Fespaco 2005
Aux marges du Fespaco, au cœur du cinéma
(Source : Pyramide distribution)
Une cinquantaine de personnes assises devant un écran de fortune, dans la salle du casino de l’hôtel Indépendance : lundi 28 février, deux jours après les cérémonies officielles d’ouverture du Fespaco, ont démarré les projections de la Semaine des réalisateurs. « Ni Semaine africaine des réalisateurs, ni Semaine des Réalisateurs africains », tient à souligner le cinéaste Tchadien Mahamat Saleh Haroun, vice-président de la Guilde des Réalisateurs, qui est à l’initiative du projet. Pour cette association créée en 1997 par une poignée de jeunes cinéastes, l’idée de créer un « Fespaco off » ne date pas d’hier.
Voici deux ans, lors de la dernière édition, constatant la part congrue allouée aux images documentaires et désireux de leur donner vitrine à leur mesure, ils avaient créé Côté Docs. Dans cette toute jeune section parallèle avaient été projetés les films les plus ambitieux du festival, notamment Nous sommes nombreuses, magnifique et poignant reportage du Sénégalais Moussa Touré sur les femmes victimes de la guerre au Congo. Aujourd’hui, c’est le Camerounais Jean-Marie Téno (auteur du Mariage d’Alex et du Malentendu colonial, en compétition officielle cette année) qui a repris Côté Docs, et la Guilde a de son côté lancé la Semaine des Réalisateurs.
Ni anti-festival, ni vivier
Semaine des réalisateurs : drôle de nom, qui évoque un mix étrange entre Semaine de la critique et Quinzaine des Réalisateurs, les deux volets off les plus prestigieux du festival de Cannes. La Guilde ne se revendique pourtant ni de l’un ni de l’autre. Ne se prend ni pour un anti-festival (à l’instar de la Quinzaine, créée dans les remous de mai 1968), ni pour un vivier (à l’image de la Semaine de la critique, qui projette essentiellement des premières œuvres). Ici, tous les formats, tous les genres, tous les âges sont bienvenus. L’Angolaise Maria João Ganga, dont le magnifique Na cidade vazia, dont le film (sur les orphelins de la guerre) a mis plus de quinze ans à aboutir y côtoiera le très jeune Malien Ousmane Diade Touré, dont le court métrage Nyagami (« l’Arnaque ») s’est monté en deux jours.
En tout, ce sont une dizaine de films en provenance d’Afrique noire, du Maghreb, mais aussi de France, d’Haïti ou de Grande Bretagne qui seront présentés pendant ces cinq jours. « Nous avons décidé d’être ouverts à tous les films qui ont des résonances africaines. » C’est le cas d’Exils Tony Gatlif (Cannes 2004), de Border, de la Britannique Laura Weddington, qui a posé sa caméra plusieurs semaine durant dans la camp de réfugiés de Sangatte, ou encore de L’Evangile du cochon créole, du Haïtien Michelange Quay, mini-fiction interrogeant non sans humour les racines créoles de son pays à l’heure de la mondialisation. Ni Salon des refusés, ni contre-festival : la Semaine se veut seulement le lieu où le cinéma sera au cœur du débat, sans limitation de format ni d’origine.par Elisabeth Lequeret
Article publié le 01/03/2005 Dernière mise à jour le 01/03/2005 à 16:09 TU