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Italie

Déroute électorale pour Berlusconi

Le revers subi par Berlusconi aux régionales est un mauvais coup pour sa coalition avant les législatives de 2006.(Photo: AFP)
Le revers subi par Berlusconi aux régionales est un mauvais coup pour sa coalition avant les législatives de 2006.
(Photo: AFP)
Silvio Berlusconi ressort affaibli des élections régionales partielles qui ont vu une large victoire de l’opposition. Elle a remporté onze des treize régions dans lesquelles des élections étaient organisées, la coalition au pouvoir perdant six des huit régions qu’elle dirigeait avant ce vote. Une cuisante défaite électorale qui pèse très lourd un an avant la tenue d’un scrutin législatif.

Dans le contexte politique actuel, Silvio Berlusconi ne pouvait plus compter que sur un miracle pour éviter une sévère défaite aux élections régionales partielles organisées dimanche et lundi dans 13 des 20 régions italiennes. Le décès samedi du pape Jean-Paul II, et le deuil de trois jours décrété dans le pays, avaient suscité quelques espoirs chez les partisans du président du Conseil de voir ce scrutin repoussé. Une éventualité balayée par Giuseppe Pisanu, ministre de l’Intérieur. «On peut suspendre des matchs de football, pas des élections», a-t-il expliqué dans une interview publiée dimanche par le journal catholique Avvenire, en ajoutant que le fait de «délaisser les urnes serait contraire» aux enseignements du défunt pape. Les électeurs ont partagé son avis puisque le taux de participation s’est élevé à 71,4%, soit seulement 1,7 point de pourcentage de moins que lors des précédentes élections régionales.

La déroute électorale anticipée par les instituts de sondage a du coup bien eu lieu, se transformant même, selon différents observateurs ou acteurs politiques, en «débâcle», en «hécatombe» voire en «massacre». L’opposition de centre-gauche emmenée par Romano Prodi a recueilli 52,9% des voix, contre 45,1% pour la coalition du président du Conseil. Des résultats qui se traduisent par la perte de six des huit régions qu’elle dirigeait. Pour l’opposition, ce scrutin se solde, au contraire, par un triomphe sans précédent puisqu’elle contrôle désormais quinze des vingt régions du pays. «Je ne m’attendais pas à une victoire de cette ampleur», a reconnu Romano Prodi. «Avec ce vote, les Italiens nous demandent de nous préparer à gouverner pour faire avancer le pays», a déclaré l’ancien président de la Commission européenne, qui enregistre une belle victoire électorale pour la première campagne qu’il menait depuis qu’il est revenu sur la scène politique italienne. Et il pourrait même savourer un nouveau succès d’ici une quinzaine de jours dans la région de Basilicate où vont également se dérouler des élections régionales.

La coalition de Silvio Berlusconi n’a conservé dans son escarcelle que deux de ses fiefs du nord, la Lombardie et la Vénétie, perdant la Ligurie et le Piémont. Elle s’est également montrée incapable de conserver la présidence de la région de Rome (le Latium), qui possède un poids très important sur l’échiquier politique national. Le président sortant du Latium, Francesco Storace, avait insisté avant ce scrutin sur l’importance pour la coalition de garder le contrôle de cette région, prédisant même le pire dans le cas contraire. «Si nous perdons le Latium, le successeur de Berlusconi ne peut être que Prodi », a déclaré Francesco Storace en anticipant le résultat des élections législatives qui se dérouleront dans un an en Italie. Dépité, il a reconnu sa défaite après le vote et qualifié les résultats des élections régionales partielles «d’hécatombe» pour la coalition à laquelle il appartient.

Silvio Berlusconi sur la sellette

Après cette cuisante défaite, certains dirigeants de la coalition n’ont pas hésité à demander au Cavaliere d’assumer sa part de responsabilités dans cet échec. «Berlusconi est le chef du gouvernement et le patron de la coalition. Si la coalition perd, lui aussi perd», a expliqué Ignazio La Russa, numéro 2 d’Alliance nationale (AN), le second parti de la coalition de M. Berlusconi. Une position que ne semble par partager le président du Conseil, qui s’était efforcé de minimiser avant le scrutin les conséquences d’une défaite annoncée. «L’important, ce ne sera pas le nombre des régions, mais le nombre total des voix que prendront les deux coalitions», avait ainsi expliqué la semaine dernière Silvio Berlusconi, qui s’attendait à voir l’électorat sanctionner la politique de son gouvernement. «Dans un moment peu propice pour l’économie, l’opposition est avantagée», avait-il expliqué. Les indicateurs ne sont en effet pas très favorables pour lui et son équipe, la Commission européenne ne prévoyant pour l’Italie cette année qu’un taux de croissance de 1,2%.

«Le résultat des régionales est un signal d’alarme et un message clair et sans équivoque envoyé par les électeurs. Le gouvernement est politiquement plus faible. Pour la majorité, le moment est venu d’être réaliste, humble et sérieux», a estimé le chef de la diplomatie Gianfranco Fini, également vice-Premier ministre et chef d’AN. Des propos qui mettent directement en cause le président du Conseil, accusé par certains de ne pas mesurer l’ampleur de la défaite à un an des élections législatives. Pour Silvio Berlusconi, qui a annoncé son intention d’aller jusqu’au bout de son mandat, ce revers électoral risque donc fort de compliquer encore plus la donne politique. La vague de protestation suscitée par l’engagement militaire italien en Irak avait déjà suscité des dissensions au sein de sa propre majorité. Et cette sévère défaite ne devrait pas manquer d’accentuer les tensions au sein de la coalition au pouvoir, voire de son propre parti, Forza Italia.


par Olivier  Bras

Article publié le 05/04/2005 Dernière mise à jour le 06/04/2005 à 09:19 TU

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Anne Le Nir

Correspondante de RFI en Italie

«La déconfiture de Silvio Berlusconi n'est pas l'effet du hasard.»

Marc Lazar

Professeur des Universités à l'Institut d'Études Politiques de Paris

«On s’attendait à une défaite de Silvio Berlusconi et elle est considérable…»

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