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Justice

Bambi au pays des juges

L'heure de vérité pour la star planétaire.(Photo : AFP)
L'heure de vérité pour la star planétaire.
(Photo : AFP)
Le procès de Michael Jackson s’ouvre lundi 31 janvier au tribunal de Santa Maria, une petite ville de Californie proche de Neverland, le ranch de la star de la chanson américaine. Il est notamment accusé de tentative d’agression sexuelle sur mineur et a dû payer une caution de 3 millions de dollars pour rester en liberté. Le comportement de Michael Jackson vis-à-vis de jeunes enfants a déjà été mis en cause à plusieurs reprises ces dernières années. Mais jusqu’à présent, il a toujours réussi à stopper les procédures en trouvant des arrangements financiers avec les familles de ses accusateurs. C’est donc la première fois que le chanteur va devoir affronter jusqu’au bout un procès qui s’annonce particulièrement difficile. Michael Jackson risque vingt ans de prison s’il est reconnu coupable des chefs d’inculpation retenus contre lui. Gloire, sexe, argent, tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce procès un événement médiatique majeur.

Michael Jackson sortira-t-il blanchi de son procès ? C’est ce que la star et ses avocats espèrent. Mais la bataille risque d’être dure pendant les six prochains mois pour essayer de convaincre les jurés de son innocence. Le tribunal a retenu contre lui 10 chefs d’inculpation dont certains constituent des «crimes graves». Il est accusé notamment de tentative d’enlèvement d’enfant, de tentative de séquestration, de tentative d’extorsion, de tentative d’abus sexuel sur mineur, d’incitation à la consommation d’alcool contre un enfant âgé de treize ans au moment des faits.

La première étape décisive du procès va commencer dès l’ouverture avec la désignation  des douze jurés et huit suppléants chargés d’établir si le chanteur est coupable ou non des faits qui lui sont reprochés. Près de 750 personnes devraient être auditionnées pour composer le jury. La défense, l’accusation et le juge devront évaluer leur capacité à appréhender ce procès en toute sérénité et sans a prirori. Une tâche qui s’annonce difficile car l’affaire Michael Jackson a été particulièrement médiatisée depuis la première perquisition à Neverland, le ranch de la star, en novembre 2003.

Pas de caméra dans la salle

D’ores et déjà, la petite ville californienne de Santa Maria où le chanteur comparaît a été prise d’assaut par des centaines de journalistes du monde entier. Le juge Rodney Melville qui dirige le procès a d’ores et déjà fixé un certain nombre de règles à la presse pour essayer d’éviter des dérives nuisibles au bon déroulement des audiences. Aucune caméra ne sera ainsi autorisée à filmer dans la salle où le procès doit avoir lieu. Et le juge a demandé aux deux parties d’observer une certaine retenue afin d’éviter que ce procès ne donne une mauvaise image de la justice américaine.

Il est vrai que dès avant l’ouverture des séances, les hostilités ont été ouvertes par médias interposés. La chaîne de télévision ABC a ainsi divulgué des extraits du témoignage de la victime présumée recueilli, à huis clos, devant la chambre d’accusation. Cette fuite a provoqué une terrible polémique et une enquête a été ouverte pour déterminer d’où elle provenait. Les défenseurs de Michael Jackson se sont émus du fait que des éléments aussi importants, auxquels eux-mêmes n’avaient pas eu accès, aient pu être ainsi diffusés sur une chaîne de télévision. Dans le témoignage en question, le jeune homme évoque les circonstances dans lesquelles le chanteur aurait eu un comportement condamnable avec lui : «On était allongé sur le lit et il (Michael Jackson) m’a dit que les hommes devaient se masturber, il m’a dit qu’il voulait m’apprendre (à me masturber)».

Le chanteur a répliqué, avec l’autorisation du juge, en diffusant sur le site internet de son fan-club une vidéo dans laquelle il demande «un procès équitable, comme tout autre citoyen américain». Il a ajouté : «Je serai acquitté et disculpé quand la vérité apparaîtra». Décidé à plaider non coupable, Michael Jackson affirme qu’il est victime d’une machination de la part de la famille de son accusateur dont le seul objectif est de lui soutirer de l’argent. A en croire sa version des faits, il ne serait coupable de rien d’autre que d’avoir accordé du temps à un jeune enfant atteint d’un cancer qui souhaitait plus que tout rencontrer son idole. Le chanteur estime aussi être la victime d’un désir de vengeance personnelle de la part du procureur Tom Sneddon. Celui-ci serait motivé par son échec à faire inculper le chanteur lors d’une précédente affaire de pédophilie présumée, en 1993. Les défenseurs de Michael Jackson ont d’ailleurs demandé sa révocation au juge mais n’ont pas obtenu gain de cause.

La victime présumée témoignera en public

Pour essayer d’être disculpé, Michael Jackson s’est entouré d’avocats solides dirigés par un expert des procès délicats dans lesquels sont impliqués des célébrités, Thomas Mesereau. Entre autres victoires médiatiques, celui-ci a réussi à éviter des poursuites judiciaires au boxeur Mike Tyson lorsqu’il a été accusé de viol.

Ils auront fort à faire pour surmonter l’incontestable handicap dont souffre le chanteur en raison de sa personnalité ambivalente et sulfureuse qui défraie la chronique depuis des années. Après avoir été l’une des plus grandes stars américaines de la pop et avoir battu des records de vente avec des titres comme «Thriller» (41 millions d’albums vendus), il a entamé une descente aux enfers au cours de laquelle il est devenu un accroc de la chirurgie esthétique vivant reclus dans son ranch et faisant des cures de jouvence dans un caisson à oxygène. Eternel adolescent, ce qui lui a valu les surnoms de Peter Pan ou Bambi, Michael Jackson n’a eu de cesse de s’entourer d’enfants. Ce qui lui a valu de nombreux ennuis et des accusations de pédophilie.

Michael Jackson joue gros dans ce procès. Non seulement, il pourrait y perdre ce qui lui reste d’une fortune dont on dit qu’elle a déjà fondu comme neige au soleil. Mais il risque, s’il est reconnu coupable, d’être condamné à une peine pouvant atteindre 20 ans de réclusion. Son sort pourrait se jouer lors de l’audition devant les jurés de sa victime présumée, dont ses avocats ont obtenu qu’elle soit publique. Dans tous les cas, ce procès devrait être l’occasion d’un grand déballage où tous les arguments seront permis.

par Valérie  Gas

Article publié le 31/01/2005 Dernière mise à jour le 31/01/2005 à 16:51 TU