Obsèques de Jean-Paul II
Dernier hommage au Pape défunt
(Photo: AFP)
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Lorsque la messe d’obsèques, prononcée par le cardinal Ratzinger, a débuté, l’ensemble des personnalités arrivées à Rome pour assister à cette cérémonie avaient pris place de chaque côté du cercueil : à gauche ont été installés les rois, reines, chefs d’Etat et de gouvernement, à droite les autorités religieuses. Jamais un événement de ce type n’a réuni autant de dirigeants internationaux, et surtout, n’a mis en présence des personnalités aussi antagonistes que le président américain George W. Bush et celui d’Iran, Mohammad Khatami. De Jacques Chirac, le chef de l’Etat français, à Aleksander Kwasniewwski, son homologue polonais, en passant par les présidents du Portugal, Jorge Sampaio, du Cameroun, Paul Biya, du Brésil, Lula da Silva, de Bolivie, Carlos Mesa, de Syrie, Bachar al-Assad, d’Afghanistan, Hamid Karzaï, d’Algérie, Abdelaziz Bouteflika, d’Israël, Moshe Katsav, la présidente des Phlippines, Gloria Arroyo… environ 70 dirigeants ont fait le voyage. Les seules absences particulièrement notables concernent le président russe, Vladimir Poutine, représenté par son Premier ministre, Mikhaïl Fradkov, et la Chine qui n’a envoyé personne en raison de la présence du président de Taiwan.
De nombreux dignitaires religieux
Les représentants des familles régnantes du monde entier sont, eux aussi, venus nombreux assister aux obsèques de Jean-Paul II. Le roi Juan Carlos et la reine Sofia d’Espagne, le roi Albert II et la reine Paola de Belgique, Abdallah et Rania de Jordanie, le prince Charles d’Angleterre se sont retrouvés à Rome. Le nouveau prince de Monaco, Albert II, qui vient de perdre son père Rainier III, n’a, en revanche, pas assisté à cette cérémonie.
Mais surtout, les différentes communautés religieuses ont tenu à rendre hommage à un pape qui a œuvré avec conviction de son vivant en faveur du rapprochement des religions. L’ayatollah Sistani, le plus haut dignitaire de l’islam chiite, n’était pas là mais a envoyé un message de condoléances au Vatican. Bartolomée 1er, le patriarche de Constantinople, a en revanche fait le déplacement, tout comme Mgr Christodoulos, le chef de l’Eglise orthodoxe grecque, Mesrob II, le patriarche arménien orthodoxe d’Istanbul, Nasrallah Sfeir, le patriarche de l’Eglise maronite, ou encore le patriarche de l’Eglise orthodoxe roumaine, Téoctist, le chef de l’Eglise apostolique arménienne, Karékine II, et le chef spirituel de l’Eglise anglicane, l’archevêque de Cantorbéry… Le Grand Rabbinat d’Israël a aussi tenu à être représenté à cette cérémonie en l’honneur de Jean-Paul II et a délégué Oded Wiener, son directeur général, et le grand rabbin de Haïfa, Shaar Yichouv Hacohen.
«Qu’il soit fait saint tout de suite».
Si cette mobilisation sans précédent des personnalités internationales a donné une répercussion hors norme aux obsèques de Jean-Paul II, la ferveur des fidèles a montré que ce pape a aussi, et peut-être avant tout, été un guide spirituel qui a réussi à remobiliser la communauté catholique. Après trois jours au cours desquels plus de deux millions de personnes ont défilé pour se recueillir devant la dépouille de Jean-Paul II, au moins un million de fidèles se sont regroupés place Saint-Pierre et dans les rues avoisinantes pour assister à la messe d’obsèques. Sans parler de tous les pèlerins arrivés en Italie mais qui n’ont pas pu se rendre à Rome, dont les accès ont dû être fermés. La foule a été particulièrement calme et recueillie durant la cérémonie. Mais une clameur est tout à coup montée sur la place, un peu avant la fin de la messe. Dans un élan d’émotion, les fidèles ont appelé à reconnaître le rôle majeur du Pape en le béatifiant immédiatement. Ils ont crié : «Qu’il soit fait saint tout de suite».
Jean-Paul II n’a pas été un pape comme les autres. La durée de son pontificat, ses engagements doctrinaires et politiques y sont vraisemblablement pour beaucoup. Son courage face à la souffrance a certainement aussi participé à lui donner l’aura d’un saint qui poursuit sa mission par-delà les plus terribles épreuves. L’homélie du cardinal Ratzinger a d’ailleurs insisté sur les qualités de Jean-Paul II qui «a pu porter une charge qui allait au-delà des forces humaines». Il a aussi mis en valeur «la communion» avec le Christ de cet homme dont «le message de souffrance et de silence» a été «si éloquent et si fécond».
A l’issue de la messe, solennelle et simple au cours de laquelle prières et chants se sont succédé pendant environ une heure trente, la dépouille du Saint-Père a été transportée à l’intérieur de la basilique Saint-Pierre. Jean-Paul II y a été enterré, dans la grotte, après avoir été placé dans deux autres cercueils, le premier en zinc, le second en chêne rouvre. Et c’est une fois cette dernière cérémonie achevée que son règne a véritablement pris fin. L’Eglise peut désormais attendre l’élection de son successeur.
par Valérie Gas
Article publié le 08/04/2005 Dernière mise à jour le 08/04/2005 à 15:57 TU