Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Tsunamis et séisme

Bientôt un système d’alerte dans l’océan Indien

L'océan Pacifique est déjà équipé d'un centre de détection des tsunamis: le <A href="http://www.prh.noaa.gov/pr/ptwc/" target=_BLANK>Pacific Tsunami Warning Center</A> à Hawaï.DR
L'océan Pacifique est déjà équipé d'un centre de détection des tsunamis: le Pacific Tsunami Warning Center à Hawaï.
DR
L’une des organisations phare des Nations unies et le pays le plus averti en matière de tsunami annoncent la création d’un système d’alerte dans l’océan Indien. Ce système sera probablement l’affaire de tous, les généreux donateurs comme les gouvernements des pays sinistrés.

Le tsunami touche la plage de Hat Rai Lay (Thaïlande), le 26 décembre 2004.
(Photo: AFP)
Tous les experts sont d’accord: s’il y avait eu un système d’alerte sur le pourtour de l’océan Indien, le nombre de victimes tuées par les tsunamis aurait été beaucoup moins important. Les populations vivant sur les côtes nord de l’île indonésienne de Sumatra n’auraient certainement pas pu toutes s’échapper, la vague arrivant là moins de quinze minutes après le séisme. Mais pour les côtes des autres pays, plus loin de l’épicentre, une alerte donnée plusieurs heures avant l’arrivée des vagues aurait permis aux gens de trouver refuge sur une hauteur ou à l’intérieur des terres. Dans ce cas bien sûr, il y aurait eu sur chaque plage, dans chaque port, dans tous les villages, des sirènes avertissant du danger, des téléphones, des postes de radio et de télévision relayant l’information indiquant qu’il faut se mettre à l’abri.

Former des scientifiques

Un système d’alerte consiste en un ensemble de centres régionaux de secours installés auparavant sur les littoraux tout autour de l’océan. Ces centres sont en contact avec des responsables locaux qui sensibilisent régulièrement  la population au risque. De temps en temps, des exercices d’évacuation sont simulés. Les appareils servant à donner l’alerte sont entretenus, leur bon fonctionnement est régulièrement vérifié.

Jusqu’à présent, indique l’encyclopédie Wikipédia, 80% des tsunamis enregistrés l’ont été dans l’océan Pacifique. Parmi les 8 qui, depuis 1900, ont causé la mort de plus d’un millier de personnes, seul le tsunami du 26 décembre dernier ne s’est pas produit dans l’océan Pacifique. Il ne sera donc pas facile d’installer et d’entretenir une culture du risque dans les pays riverains de l’océan Indien.

Une nouvelle solidarité    

Il y a déjà des scientifiques dans tous les pays concernés par la catastrophe de décembre dernier et si ce projet de système d’alerte voit le jour, ces scientifiques seront formés à l’utilisation de modèles informatiques spécifiques. Ces modèles reproduisent l’intensité des secousses sismiques. Selon leur puissance et la distance avec la terre, le modèle permet ensuite de prévoir dans combien de temps arrivera le tsunami, de cartographier son tracé, d’anticiper le passage de l’inondation. «Les pays riches vont peut-être mieux prendre conscience qu’il faut les aider d’une autre manière», indique un scientifique français, «sans parler des ressources qui manquent aussi sur les côtes africaines», indique encore ce scientifique qui parle d’une nouvelle solidarité internationale.

Dans ces pays pauvres, où les communautés rurales et les pêcheurs sont les plus exposés au risque de tsunami, des centres régionaux de secours seront donc créés. Ils organiseront la protection civile et des exercices de simulation. Ces centres seront en contact avec leurs homologues du pourtour de l’océan indien. Un réseau de surveillance où travailleront des informaticiens, des météorologues, des sismologues fera des échanges d’informations. Sa tête analysera quotidiennement les informations venues du dessous de l’océan grâce à la pose de sismographes, des appareils qui enregistrent et mesurent les tremblements de terre et leurs vibrations. Ces appareils seront reliés à d’autres systèmes enregistreurs, le tout finissant dans ce lieu central d’analyse. C’est tout un maillage composé à la fois de technique et de matière grise qui devra être mis en place, sans oublier cette culture du risque à entretenir auprès de populations plutôt préoccupées de leur survie immédiate.

L’expertise du Japon

Le gouvernement japonais a décidé de débloquer quatre millions de dollars pour financer ce système d’alerte dans l’océan Indien. Ce financement fait partie de l’assistance globale de 500 millions de dollars américains prévue par Tokyo à l’intention des pays sinistrés par les tsunamis. La semaine prochaine, se déroule au Japon une conférence sur les risques naturels, dix ans après le tremblement de terre de Kobé. Les Japonais en profiteront pour présenter un projet d’alerte au tsunami. «Il faut d’abord éduquer des experts puis les laisser améliorer les systèmes d’observation tout en installant un réseau de communication», indique Satoru Nishikawa, responsable de la prévention des catastrophes naturelles auprès du Premier ministre nippon qui a souligné: «Aucun pays ne connaît mieux les tsunamis que le Japon».

Un autre Japonais a bien l’intention de prendre les choses en main, c’est le directeur général de l’Unesco, Koïchiro Matsuura. Présent à la conférence des petites îles à Maurice, il a annoncé que l’agence des Nations unies qu’il dirige va superviser la création de ce système d’alerte dans l’océan Indien. L’Unesco va travailler avec différents partenaires à la mise en place de ce système d’ici juin 2006 et jouer le rôle de coordinateur afin d’éviter les doubles emplois. Le coût de l’infrastructure scientifique est estimé à 30 millions de dollars avec un coût annuel de maintenance d’un à deux millions de dollars. Une partie des fonds viendra des pays qui ont proposé leur aide, mais Koïchiro Matsuura a insisté sur une participation  des Etats qui vont bénéficier de ce système d’alerte.

Le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture a insisté sur la nécessité de mettre en place un système d’alerte mondiale puisque les autres océans ne sont pas à l’abri de vagues meurtrières. La planète entière est déjà sous surveillance pour les tremblements de terre, a rappelé Koïchiro Matsuura: «Ce qui manque c’est surtout les réseaux de communication, l’information du public et les plans nationaux en cas de catastrophe naturelle».

Un réseau mondial

A Paris, le secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco veut lui aussi que le futur système soit mondial. D’abord, d’ici un an, une surveillance devrait être opérationnelle dans l’océan Indien. «Mais s’il n’y a pas de préparation», explique Patricio Bernal, le secrétaire exécutif, «ça ne servira à rien». La Commission va en effet coordonner la mise en place du système, mais c’est aux Etats qu’il reviendra d’organiser les secours et de déclencher l’alerte. De toute façon, cette alerte ne servira pas à tout le monde de la même manière. Après le séisme de 1960 au Chili, le tsunami a mis quinze minutes pour arriver sur la côte mais 22 heures plus tard au Japon. Donc précise encore Patricio Bernal, «on parle des tsunamis pour lesquels on a du temps».

Une organisation internationale, la Preparatory Commission for the Comprehensive Nuclear-test-ban Treaty Organization, chargée de détecter les tremblements de terre et de repérer les explosions nucléaires illégales, a mis à la disposition du futur réseau mondial ses 321 instruments de mesure installés un peu partout à travers le monde.    


par Colette  Thomas

Article publié le 13/01/2005 Dernière mise à jour le 13/01/2005 à 17:56 TU