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Union africaine

Les conflits ont occulté l'économie

Photo de famille au sommet d'Abuja.(Photo : AFP)
Photo de famille au sommet d'Abuja.
(Photo : AFP)
Le quatrième sommet ordinaire de l’Union africaine clôture ses travaux à Abuja au Nigeria. Bien que très importantes les questions liées aux maladies telles que le sida, la malaria ou la poliomyélite n’ont pas été au cœur des débats des chefs d’Etat et de gouvernement. En revanche, les questions politiques ont constitué l’essentiel des débats de la conférence des chefs d’Etat.

Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, invité à Abuja, a insisté sur le renforcement des liens entre les Nations unies et l’UA. Il a déploré le considérable retard pris par l’Afrique qui ne pourra pas atteindre les objectifs de développement fixés par la Déclaration du millénaire. Un premier point sera fait à New York, au siège de l’ONU au mois de septembre prochain, « pour examiner les progrès accomplis au cours des cinq ans écoulés», a précisé Kofi Annan.

S’agissant de la réforme des Nations unies et de la participation des pays africains au Conseil de sécurité, aucune avancée notable n’est à signaler. Avant la conférence des chefs d’Etat, les ministres des Affaires étrangères avaient déjà arrêté la décision de « repousser à plus tard » l’étude de la participation et de la représentation des Etats africains au Conseil de sécurité. Trois candidats étaient en lice pour un éventuel poste permanent : le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Egypte. Les critères de sélection et de désignation ont opposé les pays africains qui s’en remettent à une commission ad hoc créée par les ministres des Affaires étrangères réunis au sein du conseil exécutif de l’UA. Cette commission qui se réunira au Swaziland du 20 au 22 février 2005, est composée de représentants de quinze pays. Ses conclusions seront soumises à un conseil extraordinaire des ministres des Affaires étrangères en mars prochain à Addis Abeba.

La résolution des conflits reste un problème majeur pour l’organisation continentale qui se trouve confrontée aux mêmes difficultés que sa défunte aînée OUA. Les structures et mode de fonctionnement de l’UA ne permettent pas à l’organisation panafricaine de s’imposer ou d’infléchir certaines orientations des Etats membres. Elle ne dispose ni d’un cadre réglementaire ni d’un éventail de sanctions obligeant les Etats membres à une certaine conduite. C’est pourquoi, le colonel Mouammar Kadhafi, à l’origine de la naissance de l’UA, propose maintenant la création de postes de ministres des Affaires étrangères, de la Défense et des Transports. Alors que les organes de l’UA, à l’instar de l’Union européenne, évoluent vers la mise en place de politiques communes placées sous la surveillance d’un haut commissaire, le colonel Kadhafi propose plutôt de petites avancées vers un gouvernement supra national. Une manière pour lui de revenir à son idée des Etats-unis d’Afrique.

En marge des travaux de l’UA,  Kofi Annan a confirmé lors d’une conférence de presse, que les enquêteurs du Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme lui ont rendu un rapport sur la « violation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire » dans lequel quatre-vingt-quinze noms de personnalités du sud et du nord sont cités. « Cette liste sera transmise à un procureur », précise le secrétaire général de l’ONU. Par ailleurs, l’UA a noté avec regret le « peu d’avancées » enregistrées par son médiateur le président sud-africain Thabo Mbeki concernant le dossier ivoirien. Cependant pour l’UA, le recours à un référendum pour modifier la constitution sur les conditions d’éligibilité du président de la République, comme le prévoit le président Laurent Gbagbo ne « constitue pas l’option la plus sage ». L’UA craint qu’une situation de blocage et d’opposition radicale n’apparaisse si le « Non » à l’élargissement aux conditions d’éligibilité définies par l’article 35, l’emportait. La question du désarmement reste la préoccupation essentielle de la délégation ivoirienne. Cette même ligne est défendue par le Rwanda qui demande à la RDC de désarmer les rebelles de l’est du Congo qui entretiennent un climat de tension entre les deux pays. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA s’est dit favorable à une aide au gouvernement de Kinshasa pour une politique de désarmement des rebelles rwandais agissant à partir du territoire congolais.

Quant aux rebelles soudanais du Darfour, ils se sont rappelés au bon souvenir des responsables africains en les implorant « d’envoyer des troupes de maintien de la paix  au Darfour et de faire pression sur le gouvernement soudanais pour qu’il arrête l’épuration ethnique ». Un rapport de l’ONU est attendu dans les jours à venir, mais d’ores et déjà, Kofi Annan a annoncé à Abuja que des mesures doivent être prises en urgence, mais il demande au Conseil de sécurité de « reconsidérer l’application des sanctions contre le Soudan ».

L’UA a clôturé son quatrième sommet ordinaire par l’adoption d’un pacte de défense et de non-agression entre les Etats membres. Ce pacte traite également de la « défense commune continentale » en réponse à une proposition de constitution d’une armée commune et continentale proposée par le colonel Kadhafi. Le Ghana, l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Mozambique, l’Ethiopie et le Congo-Brazzaville constituent un groupe de travail sur la question. La mise en œuvre des résolutions échoit au Conseil de paix et de sécurité.

L’attribution par zone géographique des sièges des institutions de l’UA a aussi été adoptée. Les deux cours, celle de Justice internationale et celle des droits de l’Homme vont à l’Afrique de l’Est, la Banque centrale africaine, à l'Afrique de l’Ouest, le Fonds monétaire à l'Afrique centrale et la Banque africaine d’investissement à l'Afrique du Nord.

L’UA soutiendra la candidature de l’Egypte à la tête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et celle de l’île Maurice à la direction générale de l’organisation mondiale du commerce (OMC). Enfin, le président du Nigeria Olusegun Obasanjo a été réélu à la présidence de l’UA jusqu’en 2006. A ce titre, il présidera le sommet de juillet prochain en Libye (la présidence ne revient donc pas au Colonel Kadhafi) et celui Khartoum au Soudan en janvier 2006.


par Didier  Samson

Article publié le 31/01/2005 Dernière mise à jour le 01/02/2005 à 11:02 TU