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Chine-Japon

La diplomatie du commerce

Visite officielle chinoise au Japon en 1997. Aujourd'hui, le moindre accrochage avec le Japon réveille le nationalisme chinois.(Photo: AFP)
Visite officielle chinoise au Japon en 1997. Aujourd'hui, le moindre accrochage avec le Japon réveille le nationalisme chinois.
(Photo: AFP)
Les relations entre la Chine et le Japon sont minées par l’Histoire. Mais les deux pays comptent sur leurs échanges commerciaux pour réchauffer leur relations diplomatiques. Avec une augmentation de 20% des exportations japonaises vers la Chine en 2004, leurs sont interdépendantes.
De notre correspondant à Pékin, Michael Sztanke

Les relations politiques entre les deux puissances régionales sont exécrables depuis la fin de la guerre sino-japonaise en 1945 et cela, malgré la normalisation diplomatique affichée en 1972. Le livre d’histoire ne s’est en fait jamais refermé. Pour sa part, le gouvernement Japonais a toujours minimisé les nombreux crimes et exactions commis pendant la période d’occupation japonaise en Chine (1931-1945). Sur ce point, il persiste à cultiver négationnisme et révisionnisme. Du côté chinois, le Parti communiste n’a pas cessé de jouer sur la fibre nationaliste en exaltant à chaque occasion la population prête à en découdre avec le «diable», le «monstre» ou encore le «barbare» japonais comme il est commun de le nommer en Chine. Pékin refuse ainsi tout contact au sommet avec les dirigeants japonais.

Multiples incidents.

Principal point d’achoppement entre les deux pays, la visite annuelle du Premier ministre Junichiro Koizumi au sanctuaire Yasukuni, à Tokyo, un mémorial dédié aux anciens combattants japonais parmi lesquels les criminels de guerre nippons. Ce pèlerinage provoque régulièrement les foudres de Pékin qui s’emploie à mobiliser tous les moyens pour dénoncer la non reconnaissance des crimes de guerre qu’il qualifie aujourd’hui de crime contre l’humanité. Autre legs de l’histoire, les armes chimiques abandonnées par les soldats japonais dans la province du Heilongjiang (ancienne Mandchourie) ont fait couler beaucoup d’encre en Chine lorsque le 4 août 2003, 39 personnes furent intoxiquées par des fuites de gaz moutarde sur un chantier de construction.

Les cicatrices de l’Histoire ne se sont jamais effacées et de manière générale le moindre accrochage avec le Japon réveille immédiatement le nationalisme chinois comme l’ont montré les incidents lors du match Chine-Japon, pendant la finale de la Coupe d’Asie de football organisé à Pékin l’été dernier. Plus récemment encore, au mois de novembre 2004, l’entrée d’un sous-marin chinois dans les eaux territoriales japonaises avait provoqué la colère de Tokyo. L’intrusion sous-marine chinoise correspondait aux scénarios d’attaques chinoises envisagés par l’Agence de défense japonaise et rendus publique par la presse nippone quelques jours plus tôt.

Echanges commerciaux en hausse

Malgré des relations politiques particulièrement sombres, et aussi paradoxal que cela puisse être, les relations commerciales entre les deux pays progressent au contraire à grand pas et n’ont jamais été aussi bonnes qu’aujourd’hui. La Chine et le Japon sont économiquement interdépendants comme le montrent les chiffres récemment rendus publics. L’économie japonaise sort péniblement d’une crise vieille de dix ans et se sert de la croissance chinoise, qui frôle chaque année les 10%, pour tenter un redécollage. Le commerce bilatéral entre les deux pays ne cesse de s’accroître, la Chine devenant en 2004 le premier partenaire commercial du Japon avec un volume d’affaires s’élevant à 165 milliards d’euros.

Les exportations nippones ont augmenté de 20% l’année dernière et la part des produits japonais à haute valeur ajoutée importés par la Chine est, elle aussi, en augmentation constante. Quant aux investissement directs effectués par les entrepreneurs japonais en Chine, ils s’élèvent à 15% du total du total de leurs investissements à l’étranger. Le marché chinois attire ainsi de plus en plus de grandes entreprises japonaises qui délocalisent leur production pour profiter du faible coût de la main-d’œuvre chinoise. C’est le cas d’une grande marque comme Fuji Xerox dont les imprimantes sont désormais fabriquées dans la province méridionale du Guangdong, autour de Canton. Certes, la majeur partie des produits japonais fabriqués dans cette région est destinée à d’autres marchés étrangers. Mais certains produits commencent à trouver des débouchés en Chine, avec l’élargissement d’une classe moyenne forte aujourd’hui d’environ 150 millions de personnes dont le pouvoir d’achat augmente, lui aussi, chaque année.


par Michael  Sztanke

Article publié le 09/02/2005 Dernière mise à jour le 09/02/2005 à 08:35 TU