Internet
Une fraude aux faux chèques de banque
(Photo: AFP)
Les fraudes sont courantes sur Internet. Mais c’est sans doute l’une des premières fois qu’une escroquerie concerne des faux chèques de banque. Cette fois, elle concerne essentiellement des internautes qui ont mis en vente des biens sur des sites d’enchères en ligne. Comment les escrocs s’y sont-il pris ? Un particulier vend un bien sur Internet. Une fois l’affaire conclue, il reçoit de l’acheteur (en fait l’escroc) un chèque à encaisser émis par un établissement européen bien réel (Allied Irish Bank, AIB) avec pour caution le Crédit Commercial de France (CCF). Surprise, le montant du chèque est supérieur au prix convenu. L’acheteur basé à l’étranger explique alors que la différence doit servir au vendeur à régler les fais d’expédition de l’objet.
Après réception, le vendeur envoie le chèque à sa banque qui l’encaisse et crédite son compte. Peu de temps après, la banque s’aperçoit alors que le chèque est faux et le rejette. Mais le temps que la banque s’en aperçoive, l’internaute-victime a fait parvenir les frais d’expédition au transporteur (en fait l’escroc) par virement international via Western Union. Résultat: le vendeur garde certes son bien, mais il a perdu plusieurs milliers d’euros, la somme transférée au compte du pseudo-transporteur.
Un faux chèque d’une vraie banqueCette escroquerie a touché principalement des internautes français. Ils sont plusieurs centaines peut-être des milliers à avoir été victimes de cette fraude en vendant des biens sur Internet: voiture, moto, instrument de musique. Le préjudice est en moyenne de 3 500 euros par affaire. La première plainte a été déposée en septembre 2004, mais le trafic prospère au fil des mois malgré les alertes. Jeudi 19 mai, Serge Maître, le secrétaire général de l'Association française des usagers des banques (Afub) estime, pour sa part, que «cette fraude qui sévit depuis près d’un an en France, a conduit pour l’heure au dépôt de 250 plaintes mais pourrait toucher jusqu’à 30 000 personnes».
La menace est prise très au sérieux par l’Afub qui a décidé aujourd’hui de mettre en garde les internautes sur les sites de petites annonces et de vente en ligne. L’Afub a en outre signalé la responsabilité des banques: «elles ne font pas correctement leur travail en créditant le compte des victimes sans vérifier la validité des chèques». Pour sa part, le Crédit Commercial de France a joué la carte de la prévention. Il a en effet adressé deux mises en garde, l’une en août 2004, l’autre en septembre de la même année à destination des autres banques françaises pour les prévenir de la circulation de ces faux chèques de banque AIB domiciliés au CCF. Une alerte relayée en janvier 2005 par la Fédération bancaire française à l’ensemble de ses membres.
Ce n’est pas l’avis du secrétaire de l’Afub qui estime que «le CCF aurait du prévenir également les internautes comme l’avait fait la Société Générale lorsqu’elle avait été confrontée à des escroqueries en ligne». En 2004, la Société Générale avaient choisi d’avertir ses clients-utilisateurs de services en ligne sur des fraudes bancaires, le phishing, qui consiste à récupérer à l’insu de l’internaute des données sensibles (identifiant, mot de passe) par le biais du courrier électronique ou de faux sites web.
Des actions en justice sont actuellement en cours. Mais comme dans le cas des sociétés fictives ou des placements financiers bidons sur Internet, la difficulté est de retrouver les auteurs qui agissent souvent de pays étrangers. Pour l’heure, 95% de la fraude dans cette affaire de faux chèques de banque a été menée depuis le Nigeria.
par Myriam Berber
Article publié le 20/05/2005 Dernière mise à jour le 20/05/2005 à 17:01 TU