France

Le philosophe Paul Ricoeur est mort

Portrait du philosophe français Paul Ricoeur, réalisé le 11 juin 2003 à la Fondation Singer-Polignac à Paris.
(Photo: AFP)

Le philosophe s'est éteint à l’âge de 92 ans dans la nuit de jeudi à vendredi, à son domicile, en banlieue parisienne. Paul Ricoeur était l'un des plus grands penseurs français, très apprécié en Allemagne et aux Etats-Unis, où il avait notamment enseigné.

«Philosopher en commun» : un pari relevé dans une trentaine d'ouvrages par un penseur qui, toute sa vie, tenta de concilier l'action à la réflexion. Né dans une famille protestante en 1913, orphelin très jeune, élevé par ses grands-parents, Paul Ricoeur est agrégé de philosophie en 1935. Captif durant 4 ans dans un camp de prisonnier, il découvre la philosophie de l'Allemand Karl Jaspers.  

En 1947, commence l'aventure de la revue Esprit, avec son grand ami, le philosophe chrétien Emmanuel Mounier. Ricoeur prend alors position contre la guerre d'Algérie. Nommé à la Sorbonne en 56, il choisit la toute nouvelle université de Nanterre, dix ans plus tard. Un choix qui lui vaut d'être en première ligne lors des événements de Mai 68, où il soutient les étudiants contestataires. Mais deux ans plus tard, c'est la rupture : doyen de l'université, il fait appel à la police. Les étudiants le molestent et le coiffent d'une poubelle.

Paul Ricoeur choisit alors l'exil : Louvain, Genève, Montréal et finalement Chicago où il poursuit son aventure intellectuelle, loin des débats révolutionnaires des marxistes en vogue dans les années 70. Penseur de «l'herméneutique», il s'inscrit dans la lignée des philosophes existentialistes chrétiens.

Pourfendeur de Lacan, admiré par Jacques Derrida et Emmanuel Lévinas, Paul Ricoeur laisse une oeuvre d'humaniste chrétien. «L'homme, écrivait-il, c'est la joie du Oui dans la tristesse du fini».

par David  Servenay

Article publié le 21/05/2005 Dernière mise à jour le 21/05/2005 à 12:19 TU