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Eglise catholique

Une «perte immense» pour les Sénégalais

Le président sénégalais Abdoulaye Wade avait rencontré le pape Jean-Paul II au Vatican, le 13 mai 2004.(Photo : AFP)
Le président sénégalais Abdoulaye Wade avait rencontré le pape Jean-Paul II au Vatican, le 13 mai 2004.
(Photo : AFP)
A Dakar, capitale d'un pays musulman à 94% selon les chiffres officiels, l'annonce de la mort du pape Jean Paul II a été accueillie avec tristesse et émotion par les habitants, toutes religions et classes sociales confondues.

De notre correspondante à Dakar

«La disparition du souverain pontife est une perte immense non seulement pour l'Église catholique mais aussi pour l'ensemble de la communauté internationale», déclare le président sénégalais Abdoulaye Wade dans un message transmis dimanche au cardinal camerlingue, sorte de pape «par intérim».

Lorsque Marie-Thérèse Tine a appris la nouvelle «à la radio», cette catholique pratiquante de Grand-Dakar, un quartier populaire de Dakar, a été «tellement bouleversée qu'(elle) en a pleuré», dit-elle.

«C'était un homme de dialogue. On a perdu quelqu'un de bien», affirme Marie-Thérèse, en indiquant avoir prié pour lui à la maison et à l'église de son quartier, Sainte-Thérèse. «Il a accompli sa mission sur terre. C'est un pape qui a facilité l'intégration des cultures africaines dans le culte» chrétien, estime Serge Fatigba, étudiant béninois et protestant, qui a aussi prié pour Jean Paul II, en saluant «le grand homme» qu'il fut.

El Hadj, commerçant au marché Sandaga (centre-ville) et musulman pratiquant, et Lemzo, «croyant rek (simple croyant)» jouant au foot avec une bande de copains, affirment également avoir été «peinés» par la mort du pape, un «homme de paix», selon eux. Quant à Amadou, vendeur de fruits, il ne connaissait de Jean-Paul II que ce qu'en montrait la télévision. «Quand j'ai entendu qu'il est mort, j'ai eu un pincement au coeur, et puis je me suis dit qu'il allait enfin pouvoir se reposer. J'espère que là où il est parti, ce sera meilleur pour lui qu'ici», ajoute-t-il.

Des deux télévisions locales - la RTS (publique) et la RTS-2S (semi-privée) - aux chaînes de radios publiques et privées, tous les médias du pays ont interrompu leurs programmes habituels à l'annonce de la mort du pape, à qui ils ont consacré de larges parties de leur temps d'antenne samedi et dimanche.

Entre différentes émissions, la RTS a diffusé en boucle des chants choraux «en hommage au pape Jean Paul II», ainsi que des extraits du voyage papal de février 1992. Ce séjour avait été marqué par une visite sur l'île de Gorée, symbole de la traite négrière, où le souverain pontife avait demandé pardon à l'Afrique pour le rôle de l'Église dans cette traite.

Avant l'annonce de sa mort, celle de la dégradation de son état de santé avait déjà installé «la douleur» dans les rangs des fidèles, qui ont afflué dans les églises et multiplié les prières pour lui, a expliqué dimanche à la presse l'Archevêque de Dakar, Monseigneur Théodore Adrien Sarr. Mgr Sarr, qui avait à ses côtés un chef religieux musulman, a indiqué avoir invité toutes les églises à célébrer des messes pour le repos de l'âme du défunt de ce lundi à samedi prochain. Il est notamment prévu mardi une messe de requiem dirigée par l'Archevêque de Dakar en la Cathédrale du souvenir africain, située au Plateau (centre-ville) et célèbre pour ses messes chantées, indique un tableau noir arborant la photo du pape, dans le hall du bâtiment. Elle sera suivie d'une «messe des funérailles le même jour que celui que le Vatican décidera», ajoute le texte écrit à la craie.

Les journaux sénégalais, qui ne paraissent pas ce lundi - férié à l'occasion de la fête de l'indépendance célébrée tous les 4 avril depuis 1960 - avaient déjà rendu hommage au pape dans leur édition de samedi.

«Après 27 ans de pontificat, l'ultime combat d'un pape exceptionnel», écrivait le journal privé Sud Quotidien, qui lui a consacré sa Une et quatre pages intérieures sur les douze de la livraison, en le présentant notamment comme «l'apôtre de la nouvelle évangélisation». Avec l'agonie du pape, c'est «une page qui se ferme, mais quelle page alors! Le pape Jean Paul II aura marqué le siècle écoulé», avait de son côté estimé Le Populaire (également privé) dans un billet intitulé «Grandeur d'homme». «Puisse cet homme dormir en paix! Son souvenir restera, pour sûr, gravé dans la mémoire des chrétiens. Et des croyants tout court», concluait-il.


par Coumba  Sylla

Article publié le 04/04/2005 Dernière mise à jour le 04/04/2005 à 11:44 TU

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Abdoulaye Wade

Président du Sénégal

«J’ai éprouvé une douleur extrêmement profonde car Jean-Paul II était un ami du Sénégal.»