La Chine et les velléités d’indépendance de Taiwan

La loi anti-sécession a été élaborée par le bureau politique du Parti communiste chinois en décembre. Ni son texte, ni la date de son vote par l’Assemblée nationale du peuple n’ont été rendus publics. On sait cependant que «son but est de contenir les activités pro-indépendantistes à Taiwan», comme l’a affirmé le vice-président de la commission des Affaires étrangères du Parlement chinois, Wu Jianmin. Autrement dit, elle vise à donner au gouvernement chinois une base légale pour réprimer toute tentative d’indépendance de l’île, y compris par des attaques préventives.

La loi anti-sécession sera approuvée à l’unanimité, l’Assemblée nationale du peuple étant un Parlement qui ne fait qu’entériner les lois proposées par le Parti communiste. Mais elle a été fustigée par le Premier ministre taiwanais Franck Hsieh, qui l’accuse de «détruire les bases de la coexistence et nuire aux échanges entre Pékin et Taipei». Mais, pour Wu Jianmin, «la plus grande menace pour la stabilité de la région sont les forces indépendantistes à Taiwan». En effet, la Chine considère l’île comme faisant partie intégrante de son territoire en dépit d’une indépendance de facto depuis l’arrivée au pouvoir des communistes en 1949.

Les Etats-Unis sont inquiets eux aussi et craignent que la loi anti-sécession ne modifie l’équilibre des forces et le statu quo politique sur les deux rives du détroit de Formose. Washington a donc décidé d’allumer des contre-feux. Deux initiatives sont à l’étude au Congrès américain: la première envisage la reprise des relations diplomatiques avec Taipei. Les Etats-Unis avaient reconnu la République populaire de Chine et par conséquent le principe de l’existence d’une seule Chine en 1979. Depuis, leurs relations avec Taiwan se limitent officiellement au traité d’alliance militaire. Ce traité, qui remonte aux premières heures de la Guerre froide, engage les américains à fournir au gouvernement taiwanais les armes pour la défense de l’île en cas d’attaque chinoise.

Deuxième initiative: en février, le Japon et les Etats-Unis ont signé une déclaration conjointe sur leurs l’objectifs stratégiques communs en mettant l’accent sur les moyens d’aplanir les tensions dans le détroit de Formose. Aujourd’hui, Washington veut toujours défendre Taiwan. Mais privilégie la solution négociée, en soutenant le Premier ministre taiwanais qui s’est prononcé, le 25 février, en faveur de l’ouverture de négociations «pour une coexistence positive des deux côtés du détroit de Formose».

par Any  Bourrier

[04/03/2005]