par Coumba Sylla
Article publié le 09/03/2005 Dernière mise à jour le 09/03/2005 à 22:16 TU
La justice sénégalaise se penche sur les importants revenus générés par les bons résultats de la sélection nationale en 2002.
(Photo : AFP)
De notre correspondante à Dakar
Oumar Ndiaye, ancien directeur administratif de la FSF, et Pape Massata Diack, directeur général de Pamodzi, ont été arrêtés et incarcérés lundi. Ils étaient tous deux membres du Comité Foot 2002, en charge de l'organisation de la participation sénégalaise à la Coupe d'Afrique des Nations et à la Coupe du monde. Ils ont connu le même sort que Bounama Dièye, ancien premier vice-président de la FSF chargé de l'administration, qui se trouve en prison depuis le 3 mars. Et l’affaire fait d’autant plus de bruit que l’une des trois personnes arrêtées est le fils de Lamine Diack, président de la Fédération internationale d’athlétisme, une personnalité qui jouit d’une très grande popularité au Sénégal.
Tous trois étaient impliqués dans «la gestion des retombées de la CAN et du Mondial 2002», explique un spécialiste du football sénégalais sous couvert de l'anonymat. Il leur est reproché «le cumul de frais de mission et de primes de qualification» et des frais «d'hébergement et de restauration excessifs» lors du Mondial 2002, indique l'agence de presse sénégalaise (APS, officielle). Aucune estimation chiffrée n'était disponible sur le montant du préjudice.
Les trois responsables de la FSF et de Pamodzi figurent sur une liste de personnes dont la Cour des comptes du Sénégal a «recommandé» l'audition dans un rapport d'audit publié en mars 2004 sur la participation sénégalaise au dernier Mondial en date. Selon ce document, les membres de l'encadrement administratif étaient pris en charge au même titre que l'encadrement technique et les joueurs. Ils bénéficiaient en plus de la prime de participation d'un montant de 4 millions de francs CFA (plus de 6 000 euros) et de frais de missions de 100 dollars (environ 75 euros) par jour. D'après la même source, à la fin des compétitions, la Fédération a effectué des dépenses dont le montant a dépassé celui de la contribution de la Fédération internationale de football (FIFA) pour la pension et l'hébergement, qui s'élevait à plus de 241 millions de FCFA (plus de 367 000 euros).
Par ailleurs, «il avait été confié à des dirigeants du sports sénégalais la vente de billets. Les recettes n'ont pas été versées», indique le spécialiste du football. «La participation à une Coupe du monde doit créer des retombées pour les pays. Rien n'a été vu comme investissement» au Sénégal, estime-t-il.
L’enquête se poursuit
Aucun responsable de la Fédération ne souhaitait s'exprimer sur ce que la presse locale appelle «une affaire de sous polluant le milieu du foot sénégalais». Les interpellations pourraient cependant ne pas s'arrêter aux trois responsables déjà sous les verrous, indiquent plusieurs sources, en se référant notamment à la liste de personnes citées par la Cour des comptes.
Le journal Le Quotidien (privé) a affirmé dans son édition de mercredi que Mbagnick Ndiaye, autre ex-responsable du Comité Foot 2002 et du Service de l'administration générale et de l'équipement (Sage) au ministère des Sports a été entendu dans le cadre de la même affaire. Selon le journal, il aurait payé une caution de 8 millions de FCFA (plus de 12 000 euros) pour pouvoir rester en liberté.
Cette «affaire de sous» risque d'alourdir l'ambiance dans la tanière des Lions - surnom de l'équipe du Sénégal - à quelques jours du match Sénégal-Liberia prévu le 26 mars à Dakar dans le cadre des éliminatoires combinées CAN-Mondial 2006. Le Sénégal avait fait un parcours jugé «honorable» lors de ces compétitions, en atteignant la finale à la CAN organisée au Mali, et - pour la première fois de son histoire - les quarts de finale au Mondial joué au Japon et en Corée du Sud.