Architecture
Un nouvel habit pour la Maison de la radio
(Image: Architecture Studio)
La Maison de la radio au moment de son inauguration, en 1963. (Photo: AFP) |
Sécurité et esthétisme doivent pouvoir rimer
Au-delà de la sécurité, des aménagements fonctionnels visant une meilleure circulation à l’intérieur des bâtiments ont été étudiés. Architecture Studio a conservé l’existence de la petite couronne qui se trouve à l’intérieur de l’enceinte du bâtiment: elle sera aménagée en sorte de place centrale couverte, et cet atrium sera le nouveau cœur du bâtiment, constituant par ailleurs un lieu naturel de rencontres pour tous les personnels. La localisation des secteurs devrait s’en trouver simplifiée, grâce à une entrée principale d’où partiront les différents bras de l’étoile indiquant les grands secteurs. Cette simplification était nécessaire: pour preuve, les surnoms familiers de «Maison ronde» ou de «Palais gruyère» donnés jusqu’à présent à la Maison de la radio par des visiteurs égarés dans le dédale kafkaïen (ndlr: circonférence: 500 mètres, et 9 kilomètres de couloirs) sans parvenir à trouver l’adresse d’un bureau ou d’un studio.
L’accès à l’intérieur du bâtiment se fera par deux entrées principales, l’une se trouvant sur le front de Seine et correspondant à l’actuel grand hall, la seconde, diamétralement opposée, se situant du côté de la rue Raynouard (actuelle porte D). Les deux entrées seront reliées par un grand hall vitré. Esthétisme et fonctionnalité n’étant en rien antinomiques, les paramètres d’embellissement ont en effet été pris en compte pour que l’ensemble gagne en clarté et en transparence. A l’intérieur, le bâtiment devrait être plus convivial et plus seyant: agrémenté de jardins intérieurs et de passerelles les surplombant. Les façades intérieures de l’enceinte, aujourd’hui alvéolées de centaines de fenêtres carrées alignées avec austérité, seront allégées par une double peau vitrée plongeant aussi sur ces jardins. Extérieurement aussi, le bâtiment devrait être plus harmonieusement intégré avec l’environnement, grâce à des terrasses et parvis extérieurs paysagers donnant à la fois sur la Seine et sur la rue Raynouard. Quant à l’accès au vaisseau mère de la radiodiffusion, il devrait se trouver simplifié par la création d’un parking souterrain d’une capacité de 600 places du côté de l’entrée parallèle à la Seine.
Une vieille dame relookéeLa sélection s’est faite en entonnoir: des trente-cinq dossiers analysés par la commission technique, neuf équipes avaient été présélectionnés dans un premier temps en décembre dernier, au terme d’une procédure de vote transparente précédée d’un débat. Puis elles avaient été invitées à préciser leur projet architectural et organisationnel pour le mois de janvier. Les trois finalistes en lice désignés lors de ce rendez-vous avaient été auditionnés par le comité de sélection fin mars. Mardi 19 avril, le jury désignait le lauréat du concours. Créé en 1973, Architecture Studio regroupe aujourd’hui, autour de huit architectes associés, une équipe d’une centaine de personnes. Cette agence a mené de nombreux projets d’urbanisme, d’architecture et d’architecture intérieure: logements, équipements institutionnels comme le Parlement de Strasbourg, sportifs et commerciaux comme le centre commercial Continent à Pékin, culturels comme l’Institut du monde arabe à Paris avec, entre autres, Jean Nouvel ou la Maison des arts et des lettres à Athènes, des bâtiments d’enseignement comme l’école des Beaux-arts et d’Architecture de la Réunion. L’agence est aussi lauréate du projet architectural pour l’Exposition universelle de 2010 à Shangaï.
En 1963 le général de Gaulle inaugurait en grande pompe le bâtiment. Il saluait dans cette architecture -futuriste et déconcertante à l’époque- «le mariage réussi de l’art et de la technique». L’édifice, construit par Henry Bernard (grand prix de Rome en 1938), a été équipé d’abris antiatomiques, et doté des avancées techniques les plus modernes de l’époque, concernant le système de climatisation géothermique, l’isolation phonique, les revêtements en aluminium, la suspension du vitrage du hall dont les parois de verre de 12 mètres de haut furent longtemps les plus hautes du monde. La décoration fut confiée à des artistes contemporains de renom comme Pierre Soulages (peinture ), tapisserie Alfred Manessier (tapisserie), ou Jean Bazaine (mosaïques).
En envisageant des travaux quelque quarante ans plus tard, le comité de sélection tenait à ce que l’esprit d’origine ne soit pas trahi tout en trouvant des prolongements aux ambitions initiales. Monument emblématique de la modernité dans les années 60, il doit relever le défi d’être désormais un monument «digne du XXIe siècle» aux allures futuristes. Vivement intéressée par le côté prestigieux et ambitieux du projet, la communauté européenne a réagi massivement. Le comité de sélection (composé de huit membres de Radio France -dont le président Jean-Paul Cluzel, et deux représentants du personnel- et de treize personnalités extérieures -dont six architectes-) a étudié dans un premier temps 35 dossiers de candidatures avant de sélectionner les équipes de maîtrise d’œuvre retenues à concourir.
par Dominique Raizon
Article publié le 20/04/2005 Dernière mise à jour le 20/04/2005 à 15:16 TU