Proche-Orient
Bush adoube Mahmoud Abbas
(Photo : AFP)
De notre correspondant à New York
C’est la fin d’un boycott de cinq ans. Cinq années durant lesquelles le président Bush a refusé de rencontrer Yasser Arafat. Plus que les mots, c’est l’image même des présidents palestinien et américain parlant côte à côte dans le Rose Garden de la Maison Blanche qui symbolise le renouveau de l’attitude de Washington à l’égard de la question palestinienne. « Le président Abbas est un homme de courage », a affirmé le président Bush, ajoutant : « Nous nous tiendrons à vos côtés, Monsieur le Président, à l’heure où vous combattez la corruption, réformez les services de sécurité palestiniens et votre appareil judiciaire, et où vous ravivez votre économie ».
Le président américain a également promis 50 millions de dollars pour s’assurer que le « retrait de Gaza soit un succès ». L’argent devra servir à construire de nouveaux logements et de nouvelles infrastructures. Il sera déposé sur un compte spécial du ministère des Finances palestinien, sous le contrôle des Etats-Unis qui devront approuver des projets spécifiques. Etant donné la méfiance du Congrès américain à l’égard de l’Autorité palestinienne et de ses problèmes de corruption, la mesure est une marque de confiance de la Maison Blanche. «Un grand succès de l’histoire est à notre portée», a affirmé George Bush.
Tout en se félicitant de l’engagement américain, le président palestinien a fait passer un sentiment d’urgence. « Le temps devient notre pire ennemi, nous devrions mettre fin à ce conflit avant qu’il soit trop tard », a-t-il affirmé. Faisant valoir que la violence anti-israélienne a atteint son plus bas niveau en quatre ans, Mahmoud Abbas a « souligné que la démocratie ne peut pas prospérer sous l’occupation et en l’absence de liberté ». Il a dénoncé les constructions de colonies et d' «un mur sur (sa) terre, en particulier dans la région de Jérusalem», qui alimentent «la frustration et le désespoir» et sapent les projets du président Bush pour la démocratisation de la région.
Ton ferme à l’égard d’Israël
Au grand ravissement des observateurs palestiniens, le ton à l’égard d’Israël était plus ferme qu’à l’accoutumée. « Une solution de deux États viables doit assurer la continuité de la Cisjordanie et un état de territoires éclatés ne fonctionnera pas. Il doit aussi y avoir des liens substantiels entre la Cisjordanie et la bande de Gaza », a déclaré George Bush, qui a également mis l’État hébreu en garde contre la construction de nouvelles colonies. « Israël ne devrait entreprendre aucune activité qui contrevienne à ses obligations en vertu de la feuille de route (plan de paix), ou qui préjuge les négociations sur le statut final en ce qui concerne la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem. C’est pourquoi Israël doit retirer les avant-postes non autorisés et mettre un terme à l’expansion des colonies», a-t-il dit.
Il a également semblé revenir sur une lettre qu’il avait envoyée l’an dernier au Premier ministre israélien Ariel Sharon et dans laquelle il affirmait ne pas attendre de l’État israélien un retrait complet de Cisjordanie. Il a affirmé hier que « tout changements des lignes de l’armistice de 1949 doit faire l’objet d’un accord mutuel. » Quant au mur de sécurité, « il doit être une barrière de sécurité plus qu’une barrière politique et il devrait prendre en compte, en même temps que les nécessités sécuritaires, son impact sur les Palestiniens qui ne sont pas engagés dans des activités terroristes », a-t-il dit.
Dans le grand projet américain de « répandre la démocratie dans le monde », Mahmoud Abbas a obtenu ses étoiles de partenaire crédible. « Les Etats-Unis et la communauté internationale applaudissent votre rejet du terrorisme », a affirmé le président américain.
Alors que Mahmoud Abbas est menacé par l’émergence politique du Hamas, les autorités américaines tentent de le soutenir. « Le Hamas est un groupe terroriste, et ce n’est pas sans raison qu’il est sur la liste des groupes terroristes », a affirmé le président américain. Les autorités américaines souhaitent toujours que l’Autorité palestinienne fasse plus pour démanteler les groupes terroristes, mais elles le font d’autant plus discrètement que le président palestinien a choisi la voie de la coopération plus que celle de la confrontation avec le rival du Fatah, son parti. Signe concret du renouveau de l’engagement américain, la secrétaire d’État Condoleezza Rice se rendra à Jérusalem et Ramallah avant le retrait israélien de Gaza annoncé pour le mois d’août, pour négocier les conditions du retrait avec des dirigeants des deux camps. Evoquant « un moment d’espoir », le président Bush a promis : « nous ne resterons pas sans rien faire alors qu’une nouvelle génération grandit dans une atmosphère de violence et de désespoir sur la Terre Sainte ».
par Philippe Bolopion
Article publié le 27/05/2005 Dernière mise à jour le 10/08/2005 à 13:30 TU