Union africaine
Deux sommets par an
(Photo : UA)
Le menu de l’UA est au diapason de ses problèmes chroniques (débat sur la sécurité alimentaire ou le Nepad, sur le sida, le paludisme, la tuberculose ou la Polio), de ses conflits (examen du rapport du comité paix et sécurité, Darfour, Congo-Kinshasa, Côte d’Ivoire). L’UA tentera aussi de trouver les moyens de rester en phase avec la marche du monde et de tirer parti de ses promesses de partage. Enfin, certains Etats membres ont glissé des propositions dans la boîte à idées du cénacle panafricain. Il s’agira donc d’examiner par exemple les suggestions de «la Grande Jamahiriya arabe libyenne socialiste et populaire» qui demande la suppression des douanes à l’intérieur de l’Union africaine, la création de postes de ministres du Commerce extérieur et du Transport mais aussi de ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l’UA. De son côté, le Nigéria juge nécessaire «l’élaboration d’une politique africaine pour la fourniture du matériel pour les opérations du maintien de la paix en Afrique» et l’Egypte s’offre à abriter sur son territoire«la quatrième Conférence ministérielle du Forum de coopération Chine-Afrique en 2009».
L’Afrique a pris bonne note du rendez-vous onusien de septembre prochain qui devrait voir avancer le débat sur l’ouverture du Conseil de sécurité à de nouveaux membres permanents représentants les pays en développement. Les chefs d’Etat africains sont invités à réfléchir à une stratégie commune qui pourrait leur permettre de se hisser dans le train de l’élargissement du Conseil onusien. En matière économique, l’UA compte bien aussi ramener quelques subsides supplémentaires sur le continent en s’accrochant à la perche tendue par le Premier ministre britannique, Tony Blair, qui prêche en faveur d’un «Plan Marshall» pour l’Afrique. Cette année, la Grande-Bretagne préside le G8, qui regroupe les sept pays les plus riches du monde et la Russie. Londres a placé l’Afrique en tête des priorités du sommet du G8 de juin prochain. Son secrétaire d'Etat chargé de l'Afrique au ministère des Affaires étrangères, Chris Mullin, sera à Abuja pour le sommet de l’UA.
Plan Marshall pour l'Afrique
Fin janvier, les présidents Obasanjo et Mbéki sont allés une fois de plus défendre la cause africaine au Forum économique mondial de Davos (Suisse), où les décideurs de la planète ont écouté patiemment mais souvent avec scepticisme leur homologue français, Jacques Chirac, reprendre l’idée d’une taxe sur les transactions financières internationales ou sur les billets d'avion pour financer, par exemple, la lutte contre le sida, un fléau non seulement sanitaire mais aussi économique pour l’Afrique. Pour sa part, Tony Blair estime qu’il faut «tout mettre sur la table et en discuter, l'essentiel étant d'atteindre l'objectif de dégager de nouvelles ressources» pour l'Afrique. C’est aussi l’avis de Thabo Mbéki pour qui «la taxation est OK s'il est possible de générer une masse critique de capitaux». Pour sa part, il croit davantage dans les effets d’une «annulation effective» des dettes de l’Afrique. Pour le chanteur Bono du groupe irlandais U2 venu en renfort à Davos, le seul résultat qui compte, c’est le doublement de l'aide internationale au développement. C’est aussi ce que plaide l’UA.
Avant Abuja, le président de la Commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré, s’est envolé cette semaine pour Dakar pour des «consultations par rapport au sommet» avec le président Abdoulaye Wade, l’un des pères du Nepad. Ensemble, ils ont discuté des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), adoptés à l'ONU en 2000 pour réduire au moins de moitié la pauvreté et assurer l'éducation primaire pour tous avant 2015. «A mi-parcours, le point ne nous permet pas d'être optimistes parce que les objectifs qu'on aurait dû atteindre en 2015, nous ne les atteindront pas avant un siècle» au rythme actuel, estime Alpha Oumar Konaré. L’UA va donc tenter de transformer les nouvelles bonnes résolutions internationales en avancées concrètes pour l’Afrique. Mais, ajoute le président Konaré, «si les conflits en cours ne sont pas davantage maîtrisés, je pense qu'on ne se donnera pas les moyens d'un développement véritable de notre continent».
En matière de paix et de sécurité, le Darfour soudanais reste une plaie ouverte mais l’accord de paix entre Khartoum et ses rebelles sudistes vient de soulager un peu l’Oua. D’autant que le 18 janvier dernier, la première rencontre du Comité de coordination conjoint pour la paix en Afrique a vu l’Union européenne mettre 250 millions dans la corbeille pour contribuer au financement de la Mission africaine au Soudan (Amis) et celui de l’opération de soutien à la paix en Centrafrique de la Commission économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac). Ces fonds permettront aussi de donner un premier budget de la Commission paix et sécurité de l’UA.
Reste à financer la participation militaire de l’UA au «désarmement et à la neutralisation des interahamwe et des ex-Far», les rebelles rwandais qui opèrent dans l’Est congolais, conformément aux décisions prises au sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’UA organisé à Libreville, le 10 janvier dernier. Désigné par l’UA en novembre dernier pour tenter une nouvelle conciliation en Côte d’Ivoire, Thabo Mbéki est en quelque sorte son médiateur de la dernière chance. Il est très attendu à Abuja.
par Monique Mas
Article publié le 27/01/2005 Dernière mise à jour le 27/01/2005 à 19:05 TU