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Fespaco 2005

Acteurs, cinéastes, techniciens : les enjeux de la formation

Le thème du 19e Fespaco s’intitule « Formation et enjeux de la professionnalisation ». Un bon sujet de débat à l’heure où les images africaines se multiplient en cherchant leur public.
« Du fait de la rareté des écoles de formation en Afrique se pose le problème de la relève. Comment faire ? » La question, lancée par Baba Hama, délégué général du Fespaco, peut rebondir à Ouagadougou où se retrouvent artistes et techniciens. Car le cinéma, sur le Continent, s’est développé grâce à l’énergie d’auteurs déterminés à tourner sans pouvoir s’appuyer sur des structures de formation. L’expérience s’acquiert encore de manière empirique, en collaborant à des réalisations locales, ou en partant étudier à l’étranger. Une alternative consiste à suivre des stages de formation ponctuels organisés ici et là en Afrique, avec le soutien d’organismes étrangers. C’est le cas des ateliers Sud Écritures, lancés par la productrice tunisienne Dora Bouchoucha. « Le cinéma n’est pas qu’une simple question de vocation ou de passion, note Baba Hama. C’est une profession qui a donné naissance à plusieurs métiers plus ou moins pointus. » L’existence d’écoles d’arts (notamment à Abidjan) reste exceptionnelle et ne suffit pas. Un décorateur comme Joseph Kpobly (Heremakono, Moi et mon Blanc), du Bénin, a dû se perfectionner en France. La reconnaissance d’un statut pour les divers corps de métiers du cinéma passe par le regroupement des spécialistes. Ainsi l’Association des scénaristes professionnels de l’Afrique de l’Ouest, créée en 2003, à Ouagadougou, a-t-elle établi une charte pour définir un statut professionnel et défendre les scénaristes.

En école ou sur le tas ?

L’existence d’une école audiovisuelle au Burkina, l’Inafec (1976-1986), a permis l’émergence d’une génération de cinéastes, d’Idrissa Ouedraogo à Regina Fanta Nacro. Sa disparition, faute de soutien public, laisse un vide. La possibilité de se former sur le tas, grâce aux tournages locaux, n’est pas facilitée par la baisse de la production, accrue par les troubles sociaux et économiques qui touchent bon nombre d’Etats africains. L’apparition d’écoles de cinéma privées, en Tunisie, en Algérie, suscite des espoirs. Au Burkina, l’inauguration de Imagine, lors du Fespaco 2003, relève un défi, celui d’« offrir un espace concret où les idées, les visions et les talents peuvent se croiser, se confronter et se féconder ». Cette ambition, affichée par le cinéaste Gaston Kaboré, son initiateur, s’inspire du Sundance Institute de Robert Redford. Imagine accueille des séminaires et des ateliers dispensés par des intervenants internationaux. L’intérêt d’un espace d’échanges se mesure aussi au Media Centre de Dakar. Cette école de formation audiovisuelle financée par une ONG norvégienne a permis aux Sénégalais qui utilisent ses cinq unités de tournage et ses stations de montage de réaliser huit films en 2003. La présence de sociétés de productions locales permet aux professionnels de compléter leur pratique du métier. Pour l’animation, les studios Pictoon de Dakar, l’atelier Yelboundi, à Ouagadougou, permettent à des techniciens de travailler en se formant. Enfin, les festivals comme Écrans Noirs au Cameroun, Quintessence au Bénin, ou, last but not the least, le Fespaco permettent d’aiguiser les vocations…


par Michel  Amarger

Article publié le 23/02/2005 Dernière mise à jour le 24/02/2005 à 11:31 TU