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Tanzanie

Massaïs et Sonjos s’affrontent à nouveau

Massaïs de la région d'Arusha. Ceux-ci ont besoin de pâturages pour leur bétail, alors que les Sonjos ont besoin de cultiver la terre.(Photo: AFP)
Massaïs de la région d'Arusha. Ceux-ci ont besoin de pâturages pour leur bétail, alors que les Sonjos ont besoin de cultiver la terre.
(Photo: AFP)
Dans le Nord de la Tanzanie, la tension monte à nouveau entre éleveurs massaïs et agriculteurs sonjos. La question des terres est au centre du problème. Il y a quelques mois, de précédents affrontements avaient fait six morts et causé d’importants dégâts matériels.

De notre correspondant en Tanzanie

Cette fois c’est certain, il ne sera pas pris de court. James Kombe, le chef de la police tanzanienne pour la région d’Arusha a pris ses précautions. Depuis une dizaine de jours, certains de ses hommes sont sur le terrain, dans le district de N’gonrongoro, au nord-ouest du parc national du même nom. «Nous avons la situation en main et nous travaillons avec les populations afin de veiller au respect de la paix et de la tranquillité dans cette région». Une région où tout n’est donc pas calme. Diverses sources ont indiqué ces dernières semaines que des groupes de combattants issus de deux communautés opposées -les éleveurs massaïs d’un côté et les agriculteurs sonjos de l’autre- étaient à nouveau sur le pied de guerre: réunions de mobilisation, séances d’entraînements de milices… Rien de bien nouveau en somme, dans le long conflit qui oppose les deux communautés. Elles se disputent un l’accès à la terre, qui ne suffit plus à subvenir à leurs besoins vitaux.

Selon un récent rapport du Pingos Forum, une ONG de défense des droits des éleveurs massaïs basée à Arusha, tel est en effet le principal enjeu de ce conflit. Et même si ces rivalités sont aussi vieilles que la cohabitation entre éleveurs d’un côté, et agriculteurs de l’autre, dans le cas d’espèces les Massaïs, ont besoin de pâturages pour leur bétail, alors que les agriculteurs sonjos ont besoin de terres pour leurs champs. Un conflit qui a pris, en septembre dernier, des dimensions nouvelles et inquiétantes.

Apparitions d’armes à feu dans le conflit

Plusieurs faits sont en effet survenus de manière simultanée, à commencer par l’introduction d’armes à feu. Des kalachnikovs et d’autres armes légères notamment ont fait leur apparition aux côtés des flèches et lances utilisées jusque-là par les guerriers des deux camps. Le respect par les parties en conflit de tactiques de guerres dignes de forces bien encadrées, et la pratique de la stratégie de la terre brûlée notamment ont occasionné des dégâts d’une ampleur inégalée. En plus des six morts enregistrés -selon un décompte qui serait en dessous de la réalité- 360 maisons ont été incendiées dans différents villages et 330 têtes de bétails ont été volées ou tuées.

Ces affrontements sont les plus violents depuis ceux de 1975, date à laquelle le conflit entre Massaïs et Sonjos a pris pour la première fois une tournure véritablement dramatique, suscitant la mobilisation des autorités politiques. Depuis lors, les tentatives de médiation ont toutes échoué. Il y a quelques années, en guise de solution, les autorités ont proposé de répartir les terres entre les deux communautés. Une répartition qui n’a pas satisfait les Sonjos car ils auraient hérité des terres les moins cultivables. Minoritaires dans le district de N’gonrongoro, ils seraient les premiers à avoir repris les sentiers de la guerre, contre les Massaïs, plus nombreux et qui semblent régner en seigneurs sur les vastes plaines du nord de la Tanzanie et du sud du Kenya.

Dans ce conflit, une sortie négociée semble pour l’heure improbable, d’autant qu’après chaque affrontement, la police procède à quelques arrestations et inculpations sans lendemain. Des appels au calme sont lancés et, à quelques reprises, des pourparlers de paix sans grande ambition s’ouvrent puis se referment sur de bonnes résolutions qui n’engagent que ceux qui y croient. Les affrontements de septembre dernier ont d’ailleurs eu lieu quelques heures après des pourparlers de paix tenus à Arusha, sous les auspices des autorités régionales. Autant dire que pour les parties en conflit, mais également pour de nombreux observateurs, ces autorités font tout sauf s’attaquer à la racine du problème, ce que confirme l’envoi de policiers sur le terrain ces derniers jours alors que l’on signale un nouveau regain de tension. 


par André-Michel  Essoungou

Article publié le 26/03/2005 Dernière mise à jour le 26/03/2005 à 11:06 TU