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Togo

La délégation européenne dénonce des «fraudes massives»

Dès la fermeture des bureaux de vote, des scènes de violence ont éclaté dans les rues de Lomé. (Photo : AFP)
Dès la fermeture des bureaux de vote, des scènes de violence ont éclaté dans les rues de Lomé.
(Photo : AFP)
Cinq notes confidentielles rédigées par la délégation de la commission européenne au Togo ont été publiées sur Internet, sur le site diastode de la diaspora togolaise. RFI a pu les authentifier auprès de sources diplomatiques.

Ces notes confidentielles, destinées à Bruxelles notamment, ont été rédigées au lendemain du scrutin. La délégation y fait part de ses observations quotidiennes. La première a été rédigée au lendemain de la proclamation par la Commission électorale nationale indépendante (la Ceni), le 26 avril, des résultats provisoires du scrutin. La délégation y consigne ses analyses quant aux listes électorales ainsi que les observations conduites par des missions diplomatiques et du PNUD à Lomé et dans en province. Ces observations ont été, selon elle, «certes menées à petite échelle mais elles sont fiables». Leur constat est sans appel et bien différentes des conclusions de la mission d'observation de la CEDEAO qui a indiqué que le «scrutin a globalement répondu aux critères et principes usuellement admis en matière d’élection».

La délégation européenne décrit dans ses notes de nombreuses irrégularités qui conduisent à renforcer «les présomptions de fraude massive» lors de l'élection présidentielle togolaise.

«Atteintes aux libertés et aux droits de l’Homme»

Concernant les listes électorales, la délégation européenne dénombre 900 000 électeurs présumés fictifs sur un total de trois millions et demi... Dans les régions réputées favorables au parti au pouvoir, il y aurait 75 % d'inscrits en plus... «Fait troublant», poursuit le texte, «c’est dans ces zones que le taux de participation est exceptionnellement élevé» (plus de 80 % de votants), que le score de Faure Gnassimbé est tout aussi «exceptionnellement élevé» (entre 75 et 95 % des suffrages).

A contrario, sur Lomé zone favorable à l’opposition, «390 000 électeurs inscrits n’ont pas voté ou n’ont pas pu voter», faute notamment de cartes d'électeurs, remarque la délégation qui enfonce encore le clou : ses observations le jour du scrutin ont conduit à mettre à jour un «système semble-t-il généralisé de faux bulletins pré-imprimés en faveur du candidat Faure Gnassingbé»... La délégation parle aussi de nombreux cas d’enlèvement d’urnes par les militaires au moment du dépouillement.

A propos des violences qui ont éclaté après la proclamation des résultats provisoires, la délégation européenne pointe des «atteintes aux libertés publiques et aux droits de l’Homme».

À noter enfin cette petite phrase : «Les États-Unis comme la Commission européenne, contrairement à la France, estiment que l’élection du 24 avril et la victoire de Faure Gnassingbé s’est tenue dans des conditions contestables fort éloignées du chemin de la réconciliation nationale».


par Carine  Frenk

Article publié le 06/05/2005 Dernière mise à jour le 06/05/2005 à 12:22 TU

Lire le document sur le site diastode