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JO 2012

Paris croise les doigts

Le président Jacques Chirac a tenu à recevoir à l'Elysée la mission d'évaluation du CIO emmenée par la Marocaine Nawal El Moutawakel.(photo : AFP)
Le président Jacques Chirac a tenu à recevoir à l'Elysée la mission d'évaluation du CIO emmenée par la Marocaine Nawal El Moutawakel.
(photo : AFP)
Après avoir examiné pendant quatre jours la candidature française, la mission d’évaluation du Comité international olympique s’est envolée dimanche pour Moscou, cinquième ville en lice pour l’obtention des XXXe Jeux d’été. Le comité Paris 2012 a été félicité pour son professionnalisme et a reçu le prix de «l’excellence». Mais ses membres se gardent de tout triomphalisme, sachant bien que la lutte sera acharnée jusqu’au bout entre les différentes villes candidates.

Parlera-t-on du «Stade de France-Paris 2012» seulement pendant les quatre prochains mois ou bien jusqu’à l’été 2012? La question se pose après la décision des défenseurs de la candidature parisienne de renommer la semaine dernière la plus importante enceinte sportive de France. Elle portera ce nom au moins jusqu’au 6 juillet, date à laquelle sera désignée par le comité international olympique (CIO) la ville hôte des Jeux 2012, et le conservera bien sûr si Paris est choisie. «Tous les en-têtes, les billets, les programmes, quelque soit le sport pratiqué dans cette arène, porteront le nouveau nom, le nouveau logo et les couleurs de Paris 2012», a expliqué Pascal Simonin, directeur général délégué du Consortium Stade de France. Une nouveauté que les membres de la commission d’évaluation du CIO, au travail pendant quatre jours la semaine dernière à Paris, ont été les premiers à découvrir en inspectant ce stade dans lequel sont notamment prévues les cérémonies d’inauguration et de clôture des Jeux.

Chaque geste et chaque parole des membres de la mission du CIO ont été guettés et analysés lors de leur séjour parisien. Leur visite a pris les allures d’un véritable marathon au cours duquel la mission d’évaluation a visité les sites déjà existants, s’est rendue sur les lieux où sont prévues de nouvelles infrastructures et a intensément interrogé les responsables du comité Paris 2012. L’examen du dossier de Paris a ressemblé à un grand oral pour les piliers de cette candidature qui ont eu à répondre à plus de 220 questions en quatre jours. A l’issue de cette épreuve, le jury emmené par la Marocaine Nawal El Moutawakel a évité de donner un avis précis, gardant soigneusement ses remarques et appréciations pour le rapport final qui sera remis au CIO. Championne olympique du 400 mètres haies en 1984, Nawal El Moutawakel a démontré lors de la conférence de presse concluant cette visite qu’elle restait une reine du saut d'obstacle. Pressée de questions , elle s’est contentée d’attribuer le «prix de l’excellence» et à féliciter l’équipe qui défend la candidature parisienne pour «la très grande qualité de sa présentation».

A l’issue des trois missions d’évaluation réalisées dans les villes concurrentes de Paris pour l’organisation des Jeux 2012, Nawal El Moutawakel s’était déjà montrée extrêmement diplomate, se contentant d’adresser un compliment à chacune d’entre elle. Madrid avait ainsi été félicitée pour son «professionnalisme», Londres pour sa «passion» et New York son «enthousiasme». Moscou, cinquième ville en lice dans cette compétition olympique, espère également recevoir des encouragements à l’issue de la mission d’évaluation qui a débuté ce lundi. Redoutant de pécher par excès de confiance, le comité Paris 2012 a tenu à relativiser les commentaires élogieux de l’ancienne championne. «Nous avons fait du bon boulot mais nous n’avons pas encore gagné. Le verdict, ce sera le 6 juillet à Singapour», a ainsi rappelé le maire de Paris Bertrand Delanoë, en rappelant que les quatre villes déjà visitées avaient reçu des jugements assez positifs.

Une lutte acharnée en perspective

Les journalistes étrangers qui ont suivi le déroulement de la mission d’évaluation du CIO à Paris ont eux aussi estimé que la capitale française, donnée favorite, avait su bien défendre ses chances. Les médias espagnols ont cependant relevé plusieurs accrocs dans cette candidature. Le principal est lié à une lettre dans laquelle le président du Comité national olympique et sportif français, Henri Sérandour, s’engage à faciliter la venue en France des membres des comités nationaux olympiques en leur proposant des visas gratuits. Cette disposition a été beaucoup commentée dans la presse espagnole, certains journaux l’interprétant comme une faveur peu honnête. Mais le CIO a tenu à préciser qu’elle répondait à la nécessité de favoriser la circulation des membres de la famille olympique et qu’elle ne constituait en rien une violation de la charte olympique.

Pour l’agence de presse espagnols EFE, l'une des faiblesses du dossier parisien tient à la fronde menée par plusieurs associations de défense de l’environnement qui dénoncent l’amputation d’une partie du Bois de Boulogne pour la rénovation du complexe tennistique de Roland Garros. Plusieurs de leurs représentants ont d’ailleurs été reçus par la mission d’évaluation. Et la grande capacité de mobilisation des syndicats pourrait également, selon certains médias étrangers, être un obstacle pour Paris, grèves et manifestations pouvant perturber le déroulement des Jeux. Une menace alimentée par la présence de quelque 150 000 personnes dans les rues de Paris jeudi 10 mars, le jour où Nawal El Moutawakel et ses collaborateurs visitaient différents sites dans la capitale. Mais cette manifestation n’a entraîné aucun désagrément pour eux et n’a en rien modifié leur programme de travail. Et ils ont même pu voir que beaucoup de manifestants portaient des casquettes et des tee-shirts aux couleurs de la candidature de Paris.

Les polémiques de ce genre ne devraient pas manquer de se multiplier au cours des quatre prochains mois, la lutte pour l’obtention des Jeux devrait encore gagner en intensité entre les cinq villes en lice. Car même si les attaques directes ne sont pas permises, il est certain que chaque ville concurrente va tenter de se mettre le plus possible en avant. Carlos Martin, directeur de l’information du comité Madrid 2012, a ainsi récemment déclaré que la capitale espagnole était «bien en avance» sur ces concurrentes en terme d’infrastructures, 70 % des installations prévues pour héberger cet événement étant déjà construites ou en phase de réalisation. Et à ce rythme, Madrid serait ainsi prête à accueillir les Jeux dès l’année 2008 ou 2009. Une déclaration destinée à séduire les plus hautes instances du CIO après l’épisode angoissant des Jeux d’Athènes en 2004, les organisateurs grecs n’ayant achevé les travaux que très peu de temps avant le début de cette compétition.


par Olivier  Bras

Article publié le 14/03/2005 Dernière mise à jour le 14/03/2005 à 17:10 TU