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Togo

Pas encore de résultats mais déjà un gouvernement «d’union nationale»

Les Togolais attendent le résultat de l’élection présidentielle.(Photo : AFP)
Les Togolais attendent le résultat de l’élection présidentielle.
(Photo : AFP)
C’est ce mardi que les résultats de l’élection présidentielle au Togo pourraient être annoncés. Lundi soir, Faure Gnassingbé, le candidat du pouvoir, et Gilchrist Olympio, le leader historique de l’opposition, se sont rendus au Nigeria pour y rencontrer Olussegun Obasanjo, le président en exercice de l’Union africaine.

Le sort de l’élection présidentielle se joue entre le Togo où les bulletins sont dépouillés après le scrutin présidentiel de dimanche et le Nigeria où les deux principaux chefs de file du pouvoir d’une part, et de l’opposition d’autre part, ont été reçus lundi par Olusegun Obasanjo. Le chef de l’Etat nigerian, président en exercice de l’Union africaine a réuni Faure Gnassingbé et Gilchrist Olympio. A la sortie des discussions lundi soir, les trois hommes ont annoncé que quel que soit le résultat de l’élection présidentielle de dimanche, le Togo sera doté d’un « gouvernement d’union nationale ». Olusegun Obasanjo a expliqué ce choix : « En gardant à l’esprit que lors des 38 dernières années le gouvernement était incarné par une seule personne, nous avons décidé que celui qui remportera cette élection, quel qu’il soit, formera un gouvernement d’union nationale ». Le président de l'Union africaine a ajouté que les deux leaders togolais étaient d'accord pour que la Constitution soit modifiée « pour satisfaire à ce que nous appelons la démocratie, les droits humains fondamentaux, la participation populaire et le règne de la loi ».

Cette première rencontre entre le fils du général Eyadéma et le fils du premier président du Togo, Sylvanus Olympio (tué en 1963 lors d'un coup d'Etat mené par le propre père de Faure Gnassingbé) a donné lieu à une image symbole: les deux hommes se sont donné l'accolade. « Ce que je veux, c'est travailler avec tout le monde », a lancé Faure Gnassingbé. « Maintenant, il y a une petite ouverture que nous voulons exploiter », a répondu Gilchrist Olympio, qui dirige l'Union des forces du changement (UFC), « nous l'appelons transition, parce que nous allons traverser une période difficile qui va introduire les règles démocratiques, les règles de la loi et du respect des droits de l'Homme ».

Au Togo, ce lundi avait des airs de dimanche dans les rues de Lomé tant l’activité y était réduite. Magasins, banques, écoles sont restés fermés et les rues désertes dans l’attente de l’annonce des résultats du scrutin présidentiel de dimanche. Un calme sous tension toutefois puisque des affrontements ont été signalés notamment dans le quartier de Bé, fief de l’opposition, faisant au moins 10 blessés. En plusieurs endroits des pneus ont été enflammés tandis que des véhicules des forces de l’ordre sillonnaient les artères de la ville et que des témoins signalaient l’explosion de grenades lacrymogènes et de grenades assourdissantes.

Pour l’ONU, l’Union africaine et la France le scrutin est globalement satisfaisant

Dimanche soir, des affrontements avaient déjà fait des victimes immédiatement après la fermeture des bureaux de vote dans un climat marqué par les accusations de fraude que se sont mutuellement adressés les partisans du pouvoir et ceux de l’opposition. Des urnes ont même été brûlées dans certains bureaux de vote de la capitale a constaté l’envoyé spécial de RFI. Les affrontements de dimanche ont fait un mort, selon le ministre de l’Intérieur qui déclare que « des inconnus ont tiré sur des personnes » dans un bureau de vote proche de l’aéroport. Des sources diplomatiques faisaient pour leur part état de 3 morts par balles au cours de la journée de dimanche.

Malgré les nombreuses irrégularités constatées, notamment par les journalistes présents sur place, des voix se sont immédiatement élevées pour saluer la bonne tenue d’ensemble des opérations de vote. Dès dimanche, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan avait salué « la manière pacifique et ordonnée dont les Togolais ont participé en nombre » à l'élection. L'envoyé spécial de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) au Togo, Boukar Mai Manga, s'est dit « satisfait » de la tenue du scrutin, sans pouvoir se prononcer sur des irrégularités.

Le chef de la diplomatie française, Michel Barnier parle de « conditions globalement satisfaisantes malgré un certain nombre d’incidents » et souligne que ce « succès » reste à confirmer lors du dépouillement. Pour sa part le Parti socialiste français en appelle à l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle dénonçant « un processus électoral suspect quant à son déroulement et, encore plus, quant à son résultat ».


par Philippe  Couve

Article publié le 25/04/2005 Dernière mise à jour le 27/04/2005 à 16:06 TU