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France

Tensions intercommunautaires à Perpignan

Depuis une semaine, de vives tensions opposent Gitans et Maghrébins dans Perpignan. Les policiers déployés dans les quartiers touchés par les échauffourées ont été accueillis par des coups de feu.(Photo: AFP)
Depuis une semaine, de vives tensions opposent Gitans et Maghrébins dans Perpignan. Les policiers déployés dans les quartiers touchés par les échauffourées ont été accueillis par des coups de feu.
(Photo: AFP)
Après Mohamed Bey-Bachir, battu à mort il y a huit jours par un groupe de gitans, un Maghrébin de 37 ans a été tué par balles dimanche soir dans la ville de Perpignan, dans le sud de la France. Rien ne permet pour l’instant de déterminer l’identité du tueur. L'affaire a provoqué une vive tension entre les deux communautés gitane et maghrébine. Dimanche à l’annonce du second meurtre, des incidents qui ont éclaté entre jeunes en colère et forces de l'ordre, ont fait huit blessés. Trente-sept personnes sont placées en garde vue.

Un calme précaire règne lundi ans la ville de Perpignan après une nouvelle nuit d’extrême tension provoquée par le meurtre, le deuxième en une semaine, d’un Maghrébin. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’homme qui n’était pas connu des services de police, un Français d’origine marocaine, âgé de 43 ans, a été tué par quatre balles tirées depuis une voiture, dimanche soir peu après 19 heures, devant son domicile situé dans le quartier Saint-Mathieu. Le conducteur, armé d’une carabine, a arrêté sa voiture pour abattre sa victime avant de redémarrer en trombe. La victime n’était pas connue des services de police.

Ce meurtre, le deuxième en une semaine, a déclenché un phénomène de violence urbaine dans la soirée de dimanche dans le centre commerçant de la ville, le secteur de place Cassanyes, et dans plusieurs cités HLM en périphérie. A l’annonce du crime, une cinquantaine de jeunes Maghrébins qui s’étaient rassemblés dans le quartier Saint-Mathieu, le lieu du crime, se sont rendus dans la vieille ville de Perpignan, aux petites rues étroites pour en découdre avec les Gitans.

Un climat de guérilla

Aussitôt, des affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre qui sont intervenues pour séparer les deux communautés. Durant la soirée, des vitrines ont été brisées, du mobilier urbain détruit, des voitures brûlées et quelques coups de feu d’origine inconnue ont été tirés. Cette nouvelle nuit d’incidents a fait huit blessés dont trois graves, dans les deux communautés. Trente-sept personnes ont été interpellées et placées en garde vue.

La préfecture redoute le déclenchement de nouveaux incidents à tout moment dans la journée. Pour éviter tout nouveau débordement, près 500 policiers et gendarmes ont été déployés à Perpignan, pour soutenir les trois compagnies de CRS déjà sur place. Le directeur départemental de la sécurité publique, Henri Castets, a demandé aux jeunes en quête de justice, de l’aider à maintenir le calme. Il a également précisé que «rien dans le premier témoignage, émanant d’un voisin de la victime, ne permet d’identifier l’origine du tueur, gitan, maghrébin ou européen».

Cet événement intervient juste une semaine après le premier assassinat, dont a été victime Mohamed Bey-Bachir, un Franco-Algérien de 28 ans, battu à mort à coup de battes de fer par un groupe de gitans pour une histoire de tentative de vol de voiture. Peu avant hier, près de 5 000 personnes se sont rassemblées, dans les rues de Perpignan, pour participer à une marche de deuil en hommage au jeune Maghrébin tué le 22 mai dernier. Cette manifestation s’est déroulée dans une grande tension mais sans violence, à l’appel de la famille de Mohamed Bey-Bachir et d’un collectif de soutien.

Depuis une semaine, un climat de guérilla règne dans le quartier Saint-Jacques où cohabitent sans se mélanger les Gitans sédentarisés, installés à Perpignan depuis le XVe siècle et les Maghrébins arrivés dans les années 60. Le maire UMP de Perpignan, Jean-Paul Alduy, qui a parcouru lundi en fin de matinée les rues commerçantes saccagées au cours des échauffourées de la nuit a appelé au «dialogue» les différentes communautés de la ville.


par Myriam  Berber

Article publié le 30/05/2005 Dernière mise à jour le 30/05/2005 à 14:09 TU