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Santé

Epidémie de fièvre hémorragique en Angola

Comme avec Ebola, le pouvoir pathogène du virus de Marburg est important: 60% de mortalité chez l'homme.(Photo: AFP)
Comme avec Ebola, le pouvoir pathogène du virus de Marburg est important: 60% de mortalité chez l'homme.
(Photo: AFP)
La fièvre hémorragique due au virus de Marburg a fait plus d’une centaine de morts en Angola depuis le mois de novembre 2004. Elle a connu un pic depuis la mi-mars et est précisément localisée dans le nord de l’Angola.

Les autorités de l’hôpital de Uige dans le nord de l’Angola ont signalé la mort de 113 personnes ces derniers mois. Les décès sont essentiellement dus au virus de Marburg, voisin du virus Ebola. Selon les experts de l’OMS alertés par les services sanitaires angolais, cette dernière poussée de l’épidémie pose quelques questions non encore élucidées. Elle a surtout touché des enfants de moins de cinq ans, alors que les fièvres hémorragiques connues frappent indifféremment toutes les populations. Mais les derniers décès ont concerné un jeune de 15 ans et une femme médecin pédiatre italienne qui travaillait pour une organisation non gouvernementale, Medici con Africa Cuamm.

Ce sont à des laboratoires, Pasteur de Dakar (Sénégal) et à Atlanta (Etats-Unis) que les réponses confirmant l’identité du virus sont arrivées. Il s’agit bien du virus de Marburg contre lequel aucun traitement efficace n’existe. Fièvre aiguë, hémorragie interne et externe, douleurs musculaires, maux de tête, conjonctivite, maux de gorge, nausées, vomissements, diarrhées, éruptions cutanées sont les premiers symptômes qui s’aggravent en entraînant des hémorragies diverses. Après une période d’incubation de 3 à 9 jours, la maladie se déclenche soudainement par ces différents symptômes qui auxquels s’ajoutent des dysfonctionnements de nombreux organes et mettent les victimes en état de choc et de délire. La mortalité, lorsque la maladie est déclarée, est de plus de 60%.

Le mode de transmission est le contact direct avec le sang, les liquides organiques et les sécrétions respiratoires. La transmission entre humains n’est pas clairement établie, en revanche le virus se transmet d’un animal (singe) à un humain par les organes contaminés, les excoriations de la peau. Le réservoir de ce virus est inconnu des scientifiques qui pensent par ailleurs que les singes porteurs du virus ne sont des réservoirs naturels mais plutôt «des hôtes accidentels».

Un virus très proche de celui d’Ebola

Le virus a été identifié pour la première en Allemagne dans la ville de Marburg en 1967, d’où son nom. Le personnel d’un laboratoire, mis en contact avec des singes importés d’Ouganda, avait été les premières victimes connues de ce virus. A Francfort (Allemagne) et à Belgrade (Yougoslavie) des personnels de laboratoires ont aussi été contaminés. Sur une trentaine de cas avérés, sept décès ont été comptabilisés. Ce n’est qu’en 1975 que la réapparition du virus a été signalée et sur le continent africain, en Afrique du Sud, au Kenya, au Zimbabwe et en République démocratique du Congo, qui a connu l’épidémie la plus grave en entre 1998 et 2000, avec 123 morts sur les 149 cas recensés.

La réapparition du virus en Angola, et dans la province de Uige, région frontalière du Bas-Congo en RDC où la fièvre Ebola a sévi ces dernières années est peut-être une donnée intéressante pour les scientifiques qui trouvent le virus de Marburg très proche d’Ebola.
Les autorités sanitaires angolaises ont refusé de restituer les corps aux familles pour les cérémonies traditionnelles d’enterrement afin d’éviter toute manipulation des cadavres. Des mesures de mise en quarantaine de la région concernée ne sont pas prises officiellement, mais les autorités politiques ont empêché, ces derniers jours, des véhicules de transport en commun et de marchandises de se rendre dans la province de Uige.


par Didier  Samson

Article publié le 25/03/2005 Dernière mise à jour le 25/03/2005 à 17:29 TU