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Etats-Unis

Bush veut éviter la panne

Le président Bush, lors de sa conférence du 28 avril 2005.(Photo : AFP)
Le président Bush, lors de sa conférence du 28 avril 2005.
(Photo : AFP)
Confronté à une baisse de popularité liée à la hausse du coût de l’énergie, le président Bush propose une série de mesures, comme la création de nouvelles raffineries sur des sites militaires désaffectés et une aide pour la construction de nouvelles centrales nucléaires.

De notre correspondant à New York

C’est la réponse du président au prince. Lundi, le prince saoudien Abdallah était reçu à Crawford, dans le ranch texan de George W. Bush, qui lui a demandé de « s’assurer que les prix du pétrole sont raisonnables ». Réponse formulée par l’entourage du Prince : rien ne sert d’augmenter la production de brut saoudien, les prix élevés de l’essence viennent du nombre insuffisant de raffineries aux Etats-Unis. Qu’à cela ne tienne, le président Bush a promis de s’assurer que de nouvelles raffineries seront construites, notamment en proposant d’utiliser d’anciennes bases militaires désaffectées. Alors que la demande en essence augmente régulièrement, aucune nouvelle raffinerie n’a été construite depuis 1976, forçant les Etats-Unis à importer d’avantage de produits raffinés.

Pour la première conférence de presse de son second mandat en prime time, le président américain a réservé jeudi soir ses premières déclarations à l’épineuse question de l’énergie. « Des millions de familles américaines et de petites entreprises souffrent des prix plus élevés de l’essence. Mon administration fait tout ce qu’elle peu pour rendre l’essence meilleur marché », a-t-il promis. Sa côte de popularité, aux alentours de 47% d’opinions favorables, est au plus bas de sa présidence, en grande partie à cause de cette question.

En 10 ans, la consommation a augmenté 40 fois plus vite que la production

D’où un certain dépit. « Si je le pouvais, je le ferais », a répondu George Bush à un soldat qui lui demandait pourquoi il ne faisait pas baisser les prix de l’essence. Malgré les appels de sirènes du Congrès, l’administration Bush refuse pour l’instant de puiser dans les réserves stratégiques de pétrole. A court terme, le président a promis d’encourager les pays pétroliers à augmenter leur production. Il a promis également de lutter contre l’inflation à la pompe. Mais « nous devons nous attaquer aux racines du problème », a-t-il expliqué.

Au cours de la dernière décennie, la consommation d’énergie a augmenté aux Etats-Unis quarante fois plus vite que la production, des importations massives d’énergie comblant la différence. « Nous devons d’abord utiliser des technologies qui économisent d’avantage d’énergie », a affirmé George Bush. « Nous devons trouver des façons innovatrices de faire au mieux avec nos ressources énergétiques existantes, y compris le pétrole, le gaz naturel, le charbon, une énergie nucléaire propre et sûre, tout en respectant l’environnement ». Il a notamment proposé des baisses d’impôts sur les voitures hybrides (électricité/essence) et sur les diesels propres. Troisième idée : développer de nouvelles sources d’énergies prometteuses, comme l’hydrogène, l’éthanol et le biodiesel. Quatrième proposition : aider des pays comme la Chine et l’Inde à consommer moins d’énergies fossiles, pour calmer la demande mondiale.

La France citée en exemple… pour le nucléaire

Face aux demandes pressantes, le président répète à l’envi que « ce pays n’a pas eu de politique énergétique et cela prendra du temps pour devenir moins dépendant des sources d’énergie étrangères. » Son projet est bloqué depuis des mois au Congrès en raison d’une proposition controversée d’effectuer des forages en Alaska, dans une zone préservée jusqu’à lors. L’une des propositions du président américain est de créer de nouveaux terminaux permettant de recevoir du gaz naturel liquide. Ils n’existe actuellement que cinq terminaux équipés pour cela aux Etats-Unis.

George Bush fait aussi de l’énergie nucléaire une pièce maîtresse de son dispositif. « Un avenir énergétique plus sûr aux Etats-Unis doit inclure plus de nucléaire », a-t-il affirmé, rappelant que « le nucléaire fournit environ 20 % de l'électricité aux Etats-Unis sans pollution atmosphérique ni émission de gaz à effet de serre ». Fait rare, George Bush a même cité la France en exemple. « L'Amérique n'a construit aucune centrale nucléaire depuis les années 1970. Dans le même temps, la France a au contraire fabriqué 58 réacteurs et aujourd'hui plus de 78 % de l'électricité en France vient de centrales nucléaires sûres et propres. Il est temps pour l'Amérique d'en construire à nouveau », a-t-il expliqué devant l'Association des petites et moyennes entreprises. C'est « l'une des sources d'énergie les plus sûres et les plus propres au monde, et il nous en faut plus ici aux Etats-Unis », a-t-il insisté.

Le département de l’Energie va tenter de faire passer au Congrès une loi permettant à l’Etat d’assurer une partie des coûts des assurances pour protéger les constructeurs de centrales nucléaires de retards imprévisibles dans la fabrication de leurs centrales. Mais l’industrie a également besoin de la réforme de procédures jugées trop complexes pour l’octroi de permis et d’un site centralisé de traitement des déchets radioactifs.


par Philippe  Bolopion

Article publié le 29/04/2005 Dernière mise à jour le 29/04/2005 à 11:59 TU