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Il y a 60 ans, la libération des camps

Auschwitz : la découverte de l’horreur

Ruine d’une chambre à gaz et d’un crématorium d'Auschwitz.<BR>La plupart des installations avaient été détruites par les SS avant leur départ.(Photographe inconnu, 1945)
Ruine d’une chambre à gaz et d’un crématorium d'Auschwitz.
La plupart des installations avaient été détruites par les SS avant leur départ.
(Photographe inconnu, 1945)
Quand l’armée soviétique arrive aux portes d’Auschwitz, le 27 janvier 1945, et libère le plus terrible camp d’extermination créé par les nazis, elle n’y trouve que 7 000 prisonniers mourants ou malades et des infrastructures en grande partie détruites. Depuis plusieurs jours, l’évacuation du camp s’est accélérée. Environ 58 000 prisonniers ont été jetés sur les routes par les SS qui ont reçu l’ordre de les ramener en Allemagne. A pied, dans le froid et la neige, ces hommes et ces femmes encore valides ont subi une nouvelle épreuve inhumaine, la «marche de la mort», dans laquelle la plupart ont péri.

Ce sont des ombres que les soldats soviétiques ont découvert à Auschwitz. Des hommes et des femmes épuisés, décharnés, rongés par les maladies, abandonnés là parce qu’ils ne pouvaient plus servir à rien et qu’ils étaient pour la plupart dans un tel état de faiblesse que la mort les guettait déjà. Errant à l’intérieur des trois camps d’Auschwitz (Auschwitz I, Birkenau, Monowitz) désertés depuis plusieurs jours, ces rescapés hagards attendaient une aide extérieure. Elle a fini par venir lorsqu’un détachement de l’Armée Rouge a franchi le porche d’Auschwitz, orné d’une inscription pour le moins inattendue : «Arbeit macht frei» (le travail rend libre).

Même s’ils avaient déjà libéré un autre camp de la mort à Majdanek en juillet 1944, les soviétiques ne savaient pas, en pénétrant dans Auschwitz, qu’ils entraient dans un centre d’extermination où plus d’un million de personnes, en majorité des juifs, avaient été gazées et brûlées. La plupart des installations avaient été détruites par les SS avant leur départ. Tout comme une grande partie des archives du camp. Malgré la panique des derniers jours, les nazis ont terminé tant bien que mal le travail de nettoyage du site commencé dès le mois de novembre lorsque la progression des offensives, alliée à l’Ouest et soviétique à l’Est, est devenu inexorable. Ils ont fait exploser les Krematorium pour effacer les principales traces de leur sinistre besogne laissant des ruines sur les emplacements des chambres à gaz et des fours.

Sept tonnes de cheveux

Ils n’ont, en revanche, pas eu le temps de détruire la totalité du butin accumulé en dépouillant de leurs effets personnels toutes les victimes assassinées. Les soldats ont donc trouvé plus de 800 000 vêtements féminins, près de 350 000 vêtements masculins et environ 43 000 paires de chaussures. Ils ont aussi découvert des montagnes formées d’objets de toutes sortes : brosses à dents, miroirs, jouets… Mais surtout, plus de 7 tonnes de cheveux. Car tous les prisonniers qui arrivaient à Auschwitz étaient rasés et leurs cheveux étaient récupérés pour être vendus à des filatures allemandes qui les utilisaient pour fabriquer des tissus et des vêtements.

L’Armée Rouge est arrivée à Auschwitz à peine quelques jours après l’évacuation du camp qui a débuté le 17 janvier 1945 et a duré 5 jours. Mis au courant des progrès réalisés par les Soviétiques qui avaient engagé une grande offensive sur la Vistule, les officiers SS du camp ont reçu l’ordre d’organiser le départ de tous les prisonniers encore valides, en grande partie pour éviter qu’ils ne témoignent de leur calvaire. Ces derniers ont dû parcourir à marche forcée des dizaines de kilomètres sur des routes enneigées et par des températures glaciales. Pas question pour eux de s’arrêter. Une pause signifiait la mort. Les SS abattaient immédiatement toutes les personnes qui ne pouvaient plus marcher. Les prisonniers qui ont réussi à endurer cette épreuve ont ensuite eu à subir de très longs trajets en train dans des wagons de marchandises découverts, où ils étaient entassés sans nourriture ni eau. Un très grand nombre d’entre eux ont péri pendant le voyage. Beaucoup d’autres n’ont pas survécu assez longtemps pour connaître la libération des camps situés en Allemagne dans lesquels ils avaient été finalement parqués. Car les Alliés n’y sont arrivés que trois mois plus tard, en avril 1945.


par Valérie  Gas

Article publié le 24/01/2005 Dernière mise à jour le 27/01/2005 à 14:09 TU