Constitution européenne
Chirac et les partisans du oui sous pression
(Photo: AFP)
Une fois encore, Jacques Chirac sort très affaibli d’une consultation électorale qu’il a lui-même provoquée. Le chef de l’Etat a choisi la voie référendaire pour la ratification du traité établissant une constitution pour l’Union européenne. Le chef de l’Etat a tenté de peser de tout son poids en intervenant à plusieurs reprises durant les derniers jours de la campagne électorale. En bonne logique, il apparaît comme la principale victime du scrutin de dimanche. La réponse des électeurs français est sans ambiguïté : c’est non à environ 55%.
Immédiatement, dès l’annonce des premières estimations, plusieurs voix se sont élevées pour demander au chef de l’Etat de tirer les conclusions de ce désaveu. Jean-Marie Le Pen (Front national, extrême droite), Philippe de Villiers (droite souverainiste), Jean-Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg (socialistes partisans du non), Robert Hue (communiste) appellent Jacques Chirac à « démissionner » ou « se démettre » s’il ne tient pas compte du résultat du référendum.
Rivalité à droite
L’hypothèse d’une démission avait été écartée a priori par le chef de l’Etat avant même l’ouverture de la campagne électorale. Dans son allocution, dimanche soir, Jacques Chirac a « pris acte » de la « décision souveraine » des Français et il a indiqué qu’il avait entendu « les inquiétudes et les attentes » exprimées par les électeurs. Il annonce qu’il donnera, « dans les tout prochains jours », « une impulsion forte » à son action. Une phrase que les observateurs traduisent comme l’annonce d’un changement de Premier ministre.
Reste à savoir si le départ de Jean-Pierre Raffarin, dont la popularité est au plus bas, suffira à Jacques Chirac pour reprendre l’initiative. La question est entière d’autant que le chef de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy, a appelé à « un tournant majeur » avec la mise en œuvre d’un « programme d’action innovant et ambitieux ». Une ambition que le président de l’UMP (et principal rival de Jacques Chirac à droite) s’estime implicitement être le seul en mesure de porter.
Clarifications à prévoir à gauche
A gauche, les lendemains de référendum s’annoncent également chaotiques tant le principal parti de la gauche française est apparu divisé à l’occasion de la campagne électorale. Les sondages réalisés à la sortie des isoloirs indiquent en outre que les électeurs socialistes ont très largement voté non (à la différence des militants socialistes qui, eux, s’étaient prononcés à 58% pour le oui lors d’une consultation interne).
Dans les jours qui viennent, les socialistes vont devoir décider s’ils changent de leader et également s’il est opportun de former un « pôle de radicalité » regroupant l’aile gauche du PS, les communistes, l’extrême gauche et certains mouvements altermondialistes.
Les résultats du référendum ouvrent une situation de crise à droite comme à gauche sur l’échiquier politique français. Ils témoignent également d’une défiance de l’électorat vis-à-vis d’une grande partie des responsables politiques. Les semaines qui viennent devraient être celles des clarifications rendues indispensables par le non tonitruant qui est sorti des urnes.
par Philippe Couve
Article publié le 30/05/2005 Dernière mise à jour le 30/05/2005 à 14:44 TU