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Fespaco 2005

Le producteur Toussaint Tiendrébeogo : « La vidéo est le chemin de notre indépendance »


« Avec les chaînes de télévision, je travaille toujours sur support vidéo. Pour A nous la vie (1), mes interlocuteurs étaient TV5, CFI, mais aussi la Télévision Nationale burbinabè et Africâble, une petite chaîne qui cherche à émerger. Les tarifs des télévisions africaines sont très bas, entre 100 000 et 150 000 F CFA (150/230 euros), puisqu’ils nous demandent de nous aligner sur les telenovelas. Au départ, tourner en vidéo procédait, pour les producteurs africains, d’une contrainte économique : le numérique permet de produire un long métrage pour une somme allant de 30 000 à 45 000 euros. L’an dernier, un journaliste, Boubacar Diallo, a tourné en vidéo Traque à Ouaga pour environ 30 000 euros, ce qui a permis de monter le financement en un temps record, avec des sponsors locaux, alors que passer par les commissions classiques aurait pris beaucoup plus de temps. Au Burkina, le film a rassemblé plus de 124 000 spectateurs, ce qui, à 1 000 F CFA le billet, en fait un film très rentable.

Si Tassouma, le dernier film que j’ai produit, avait été tourné en vidéo, ce serait aussi un succès économique. D’autant qu’il ne faut pas tabler uniquement sur le Burkina, mais sur les autres pays d’Afrique, plus les recettes VCD. La vidéo est le chemin de notre indépendance. Nous allons enfin pouvoir raconter nos histoires comme nous le désirons, sans dépendre des commissions occidentales. En outre, si ce système est économiquement pertinent, il permettra de structurer le secteur. L’une des inconnues, en la matière, est l’équipement des salles de cinéma. Nous espérons aussi que les télévisions suivront.

Il y a quelques années, la vocation du réalisateur était d’aller à Cannes, à Berlin, à Locarno… La valorisation du cinéaste passait toujours par les festivals du Nord. Aujourd’hui, les mêmes peuvent être valorisés par le box-office. J’imagine qu’à l’avenir, les cinéastes africains pourront faire l’aller-retour entre les deux. Je pense que sur dix films à produire, j’en ferai huit en vidéo. D’évidence, certains projets ne trouveront pas d’écho en dehors de l’Afrique. Il faut arrêter de penser que tous les sujets sont pour le cinéma, alors que, de toute évidence, beaucoup pourraient faire de très beaux téléfilms. »


Propos recueillis par Elisabeth  Lequeret

Article publié le 23/02/2005 Dernière mise à jour le 24/02/2005 à 11:38 TU

(1) Série en deux saisons, A nous la vie suit les aventures d’un groupe de jeunes Africains, du lycée à leur entrée dans la vie professionnelle.