Cyber-pédocriminalité
Un label pour protéger les enfants des dangers du Web
(Logo: AFA)
Il y a quelques mois, il suffisait de quelques clics après avoir tapé «Britney Spears» pour tomber involontairement sur des images pornographiques. Mieux vaut prévenir… que guérir. C’est l’objectif du label «Net+Sûr» mis en place par l’Association des fournisseurs d’accès et de service internet (AFA) et le ministère français de l’Industrie. Ce logo apposé sur les pages d’accueil des principaux hébergeurs devrait s’étendre dans un futur proche à beaucoup d’autres sites.
Concrètement, les portails présentant ce logo garantissent qu’ils mettent à la disposition des internautes un outil de contrôle parental, un accès facile aux informations nécessaires pour protéger les enfants sur Internet et un formulaire de signalement des sites tendancieux. Dans cette perspective, le site PointdeContact.net a été ouvert sur la Toile ou tout un chacun peut dénoncer les pages illicites qu’il a croisées sur le Web.
Ces engagements font suite à la chartre signée le 14 juin 2004 entre les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et le gouvernement. Elle avait été signée alors que les FAI s’étaient vigoureusement opposés au vote de la loi sur l’économie numérique (LEN) leur imposant une obligation de surveillance active des contenus qu’ils hébergent, estimant que la surveillance a priori était irréaliste et impossible. Aux termes de cette charte, les hébergeurs, sans être obligés de surveiller les sites, ont néanmoins l’obligation de concourir à la lutte contre la diffusion des données à caractère illicite, relevant de la pédo-pornographie, de l’incitation à la haine raciale ou de l’apologie de crimes contre l’humanité.
«Une menace difficile à évaluer»
Une enquête réalisée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) confirme que 17% des mineurs ont déjà été exposés à une page de site pornographique. Fort de ce constat, la Conférence de la famille qui se tiendra au printemps prochain sera consacrée à «la pédo-pornographie et à la pédophilie sur Internet». Si la première consiste à regarder des images pornographiques de mineurs sur Internet, la seconde consiste à se servir d’Internet afin d’abuser des mineurs.
Le Forum des droits sur l’internet (FDI) dont l’une des missions est d’organiser la concertation entre acteurs publics et privés sur les questions de société liées à l’Internet, a pris l'initiative de lancer une réflexion sur ces deux aspects de la cyber-pédocriminalité. Résultat: la publication, le 25 janvier dernier, d’une série de recommandations pour lutter à la fois contre «la diffusion et le recel de pornographie infantile» et contre «l’utilisation du net pour préparer ou commettre des atteintes sexuelles sur des mineurs».
«L’ampleur de la menace reste toutefois difficile à évaluer», observe le Forum des droits qui estime que le nombre de sources et de personnes impliquées se chiffre en «dizaines de milliers dans le monde». Les auteurs proposent donc de «mieux connaître les usages et les risques» et de «sensibiliser les jeunes internautes et les adultes». Surfez sur l’Internet, cela s’apprend. Il paraît important, selon le Forum, d’enseigner aux enfants à se protéger, et notamment en matière de données personnelles qui peuvent, lorsqu’elles sont rendues publiques «permettre à une adulte mal intentionné d’identifier de potentielles victimes». Les auteurs invitent également à poursuivre la réflexion sur les réseaux mobiles et les nouveaux supports d’accès à l’Internet.
Cela dit, des solutions techniques existent face à ce problème épineux, comme notamment les logiciels de contrôle parental conçus pour empêcher la réception de certains sites ou types d’informations. Ces logiciels de filtrage jamais efficaces à 100%, bloquent l’accès aux sites en référençant des mots clés, même si, dans tous les cas de figure, la première surveillance reste celle assurée par les parents.
par Myriam Berber
Article publié le 11/02/2005 Dernière mise à jour le 11/02/2005 à 15:18 TU