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Euthanasie

George Bush veut «rebrancher» Terri Schiavo

Manifestation en faveur de Michael Schiavo, le mari de Terri, qui souhaitait l'interruption de l'alimentation artificielle de sa femme. L'affaire Terri Schiavo a donné lieu à plusieurs manifestations anti et pro euthanisie.(Photo : AFP)
Manifestation en faveur de Michael Schiavo, le mari de Terri, qui souhaitait l'interruption de l'alimentation artificielle de sa femme. L'affaire Terri Schiavo a donné lieu à plusieurs manifestations anti et pro euthanisie.
(Photo : AFP)
L’affaire Terri Schiavo, et avec elle le débat sur l’euthanasie, n’en finit pas de rebondir aux Etat-Unis: le président américain écourte ses vacances pour signer une loi destinée à rétablir l’alimentation artificielle de la victime en coma profond depuis 15 ans, une alimentation interrompue vendredi sur décision de justice. Bush s’obstine à vouloir «rebrancher» au nom d’une «culture de vie». La tragédie familiale se transforme en farce politique.

Le Sénat s’est réuni samedi pour permettre à la Chambre des représentants de se réunir en session extraordinaire dimanche, et préparer un nouveau texte de loi portant exclusivement sur l’affaire Schiavo. George W.Bush rentre donc plus tôt que prévu de son ranch de Crawford (Texas) et regagne prématurément Washington (dimanche au lieu de lundi) pour le signer dans l’urgence. Le texte de loi préparé devrait permettre aux parents de Terri Schiavo, de faire appel devant une cour fédérale -qui, jusqu’à présent, a refusé de se saisir de l’affaire- et d’obtenir, «le temps de cet appel», le «rebranchement» de leur fille Terri Schiavo.

Scott McClellan, porte-parole de la Maison Blanche, a insisté: «Il s’agit de défendre la vie». Si aucune objection n’entrave la marche des débats, les deux chambres examineront le texte de loi selon une procédure accélérée afin que le Sénat puisse le transmettre au plus tard lundi matin à George W.Bush.

«Elle est en vie comme vous et moi,…»

Mais de quelle vie s’agit-il ? De celle d’une femme de 41 ans, victime d’un accident cardiovasculaire, plongée depuis quinze ans dans un coma irréversible attesté par 18 médecins. Depuis 15 ans, la famille s’entre-déchire quant au sort à lui réserver. D’un côté, le mari assure que son épouse aurait préféré être euthanasiée si elle avait eu son libre-arbitre. A l’opposé, les parents de la victime se sont toujours battus pour maintenir en vie cette femme reconnue en état de mort cérébrale, et sont toujours parvenus, en appel, à obtenir le maintien en vie artificielle, estimant qu’ «elle est bien vivante».

Le chef de la majorité républicaine s’empare de l’affaire -qui de familiale devient nationale- et se range du côté de la famille, soutenant que Terri Schiavo, en dépit des expertises médicales: «est en vie comme vous et moi, et en tant que telle nous avons une obligation morale de la protéger, et de la défendre face au sort réservé par les tribunaux de Floride». La campagne a été relayée, notamment, par Christian coalition (l’organisation chrétienne conservatrice), qui a poussé les parlementaires républicains à intervenir pour «sauver Terri Schiavo».

En attendant lundi le rebondissement rocambolesque de cette tragédie, Terri Schiavo a donc été «débranchée», pour la troisième fois en 15 ans, vendredi. La Cour suprême des Etats-Unis, a rejeté la demande des parents et de l’Etat de Floride de différer l’arrêt des machines. Face à cette énième remise en question de la décision de justice, le mari de Terri Schiavo, soutenu par les démocrates, dénonce l’ingérence de l’Etat dans ses affaires personnelles. Si les choses restaient en l’état, Terri Schiavo devrait s’éteindre d’ici deux semaines.


par Dominique  Raizon

Article publié le 20/03/2005 Dernière mise à jour le 21/03/2005 à 08:12 TU