Eglise catholique
Canonisation expresse pour Jean-Paul II
(Photo: AFP)
« Santo subito ! », pouvait-on lire sur des calicots déployés place Saint-Pierre, le jour des funérailles de jean-Paul II. « Saint, tout de suite ! ». Cette revendication, dit-on, avait agacé nombre de cardinaux n’appréciant pas d’être ainsi soumis à la pression populaire, même si elle semblait bien organisée, pour canoniser le pape défunt dans des délais inférieurs à ce que prévoit le droit canon.
En effet, pour être considéré comme saint par l’Église, il faut remplir un certain nombre de conditions. La première oblige à attendre cinq ans après le décès de l’intéressé avant d’ouvrir le procès en béatification qui, s’il aboutit favorablement, en fera un bienheureux, étape obligée pour ouvrir le procès en canonisation à l’issue duquel le bienheureux peut être promu saint aux yeux de l’Église catholique.
Ce délai, Jean-Paul II s’en était déjà affranchi en précipitant l’ouverture du procès en béatification de Mère Teresa, dont il était très proche. Manifestement, Benoît XVI s’appuie sur ce précédent pour en faire autant à l’égard de Jean-Paul II.
« Ses miracles ne manquent pas »
Parmi les autres conditions, il y a la nécessité de pouvoir établir la réalité de miracles, attestés par l’Église catholique lors d’examens contradictoires. Mais la discussion des théologiens sur la question a toute chance d’être influencée par les déclarations péremptoires de personnalités du Vatican telles que le cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, préfet de la congrégation pour le clergé, qui a publiquement déclaré le 11 mai dernier : « ses miracles ne manquent pas, il en a déjà réalisé de son vivant ». Son ancien secrétaire particulier, l’archevêque polonais Stanislas Dziwisz, avait également soutenu qu’en 2002, un Américain souffrant d’une tumeur au cerveau avait été guéri après avoir reçu la communion des mains du pape. Quant à l’actuel pape, alors qu’il n’était encore que doyen du Sacré-Collège en tant que cardinal Ratzinger, il avait fortement laissé entendre lors de la messe célébrée pour l’enterrement de Jean-Paul II que ce dernier les observait du Paradis.
Autant dire que, lors de ce procès en béatification, l’avocat du diable, qui selon le droit canon, est chargé de trouver tous les arguments permettant de s’opposer à la béatification ou à la canonisation, risque d’avoir la tâche bien difficile.
par Olivier Da Lage
Article publié le 13/05/2005 Dernière mise à jour le 13/05/2005 à 16:09 TU