Cinéma
Fespaco, première !
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Pendant une semaine, c’est donc au rythme du cinéma que battra le pouls de la capitale burkinabè. Selon une habitude désormais éprouvée, la cérémonie d’ouverture de cette 19e édition du Fespaco s’est déroulée sous les auspices musicaux des tambourinaires bobolais Farafina, du groupe burkinabè Yeleen, du bébé rappeur Maxence Junior -9 ans et déjà un Kora Music Award-, et du griot malien Salif Keita. Le stade du 4-Août, complet pour l’occasion, s’était rempli de 40 000 personnes et autant à l’extérieur, selon les organisateurs, un succès populaire assombri par un mouvement de foule dans lequel deux spectateurs ont trouvé la mort.
Cinquante ans de cinéma africain
Venu présenter les grands thèmes de son festival, le délégué général Baba Hama a réclamé une minute de silence, en hommage aux personnes qui venaient de perdre la vie. Mais le«show must go on». L’édition 2005 comportera une rétrospective du cinéma africain qui fête cette année son cinquantenaire (Afrique-sur-Seine, Borom Sarret…), un colloque sur la formation professionnelle et une sélection qui fait cette année la part belle à l’Afrique du Sud et au Burkina Faso. Au total, plus de deux cents films seront présentés, dont, pour la seule compétition officielle, vingt longs métrages et autant de courts. Interrogé sur ce nombre de films singulièrement élevé compte tenu de la faiblesse de la production africaine, Baba Hama souligne que «tous les films dignes d’intérêt dans toutes les régions d’Afrique doivent être montrés d’une façon ou d’une autre. Même si ce n’est pas forcément en compétition…».
Selon le délégué général du Fespaco, la seule sélection vidéo aurait reçu 380 œuvres, tous genres et tous formats confondus. De même, alors que les deux éditions précédentes (2001 et 2003) n’avaient retenu qu’un seul long métrage burkinabè en compétition, la production nationale, cette année pléthorique, a obligé les sélectionneurs a des choix draconiens. Faut-il pour autant parler de «printemps du cinéma burkinabè» ? C’est la thèse que retient le quotidien Sidwaya, dans un supplément de douze pages consacré au Fespaco. C’est un fait que les sélectionneurs ont dû éliminer de la compétition des films comme Sofia (gros succès du box office 2004) ou Delwendé («Lève toi et marche»), le dernier opus de Pierre S. Yameogo.
Parmi les quatre films burkinabè qui concourront pour l’Etalon de Yennenga figurent trois premiers longs métrages: La nuit de la vérité, de Regina Fanta Nacro (qui fut au mitan des années 80 la première femme cinéaste burkinabè, Sous la clarté de la lune, d’Apolline Traoré, et Tasuma («Le feu !») de Daniel Kollo Sanou. Preuve, qu’après le temps des aînés comme Gaston Kaboré ou Idrissa Ouedaogo, une nouvelle génération de très jeunes cinéastes est en train d’émerger. Après le temps des étalons, celui des poulains est peut-être venu.
par Elisabeth Lequeret
Article publié le 27/02/2005 Dernière mise à jour le 27/02/2005 à 11:13 TU