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Eglise catholique

Le Pape subit une trachéotomie

Le pape Jean-Paul II, le 6 février 2005, à la fenêtre de l'hôpital romain Gemelli.(Photo: AFP)
Le pape Jean-Paul II, le 6 février 2005, à la fenêtre de l'hôpital romain Gemelli.
(Photo: AFP)
L’hospitalisation d’urgence du Pape et l’intervention chirurgicale qu’il a subie ont pris les cardinaux par surprise.

De notre correspondant au Vatican

11h 30 jeudi matin, dans les couloirs du Vatican. Les cardinaux présents à Rome sont réunis pour un consistoire durant lequel le Pape doit annoncer la prochaine canonisation de cinq nouveaux saints. Le Pape, ce n’est pas totalement une surprise, délègue le cardinal Sodano, secrétaire d’Etat, le numéro Deux du Vatican. La cérémonie se poursuit alors que, sans que les cardinaux le sachent, au même moment, Jean-Paul II est en fait en route pour l’hôpital Gemelli, dans une ambulance camouflée en voiture banalisée. Plus que de la précipitation, c’est véritablement dans l’urgence que le Pape a de nouveau été hospitalisé ce jeudi.

Rapidement, le porte parole du Saint-Siège, Joaquin. Navarro-Valls, délivre un premier communiqué dans lequel il parle « d’une rechute du syndrome grippal dont le Pape souffre depuis quelques semaines ». Une mauvaise grippe en somme. En fin de journée, Jean-Paul II sera en fait soumis à une intervention chirurgicale, une trachéotomie sous anesthésie générale.

Ce fossé entre les premières annonces officielles et la réalité opératoire de l’état de santé du Pape montre combien la situation est devenue très délicate. Après l’intervention, le professeur Proietti, qui dirige l’équipe médicale qui soigne le Pape, faisait part hier soir de son soulagement, comme si, pour l’heure, le pire, à savoir la nouvelle crise respiratoire dont il a été victime au Palais apostolique, était passé. Mais les questions n’en demeurent pas moins posées.

Les critères médicaux dominent à présent

Jean-Paul II, intubé depuis jeudi soir, ne peut plus parler. Cette seconde hospitalisation devrait probablement durer et la presse italienne reprend le commentaire de nombreux médecins qui considèrent que le premier séjour du Pape au Gemelli, du 1er au 10

février, aurait dû probablement être prolongé. L’entourage avait alors privilégié la dimension publique de la fonction pontificale, alimentée d’ailleurs par Jean-Paul II lui-même. Depuis la soirée de jeudi, ce sont les critères purement médicaux qui dominent.

Les quelques responsables venus dans la soirée au chevet du Pape se sont voulus rassurants. Jean-Paul II, aux médecins qui lui parlaient, avant d’entrer dans le bloc opératoire, d’« opération bénigne », aurait répondu : « cela dépend pour qui ! ». De fait, à 84 ans, dans l’impossibilité de marcher depuis des mois, atteint depuis des années de la maladie de Parkinson, le Pape voit non seulement son élocution compromise, mais sa possibilité même de parler mise en danger.

Au début du mois, lors de la première hospitalisation, on avait beaucoup parlé de la question de la démission ou non du Pape ; Le thème revient d’actualité, même si pour l’heure aucune annonce fracassante n’est probablement à envisager. Même sans parler, le Pape peut gouverner et tout va dépendre de l’évolution de son état de santé dans les prochaines heures, les prochains jours, les prochaines semaines. Une chose paraît déjà acquise : le Pape ne pourra certainement pas présider les cérémonies de Pâques comme il l’a toujours fait depuis 1978.

Un nouveau palier, somme toute naturel, vient ainsi d’être franchi. Dans la précipitation d’une hospitalisation décidée tellement à la hâte que même le secrétaire d’État n’en a pas été informé immédiatement. Le tout sous le regard scrutateur des dizaines de caméras de télévision qui depuis jeudi après-midi restent fixés sur le 10ème étage de l’hôpital et les fenêtres de Karol Wojtyla.


par Laurent  Morino

Article publié le 25/02/2005 Dernière mise à jour le 25/02/2005 à 11:08 TU

Audio

Anne Le Nir

Par Vincent Ménard

«Pour certains Italiens au-delà de la préoccupation il y a une espèce de lassitude. Puisqu’ils sont avec le Pape depuis des années, maintenant il est un vieil homme et il mérite de reposer en paix définitivement.»

Daniel Desesquelle

Envoyé spécial de RFI au Vatican

«L'apparition du pape n'était pas prévue...»