préfère recevoir des dons plutôt que de nouveau crédits. Car paradoxalement, la bouffée d’oxygène du Club de Paris pourrait faire craindre à l’Indonésie de possibles conséquences financières négatives.
Comme l’enfer pavé de bonnes intentions, la générosité a parfois du mal à faire bon ménage avec l’orthodoxie financière. Le moratoire du Club de Paris en faveur des pays victimes du raz-de-marée consiste à reporter à plus tard leurs prochains remboursements de dette.
Ce faisant, ils se traduisent, de fait, par de nouveaux crédits. Voilà pourquoi l'Indonésie, principal bénéficiaire de ce geste, craint que le report de ses échéances affectent la notation de sa signature sur le marché des capitaux et ses négociations en cours avec le Club de Londres, qui regroupe les créanciers privés des pays endettés.
Car le tiers-monde le sait bien, on ne prête qu’aux riches. Quand un pays pauvre a besoin d'argent pour financer son développement, pas question pour lui d’émettre des obligations d’Etat dans sa propre monnaie. Personne en effet n’achèterait un tel papier de peur de ne jamais revoir la couleur de son argent. Dans leur jargon, les banquiers disent que les monnaies du tiers-monde ont un mauvais «rating».
Voilà pourquoi, depuis une dizaine d’année, le FM (Fonds monétaire internationale) suggère parfois aux pays émergents d’émettre des obligations d’Etat dans une devise acceptée par le marché, comme le dollar ou le yen, via des banques étrangères. Ce fut le cas pour l'Argentine dans les années 90. Avec les résultats que l'on sait. De quoi, dès lors, comprendre les craintes de l'Indonésie.
par Norbert Navarro
Article publié le 12/01/2005 Dernière mise à jour le 12/01/2005 à 11:25 TU