Société
Violentes échauffourées à la Goutte-d’or
(Photo: AFP)
Lundi soir 7 mars, un policier a interpellé et grièvement blessé par balle, à l’épaule et au thorax, un homme qui vendait de la drogue dans une voiture. Immédiatement après, des échauffourées ont embrasé le quartier parisien de la Goutte-d’or. Voyant dans cette arrestation musclée du jeune homme «une bavure policière», des bouteilles incendiaires et divers projectiles ont été lancés par des jeunes du quartier sur les policiers, des voitures ont été brûlées, des scooters et des poubelles renversés, des vitres brisées. Les affrontements avec les forces de l’ordre ont eu lieu quatre heures durant dans le quartier parisien de la Goutte-d’or (XVIIIe arrondissement), au terme desquels une dizaine de jeunes gens ont été interpellés avant d’être placés en garde à vue.
D’après les premiers éléments de l’enquête, des fonctionnaires de la police judiciaire parisienne exerçaient une surveillance de routine rue de la Goutte-d’or pour une affaire de stupéfiants. Selon une source policière, le jeune homme interpellé comme présumé vendeur de crack se serait débattu et le coup de feu serait alors parti. Toutefois, les conditions restent à déterminer avec précision. Une enquête est ouverte. L’IGS, la police des polices, en a été saisie.
Un quartier «sensible», bien connu des forces de l’ordreCe degré de violence dans les affrontements est pourtant rarement atteint dans ce quartier de la Goutte-d’or, réputé aujourd’hui «difficile». Ce joli nom de baptême est dû à un petit vin blanc très prisé qui était cultivé au Moyen Age sur les flancs de la colline du nord parisien. Aujourd’hui il n’y a plus ni vignes, ni moulins, mais le quartier est un des derniers secteurs populaires de la ville et une sorte de village cosmopolite où vit une trentaine de nationalités. Si la diversité culturelle est censée être une source d’enrichissement, la pauvreté et la situation précaire des populations qui habitent le quartier sont également source de tensions sociales liées à la drogue et la prostitution qui y sévissent.
Le journal Le Monde a récemment enquêté sur «L’enfer des crackeurs» qui se débattent par milliers et errent pour moitié sans abri dans ce périmètre de la Goutte-d’or. Le quotidien a fait un gros plan sur «le marché aux médicaments», les acheteurs de Subutex et de crack dans le quartier, la vie dans les squatts et les cages d’escalier des immeubles, les proies des revendeurs de drogue, et le profil de ces derniers, beurs et Africains. Ces zones dites «sensibles» sont bien connues des forces de police qui sillonnent le quartier en permanence, en civil ou en patrouilles, procédant régulièrement à des interpellations et à des vérifications de papiers d’identité.
par Dominique Raizon
Article publié le 08/03/2005 Dernière mise à jour le 08/03/2005 à 16:08 TU