Soudan
Darfour : vers la relance des négociations ?
Photo : Olivier Rogez/RFI
Cela fait cinq mois que les négociations sur le Darfour sont enlisées. La dernière session qui a eu lieu en décembre dernier, du 11 au 21, devait permettre de finaliser une déclaration de principe servant de fondation à la suite d’un règlement politique. Les discussions avaient en fait tourné court suite à une opération militaire lancée par le gouvernement soudanais. Les autorités disaient chercher à lever des barrages routiers établis par le Mouvement de libération du Soudan (MLS) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE). Les rebelles ont répondu suspendant leur participation aux négociations.
Plusieurs initiatives ont tenté depuis lors de relancer le dialogue. Lors de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA (l’Union africaine) à Abuja, fin janvier un comité de chefs d’Etat chargé de soutenir les efforts du président en exercice de l’UA, le Nigérian Olusegun Obasanjo, a été créé. Un comité composé du Tchad, de l’Egypte, du Gabon, de la Libye, du Nigeria et de la commission de l’UA. La conférence a appelé les parties à reprendre les négociations sans condition préalable. Le 16 février dernier, plusieurs hauts responsables africains se sont également réunis à N’Djamena, et ont décidé de poursuivre une stratégie en deux volets : l’envoi sur le terrain d’une équipe chargée de vérifier les positions des belligérants, et la proposition aux parties d’un projet d’accord cadre.
Les rebelles prêts à s'asseoir à la table de négociations
L’équipe de l’Union africaine vient d’arriver à Khartoum, et doit maintenant se rendre dans le Darfour. A deux reprises, les rebelles ont également indiqué ces derniers jours qu'ils étaient prêts à revenir autour de la table. Ils l'ont fait à Tripoli, lors d’une rencontre avec le leader libyen Muhammar Kadhafi. Puis la semaine dernière à Rome, après une médiation de la communauté religieuse Sant'Egidio. «Nous nous engageons solennellement, sans condition préalable, à reprendre aussi vite que possible les négociations d’Abuja sous les auspices de l’Union africaine», ont annoncé les deux mouvements dans une déclaration commune.
La rencontre des chefs d'Etat de Tripoli doit permettre de consolider cette relance. Sont attendus tous les chefs d’Etat qui ont été associés à la crise ou à son règlement : les présidents du Soudan, du Nigeria, de l'Egypte, du Tchad, de l'Erythrée et du Gabon (même si ce matin, la venue du président Bongo n'était pas encore certaine). Des délégations de l’Union africaine et de la Ligue arabe sont également annoncées. L'ordre du jour est assez général : comment trouver une solution à la crise du Darfour et faire avancer les pourparlers de paix. Les deux mouvements rebelles n'ont pas été officiellement invités, mais ils sont à Tripoli, et se tiennent prêts à rencontrer les dirigeants si ceux-ci le souhaitent.
Le MJE et le MLS disent qu'ils seront particulièrement vigilants sur l'un des points qui doit être abordé pendant la conférence : les chefs d'Etat ont prévu de débattre de la résolution de l'ONU qui demande la comparution de Soudanais accusés de crimes de guerre
par Laurent Correau
Article publié le 16/05/2005 Dernière mise à jour le 16/05/2005 à 18:42 TU