Culture
Trésors des cinémas d'Afrique et de la diaspora
(DR)
A un mois du prochain Festival panafricain du Cinéma de Ouagadougou, Fespaco 2005, qui se déroulera du 26 février au 5 mars, le musée Dapper invite le public, vendredi 21 janvier, à une projection de la fiction Heremakono, en présence de son réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, qui remporta le Grand prix du Fespaco 2003. Largement orienté vers l’Afrique, le regard à la fois politique et poétique d’Abderrahmane Sissako est sans doute «l’un des plus «justes» de ces dernières années», de l’avis de Catherine Ruelle, journaliste, responsable de l’Actualité du cinéma sur RFI, qui résume ainsi la trame narrative du film: «à Nouadhibou, village de pêcheurs situé sur la côte mauritanienne, Abdallah, un jeune malien de dix-sept ans, attend auprès de sa mère, l’heure de son départ pour l’Europe. Dans ce lieu d’exil et d’espoirs fragiles, le jeune homme ne comprend pas la langue de ceux qui l’entourent mais il tente de déchiffrer leur univers».
50 ans de cinéma africain
Cette projection ouvre le bal à une programmation qui sera consultable sur le site du musée Dapper et sur le site Internet de RFI. La programmation aura pour vocation de participer à la valorisation de l’important patrimoine cinématographique que représente le cinéma africain : «pendant ces cinquante dernières années sont nées des œuvres qui ont leur place aujourd’hui au Panthéon cinématographique mondial, et des cinéastes qui sont reconnus dès les années 70, par la critique et les grands festivals internationax», souligne Catherine Ruelle qui ajoute : «50 ans, c’est l’âge mur pour des cinématographies au destin particulier, nées au milieu du XXème siècle, sur fond de décolonisation et de guerre froide. Cinquante ans, c’est aussi le temps des bilans : un bilan de l’état des cinémas africains qui sera présenté au Fespaco, un bilan économique pour des films produits et distribués dans des conditions uniques dans l’histoire mondiale, et un bilan artistique aussi». Ces films méritent donc d’être vus et discutés avec leurs auteurs dans les meilleures conditions qui soient, pour que le public les découvre et prenne conscience de leur véritable place sur la scène internationale.
Catherine Ruelle présente chaque semaine sur RFI L'actualité du cinéma. (Photo : DR) |
«Des œuvres aux thèmes fort et au langage novateur»
L’initiative de créer un Ciné-club africain répond ainsi à une attitude militante qui tient à sortir ces films de l’ombre, encore trop appréciés d’un public regrettablement restreint : «Malgré la réussite incontestable de certains films et la pleine maîtrise de quelques réalisateurs et auteurs, dont le talent est reconnu par tous, la production d’un film africain est toujours une gageure, et sa sortie, un événement souvent éphémère», regrette Catherine Ruelle. Désormais le musée Dapper sera donc un lieu de familiarisation et d’initiation susceptible de participer au rayonnement de ce cinéma, et à la reconnaissance ou à la promotion de futurs réalisateurs.
Parmi quelques grands noms qui marquent ce cinéma africain, citons par exemple Souleymane Cissé (Mali) qui remporta en 1987 le Grand prix du Jury à Cannes: c’était la première fois qu’un film était récompensé à Cannes lors d’une sélection officielle; citons encore Sembène Ousmane (Sénégal), qui est aujourd’hui âgé de 85 ans : c’est «l’aîné des anciens» comme il aime à se nommer, et on lui doit le premier long métrage africain La Noire de… . Il a dernièrement présenté Moolaade au festival de Cannes en 2004: le film a été primé dans la sélection officielle «Un certain regard», et devrait être distribué en France (sous réserve) en mars prochain ; citons enfin de jeunes réalisateurs comme Zola Maseko (Afrique du Sud), Sébastien Kamba (République du Congo), ou Newton Aduaka (Nigéria/Sénégal), ou un ancien Oumarou Ganda (Niger) qui est l’un des aînés et des pionniers, décédé dans les années 80, auquel on doit un film culte, Cabascabo.
C’est donc en restant fidèle à son principe de mener conjointement la réflexion et l’action que l’association Racines -créée en 1984 sous la présidence de sa fondatrice Catherine Ruelle pour promouvoir la Culture et les Arts de l’Afrique et des peuples Noirs- entend mener à bien le projet, susceptible d’extensions engagées: édition d’une collection de compacts disques de musiques de films d’Afrique (du Sénégal à l’Afrique du Sud), en partenariat avec RFI et l’Agence internationale de la Francophonie, et co-édition d’ouvrages sur les films et leurs auteurs par RFI, les Cahiers du cinéma et Arte éditions, ainsi que des publication de collections intégrales livre, CD et DVD-film.
par Dominique Raizon
Article publié le 18/01/2005 Dernière mise à jour le 18/01/2005 à 15:53 TU